Évidemment non à l'oléoduc Énergie Est
15 juillet 2016
Un sophisme qu'on pourrait croire sorti tout droit d'un "Think Tank" néolibéral.
Le document auquel vous faites allusion n'expose qu'un seul point de vue, celui de ce collectif d'auteurs, et leurs conclusions vont toutes dans le même sens, celui du plus de pétrole, toujours plus de pétrole.
Le collectif n'endosse en aucun moment la politique de développement d'énergies renouvelables comme si ce n'était même pas au programme. Ils déforment même le sens de développement durable pour servir leur rhétorique. Il s'agit pourtant de la politique officielle du Québec. Voyons quelques passages.
« D'ailleurs, bien que très ambitieuse dans ses objectifs de développement d'énergies renouvelables, la politique énergétique récemment déposée par le gouvernement du Québec reconnaît qu'en 2030, 40 % de nos besoins énergétiques proviendront encore des hydrocarbures. »
Par cet argument, ils n'admettent pas que ce 40% sera une baisse considérable par rapport à la situation actuelle alors que nous savons tous que le changement se fera sur une plus longue durée. Ils omettent surtout de préciser qu'il nous sera encore plus difficile de nous défaire du pétrole si l'industrie des hydrocarbures peut compter sur Énergie Est pour se développer, ce qui nous enfoncera encore davantage dans son exploitation galopante.
Il faut bien comprendre que plus l'industrie canadienne de l'extraction bitumineuse se développera, plus il nous sera difficile d'en sortir pour atteindre nos objectifs de développement d'énergies renouvelables. Comme je disais ailleurs, on risque gros que cette industrie soit alors devenue "Too big to fail", l'économie canadienne en étant complètement dépendante.
Ils nous disent aussi « Nous continuerons donc à consommer du pétrole, que ce soit pour notre transport ou pour la conception et l'usage quotidien de tous les autres produits dérivés des hydrocarbures, comme le plastique. » Or c'est précisément ce que notre société s'est engagée à modifier et ce, le plus tôt possible. Il est curieux que parmi les auteurs il ne s'en trouve pas un pour imaginer qu'on devra être créatif afin de proposer de véritables solutions alternatives.
Mais encore, « En tant que société, nous devons faire preuve de réalisme et de pragmatisme par rapport à cette situation. C'est dans ce contexte que doit être analysée la pertinence de la réalisation du projet Énergie Est. »
Le "réalisme" auquel ils font allusion n'est-il pas plutôt l'illusion d'une croissance illimitée sur une planète dont les ressources sont limitées et le deviendront plus encore? C'est plutôt une décroissance organisée dans un environnement durable qu'il nous faut réaliser si nous voulons assurer à nos enfants une véritable chance de survie sur une planète qui prend de plus en plus des allures de marécage invivable.