Le Québec, le crucifix, et l'incapacité de se penser
26 mars 2019
Malheureusement, le terme « Canadien français » est un magma aussi flou et informe que ne l'est « Québécois ».
Vous semblez croire à la magie du vocabulaire : ce n'est pas en changeant notre définition nationale que nous changerons l'état concret de notre condition.
Le moteur de l'identité canadienne-français fut le catholicisime. Ce moteur s'est brisé par les forces combinées du personnalisme d'après-guerre, de l'américanisation de la culture et du Concile Vatican II. Un retour hypothétique massif à l'identité canadiennne française sans retour à la Foi révèlerait rapidement ses limites.
En abandonnant l'Église - où est-ce elle qui nous a abandonnés ? Voilà un épineux débat... - nous avons laissé derrière nous une partie importante de ce que nous fûmes.
Comme le rapporte Daniel D. Jacques dans La fatigue politique du Québec français, nous avons essayé de faire jouer à la culture québécoise le rôle central qu'avait tenu la religion catholique dans le ciment de notre identité nationale. C'est par ailleurs un phénomène qui s'est produit à peu près partout en Europe : la Culture remplaçant la Religion.
Vous qui considérez déjà les Québécois comme d'horribles Cajuns, ne voyez-vous pas que le fait de se renommer uniquement comme Canadiens français pourrait entraîner encore davantage notre folklorisation ?
À part un défaitisme systémique (il n'y aura ni hausse de la natalité, ni souveraineté, ni reconquête nationaliste) je ne saisis pas vraiment quelle est la nature de votre propos.