PI: halte là!
15 avril 2008
La critique de M. Frappier me semble prometteuse. En effet, imaginons qu'au lieu de déclarer automatiquement l'indépendance une fois au pouvoir, le PI s'engage à obtenir l'assentiment de partis s'étant déclaré indépendantistes avant les élections et représentant ensemble au moins 55 % des votes exprimés aux élections (cette majorité qualifiée ayant pour but de donner aux élections une grande légitimité comme moyen de parvenir à l'indépendance).
À défaut d'obtenir cet assentiment, il s'engagerait à tenir un référendum dans les plus brefs délais. En cas de vote défavorable lors du référendum, le PI s'engagerait à déclencher de nouveau des élections générales. Autrement dit, les électeurs seraient tenus de trancher une fois pour toutes et de cesser de vouloir un Québec souverain dans un Canada uni.
La pression serait alors énorme sur le PQ, sur Québec solidaire et même sur les députés favorables à l'indépendance du Québec à l'ADQ et au PLQ. Mais oui, vous avez bien lu; il y a des députés au PLQ qui, devant la possibilité concrète de réaliser l'indépendance du Québec à court terme, seraient heureux de sauter dans le bateau. Il y aurait des transfuges, qui ajouteraient au poids moral des partis indépendantistes (mais qui ne pourraient pas contribuer officiellement à l'atteinte de la proportion de 55 %).
Les députés, comme la population, attendent que le courant soit assez fort et le capitaine, assez déterminé, pour prendre le large. Le PI dirait ceci aux élus des autres partis: ou bien vous embarquez, ou bien c'est le référendum.
Imaginons la scène lorsqu'en campagne électorale, le chef du PQ se ferait demander s'il compte appuyer le PI pour déclarer l'indépendance du Québec sans référendum. Difficile de dire non sans se faire accuser de «d'obsession référendaire» ou, pire encore, de «fédéralisme souterrain».
N'oublions pas qu'au-delà de la volonté populaire, que l'on peut interpréter de diverses façons, même avec un référendum, la capacité de la nation québécoise d'accéder à son indépendance dépend de l'élection d'un gouvernement indépendantiste capable de tenir tête au régime fédéral et de faire respecter l'autorité de l'État québécois sur ton territoire. Devant la détermination d'un gouvernement indépendantiste fort de l'appui de plusieurs autres partis politiques, le Canada aurait le choix entre accepter ou s'opposer par la force. Ce deuxième choix n'en étant pas vraiment un pour un pays qui dit être un modèle de démocratie, il finirait par accepter assez rapidement.
J'ai l'impression qu'une fois l'ère Marois révolue, si le PI n'a pas encore étudié sérieusement l'idée de fédérer les partis indépendantistes, c'est le PQ qui le fera.