Les possibles et les limites de l'indépendance
30 décembre 2015
Les souverainistes doivent être vigilants. Au-delà des argumentaires des souverainistes, le Canada établit ses politiques en fonction de ses intérêts comme État central de la fédération avec tous les pouvoirs que lui accorde la constitution canadienne. Le Québec peut être considéré comme un gouvernement hostile sans distinction de partis politiques au pouvoir à Ottawa. Les souverainistes doivent mettre cette hypothèse dans leur analyse politique.
En ce sens, le point de vue de Gaston Carmichael est juste et réaliste. J'irai plus loin, la difficulté fondamentale des péquistes est de considérer que l'État du Québec est suffisamment "autonome" pour agir impunément à sa guise. La défense de l'indépendance du Québec va exiger beaucoup plus que des discours ronflants sur nos acquis (!) de la Révolution tranquille. Le Québec demeure toujours une nation annexée avec un demi-État (cf. NOTE). Pour sortir de l'annexion, le Québec doit quitter le Canada.
Le slogan "Nous irons plus loin" ne veut rien dire. Le vrai slogan doit être : "L'indépendance POLITIQUE d'abord." Que le parti québécois s'affiche clairement et qu'il nous le fasse comprendre.
NOTE
Le problème majeur de la pensée péquiste depuis la création du PQ consiste à occulter cette conclusion de l’évolution historique des Canadiens-Français et des Québécois-français d’aujourd’hui.
LEÇON XV : CRÉATION DU DOMINION OF CANADA 1864-1867
XVII ─ UNE NATION BRITANNIQUE AVEC UN ÉTAT COMPLET À L'ÉCHELON NATIONAL ET PROVINCIAL
L’union fédérale de 1867 n’est que l’union législative de 1841 améliorée : elle contribue à consolider la prépondérance britannique dans l’exercice des grands pouvoirs.
XVIII ─ UNE NATION CANADIENNE-FRANÇAISE, AVEC UN DEMI-ÉTAT PROVINCIAL
Les Canadiens-Français ne sont pas entrées dans l’union fédérale. Les Britanniques ont dû les faire tomber. Tombé dans l’annexion sous l’union législative de 1841, le Canada-Français, en 1867, remonte légèrement vers une annexion mieux délimitée dans une union fédérale de type très centralisé.
L’union fédérale de 1867 n’est que l’union législative de 1841 améliorée en ce qui concerne les concessions locales, provinciales, faites aux Canadiens-Français. En outre, la nation canadienne-française minoritaire ne possède qu’une emprise limitée sur un rouage provincial aux compétences restreintes et aux pouvoirs de taxation encore plus réduits à cause de la présence au cœur même du Québec des maîtres du Canada-Anglais.
Source : Maurice Séguin, Histoire de deux nationalismes au Canada, p. 388-389.