Puisque les souverainistes sont restés souverainistes, qu'ont-ils donc rejeté en votant NPD?
10 mai 2011
Je suis d'accord avec vous, monsieur Nantel. Cependant, je ne suis pas d'accord avec l'idée d'un troisième référendum.
De un, cette voie est devenue impraticable depuis l'imposition de la Loi sur la clarté. Bien que nous l'ayions déclarée nulle et non avenue par l'adoption d'une autre loi sur la prérogative du peuple québécois d'exercer, seul, son droit à l'autodétermination, la communauté internationale considère toujours légitime l'autorité fédérale sur la nation québécoise.
De deux, la simple évocation du mot "référendum" donne des boutons sur les fesses aux Québécois. Comment les blâmer après les deux échecs de 1980 et 1995, alors que les gouvernements québécois n'ont pas eu le courage de contester l'ingérence abusive du fédéral dans la balance après le dévoilement des résultats? Avec le recul, nous devons tous convenir que la stratégie étapiste de Claude Morin, adoptée par le Parti québécois depuis 1974 et défendue par ses chefs depuis lors bien davantage que l'objet de la consultation (l'indépendance du Québec), est vouée à l'échec. Nul besoin d'études universitaires pour comprendre que la situation ne cessera d'empirer dans le futur pour l'obtention des "conditions gagnantes" propices à la tenue de ce troisième référendum.
De trois, même les fédéralistes ont le mot "référendum" en aversion, Jean Charest lui-même pratiquant une certaine forme d'étapisme en parlant de "fruit pas encore mûr" pour la tenue de négociations constitutionnelles. Ils sont d'ailleurs assez malhonnêtes pour continuer à exiger la tenue d'un référendum gagnant (qu'ils savent parfaitement utopique) pour reconnaître l'obligation du Canada de négocier avec les souverainistes.
Tant que les enjeux des élections et de la réalisation de l'indépendance resteront séparés, nous n'en aurons pas fini avec ces analyses stériles et improductives. Puisque la prochaine échéance est l'élection provinciale québécoise et que tous conviendront que, de un, la réélection des libéraux sera catastrophique pour la réalisation éventuelle de l'indépendance et, de deux, que toute division du vote francophone favorisera cette réélection, il est impérieux de tenir des états généraux pour l'indépendance du Québec.
C'est là qu'il faudra, enfin, que les choses soient claires: si un vote pour le PQ ne redevient pas un vote pour l'indépendance, il faudra trouver un nouveau véhicule politique pour proposer l'indépendance comme programme électoral, et ce, à toute prochaine élection tant que l'objectif ne sera pas atteint. Sans un tel parti sur la scène québécoise, ne pensez même plus à la présence du Bloc à Ottawa, à part pour indiquer la non-légitimité de l'État canadien au Québec. Ce rôle à Ottawa ne peut qu'être temporaire, le Québec ne pouvant indéfiniment accepter d'être privé de disposer à sa guise des $50 milliards que nous envoyons chaque année à un gouvernement étranger et opposé à nos intérêts nationaux.
Nous avons déjà ce parti politique, reconnu par le DGEQ, qui place la réalisation de l'indépendance comme programme politique, le Parti indépendantiste. Son existence est occultée systématiquement par les médias nationaux et même les maisons de sondage, de sorte que son développement reste rachitique. Il cherche quand même à présenter des candidats dans chaque comté du Québec à la prochaine élection. Si le PQ refusait de s'amender lors de ces états généraux, investir massivement le PI constituerait la meilleure garantie de progression de l'option indépendantiste, tout en étant respectueuse de l'évolution de l'opinion publique générale du Québec. Les fédéralistes ne pourront considérer illégitime l'élection d'un gouvernement national constitué de 64 élus du PI par les Québécois, toutes les politiques canadiennes ayant été cautionnées par une simple majorité à la Chambre des communes, même avec un appui populaire en deça de 40%.