Les possibles et les limites de l'indépendance
28 décembre 2015
Doctrine d'État et doctrine politique
M Verrier, merci pour cette contribution, qui a le mérite de nous sortir du cadre habituel. Lequel limite le champs d'action a produire un argumentaire visant à convaincre une majorité de voter oui et le tour est joué. L'idéal démocratique faisant foi de tout. Méchante erreur.
L'erreur historique, qui mène au cul de sac actuel et au déclin de notre nation, fut d'avoir abandonné l'édification de l'État pour partir en quête d'un pays fantasmé, qu'on obtient après avoir gagné un concours d'art oratoire et compter des bouts de papier. Rapport de forces en présence, connais pas.
Cette démarche, inscrite dans le registre de l'idéal plutôt que dans le registre de la realpolitik, était exactement celle souhaitée par le fédéral :
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Jean Chrétien ( Dans la fosse aux lions, 1985 ) :
« Avec le recul, le référendum apparaît comme la plus grande erreur du Parti québécois. Jusque-là, sa stratégie avait été extrêmement efficace pour le Québec et extrêmement dangereuse pour le Canada. Claude Morin me l'avait décrite il y a longtemps : "Nous nous séparerons du Canada de la même manière que le Canada s'est séparé de l'Angleterre. Nous couperons les liens un par un, nous obtiendrons une petite concession ici, une petite concession là et, finalement, il ne restera plus rien." Dans un premier temps, c'est exactement ce que fit le gouvernement du Parti québécois. Il exigea de nouveaux pouvoirs, imposa sa présence internationale et, comme chaque demande paraissait raisonnable en elle-même et dans l'intérêt de la province, la population suivit. Avec le temps, le Québec serait devenu indépendant dans les faits et son indépendance juridique serait allée de soi. Mais le référendum cristallisa le débat et, en dépit de l'ambiguïté extrême de la question posée (le mot "indépendance" en avait été exclu), la population fut forcée de faire un choix. Elle dit Non à l'indépendance. »
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La mission de l'Institut de recherche sur l'indépendance sera de dégager des stratégies ayant pour objectif le changement de statut de l'État du Québec, de province à État souverain.
Son champs d'action ne devra pas se limiter à produire un argumentaire mais , porter beaucoup plus largement sur l'ensemble des considérations que supposent le changement de statut de notre État dans notre contexte.
Donc nécessairement un penser l'État en profondeur : doctrine d'État. Incontournable pour produire une doctrine politique cohérente, absente du projet souverainiste depuis le début. D'où le cul de sac actuel... et le déclin de notre nation.
Jean Claude Pomerleau