L'Art de la persuasion en 2008
9 août 2008
Monsieur Deshaies donne à son rôle un poids incroyable. La disproportion entre l'enseignement académique, enfin ce didactisme, nommez ça comme vous voudrez, comme cause, et l'effet attendu est spectaculaire. J'en viens à croire que monsieur Deshaies est mystifié. Si on regarde la cause qui va produire la conscientisation politique (une qualité que monsieur Deshaies ne met pas en doute chez lui) on voit des énoncés sur les deux Canadas, des définitions comme l'indépendance "agir par soi collectif", des méditations sur des paroles révélées comme celles d'un correspondant mystérieux nommés Parfondor.
Le mot Académie ou Institut vient coiffer une mouvance souhaitée, dépassant la voie académique et que tout vrai indépendantiste devrait souhaiter. On voit quasiment l'académie comme la clef de voûte permettant à l'esprit enfin éclairé du militant de procéder à la fondation imaginaire de la société québécoise libre, prélude à sa fondation réelle. Monsieur Deshaies professant contre les mythes compensateurs, les conditions du saut révolutionnaire, il est bien aise de préparer la révolution des esprits. Libre aux malins de ne pas le comprendre.
N'importe. Cela permet à monsieur Deshaies de dénoncer la faille pédagogique essentielle et de répéter plusieurs fois par année: A qui la faute? Monsieur Deshaies lie son projet éthéré d'académie à son sentiment hallucinatoire d'expansion du mouvement indépendantiste, l'un étant la précondition de l'autre.
Monsieur Deshaies file d'un terme à l'autre de son équation et il dénonce les simplifications des esprits moins avertis. Il connaît les conditions historiques dit-il. Oui, il est homme de métier qui apporte à sa grammaire indépendantiste des méditations sur les conditions de l'action propre qui ne se situe pas dans le deuxième Canada. Et on se demande avec angoisse quelle lumière on pourra tirer de ces facilités nouvelles nées de son didactisme fécond. En tout cas, il nous l'assure: Bien suivi, ça mènera loin.
Entre-temps, est-ce que ça passerait au moins comme chaire universitaire en sciences po ce précieux enseignement? Le test de la réalité... Ne serait pas mieux de commencer dans un milieu circonscrit et approprié aux essais? À moins que monsieur Deshaies aime mieux continuer de lier son projet à son idéal de surpuissance.
Monsieur Deshaies dénonce la légitimité québécoise dans le Canada. Il désavoue l'affirmation québécoise intra-systémique. N'affirmons rien. Traquons le bébé lune plutôt en incorporant les rudiments du beau langage indépendantiste. Dans une chronique Parfondor va lui révéler qu'une fonction inutilisée décrépira si elle reste inutilisée mais lui, il construit les fonctions de la société fantôme, celle qui naît des esprits révolutionnaires bien fait sous les auspices d'un enseignement enfin libéré des impuretés conceptuelles.
Déjà propulsé hors du sol canadien, sa société québécoise libérée, on la voit marcher au plafond, chez lui.
Il enseigne qu'une législature provinciale reste une législature provinciale. Et il dit qu'il faut apprendre aux gens que c'est inadmissible, accroître la frustration, dans l'enceinte du reconditionnement intellectuel. Le décalage s'accentuera entre l'état de fait actuel inadmissible et l'esprit collectif enfin convenablement préparé sous les auspices des indépendantistes (dont l'intellect aura été rectifié par rapport aux impuretés des enseignements actuels).
Le champ de l'action politique ce sera l'atelier, l'usine, avant ou après le 5 à 7, monsieur Deshaies voyant se répandre son action académique en cercles concentriques. Vraiment on appréciera le sens des conditions historiques de monsieur Deshaies et les amples volets qu'il rattache à son plan d'action à préférer à tous les autres.