Le bilinguisme, c'est l'anglais
15 août 2008
À "O",
Mon boss m'a c... dehors du bureau à 15h40, je n'ai donc pu finir ma réponse aux gens qui attendent du PI rien de moins que de faire littéralement lever l'appui à l'indépendance du Québec par enchantement, et sans que ces mêmes gens n'aient à sortir de leur lazy-boy, cesser d'écouter leur iPod et sans avoir à sortir de sous de leurs poches. Comme si nous, la nation québécoise, étions exemptés d'efforts alors que nos adversaires consacrent des centaines de millions de (nos) $ annuellement pour faire échouer notre quête d'un pays vraiment à nous.
Vous savez très bien pourquoi si peu de Québécois veulent vraiment rompre avec le système qu'Ottawa (avec la collaboration tacite du PLQ de Jean Charest, du déni de l'ADQ de Mario Dumont et, plus grave encore depuis 1996, de celui du PQ en se délestant de plus en plus de son option au point d'en imposer aujourd'hui un moratoire) a érigé depuis le dernier référendum. Les médias ont détourné l'attention des Québécois ailleurs pendant que le PLC de Jean Chrétien accentuait davantage l'état de dépendance du Québec vis-à-vis "l'aide" d'Ottawa (pelletage du déficit fédéral sur le dos des provinces, coupures des transferts fédéraux, imposition de conditions au Québec pour sa contribution aux programmes sociaux, etc.). Les chroniqueurs politiques se sont ensuite complus à étaler au grand jour les effets délétères des politiques d'austérité qu'ont dû s'imposer les partis provinciaux au Québec, sans jamais nuancer cependant pour faire comprendre aux auditeurs ou lecteurs que les coupures de service ou la détérioration des infrastructures publiques sont conséquentes à cette centralisation incessante du pouvoir à Ottawa, les Québécois étant particulièrement désavantagés en devant continuer à financer (par leurs impôts fédéraux) des programmes auxquels ils ne tirent aucun bénéfice, sinon d'entrer en conflit avec ceux offerts par leur gouvernement provincial. Bien sûr, les chefs qui se sont succédés au PQ n'ont pas aidé leur cause en continuant tacitement à jouer le jeu de la politique provinciale dans ces conditions, mais les médias ont provoqué ainsi un désintérêt, une résignation, voire un écoeurement envers toute la classe politique, ce qui a conduit à un nivellement par le bas dans les appuis envers les partis politiques, aussi bien à Ottawa qu'à Québec, de là l'absence de démarcation entre ces partis dans les sondages et la formation de gouvernements minoritaires depuis 4 ans. Cette crise de confiance, cumulée à la précarité des finances publiques, a contribué à éloigner de la politique les personnes les plus aptes à nous diriger.
Également, la détérioration de la cellule familiale, la dénatalité, la société de consommation et les valeurs individualistes font en sorte de décourager les jeunes à s'impliquer socialement, la réforme de l'éducation (valorisant l'acquisition rapide d'un métier au détriment des connaissances générales, comme l'histoire, la géographie, les cultures et la maîtrise de la langue) ayant contribué à agraver la situation. Si les inégalités étaient criantes dans les années 1960-70 et avaient contribué à la montée de l'indépendantisme au Québec, l'aisance apparente de la société actuelle, l'individualisme à l'extrême et la mondialisation éloignent la jeunesse actuelle de nos racines. C'est pourquoi il est si difficile de recruter des membres en politique, encore plus pour un jeune parti comme le PI.
De l'autre côté, la minorité anglophone et les allophones intégrés à l'anglais ont toujours gain de cause avec le statu quo actuel. Le capital reste toujours aux mains d'intérêts anglo-saxons ou de mercenaires French-Canadian toujours prêts à collaborer avec leurs maîtres pour s'enrichir à nos dépens et il y aura toujours des allophones disposés à accepter de travailler dans des conditions de plus en plus précaires pour leur faire atteindre leur marge de profit. Si nos jeunes trouvent toujours plus cool d'écouter la musique anglaise et que les immigrants continuent à entrer à pleine porte et contourner ce qui reste de la Loi 101 pour intégrer les leurs à la langue de l'Amérique, qui restera-t-il pour faire notre indépendance?
Le Parti québécois a manifestement terminé sa durée de vie utile. Le réinvestir a déjà été tenté à plusieurs reprises, sans succès. Malgré les efforts de Jean-Claude St-André et des progressistes du SPQ Libre, Pauline Marois a réussi à anesthésier les membres au dernier Conseil national de mars et le PQ n'est plus qu'un autre inoffensif parti disposé à composer avec le régime imposé par l'oligarchie canadian. Les indépendantistes n'ont plus rien à perdre en se joignant au Parti indépendantiste. Le PQ, au fil des années depuis 1996, n'a cessé de se déprécier auprès des Québécois en refusant d'admettre ses erreurs, en continuant à présenter les responsables comme chef et en renonçant pathétiquement à ses idéaux pour la prise rapide d'un pouvoir illusoire. Une victoire du PQ ne ferait que procurer une fausse sécurité et de (nouveaux) faux espoirs alors qu'une nouvelle défaite (une 3e de suite, une situation sans précédent) forcerait le parti à se réveiller enfin ou disparaître.