La démocratisation des religions
4 décembre 2007
Bonjour M. Perry,
Merci tout d’abord pour votre commentaire.
Lorsque le gallicanisme français faisait que les évêques devaient être sanctionnés par le Roi et donnait prédominance aux conciles français sur le pape, cela constituait à la fois une nationalisation et une démocratisation du pouvoir religieux. Admettons cependant qu’il y avait là une claire intention de contrôle politique. Mais il s’agit notamment d’un précédent important allant en ce sens. Pour moi, au XXIème siècle, je soutiens qu’une organisation religieuse, pour être reconnue comme telle et avoir ce statut par l’État, devrait se conformer à certaines règles de base, dont le principe démocratique. Remarquez que rien n’empêcherait l’Église catholique de continuer d’exister selon son principe monarchique, papiste, mais elle ne pourrait pas alors être reconnue comme une organisation religieuse par l’État (1). Il est vrai qu’il s’agit d’une intervention de l’État dans la sphère religieuse, mais la laïcité implique en réalité une suprématie du politique sur le religieux.
Il faut aussi savoir que les religions sont des organisations. Or, le gouvernement, de fait, reconnaît-il, dans le champ social, par exemple, des organisations incorporées qui ont un fonctionnement non-démocratique ? En terme de crédibilité, un syndicat avec une présidence à vie, ou une association quelconque qui exclurait de l’exercice des fonctions d’autorité une personne sur le fondement du sexe ou de la race, auraient-elles une légitimité sociétale ? La réponse est non, mais les organisations religieuses, elles, ont un tel statut. Je crois donc que l’État est en droit d’intervenir pour asseoir la prééminence de la démocratie. Il faut aussi se poser la question à savoir si une telle intervention de l’État dans la sphère religieuse, finalement, est justifiée, d’un point de vue pratique, et non du seul point de vue de l’application d’un principe, par ailleurs, pas si simple à cerner, celui de la séparation de l’État et de l’Église.
Bien cordialement,
David Litvak
1 : Cela pourrait, par ailleurs, mener à une remise en question au sein de l’Église. Comment réagira Rome face à cette prétention québécoise de soumettre la nomination des évêques au Québec à une sanction populaire ? Une acceptation de l’Église pourrait mener à un changement plus substantiel et intégral de la structure de l’Église catholique.