Le détourneur

23 novembre 2009


Bonjour,

Je tiens à vous faire remarquer que QS ne propose pas de remplacer notre mode de scrutin (majoritaire uninominal à un tour) par un mode de scrutin proportionnel, mais plutôt d'y inclure un élément de proportionnel.

Ce qui a été décidé au congrès d'orientation c'est qu'il y ait 40% des députés qui soient élus à la proportionnelle, pas un processus compensatoire : si un parti reçoit 20% du vote total, mais qu'il n'a que 15% des députés, cette différence sera compensée par les candidats sur une liste. Au final, le parti qui aura 20% des votes aura 20% des députés ; celui qui a 5% des votes en aura 5%.

En plus, il a été décidé que la distribution des candidats de liste se fera en fonction du vote des régions. En d'autres mots, si une région supporte très peu le Parti indépendantiste, par exemple, il y aura très peu de candidats de liste qui proviendront de cette région. Si une région supporte fortement le Parti vert, autre exemple, il y aura plusieurs candidats de liste qui proviendront de cette région. Voilà un excellent moyen pour assurer un poids minimal pour les régions.

De plus, il a aussi été décidé qu'une réforme de la carte électorale devrait prendre un peu plus en compte l'élément de territorialité que ce ne l'est présentement. En d'autres mots, si QS faisait une réforme de la carte électorale, ce parti s'assurerait que le poids des régions augmente, puis que les circonscriptions comme la Gaspésie ou la Côte-Nord soient plus petites et un peu plus nombreuses. Voilà un autre moyen visant à assurer un poids minimal, mais plus important, aux régions. C'est comme ça qu'on peut leur assurer une meilleure vivacité et respecter leur importance.

Et finalement, il ne faut pas oublier que Québec solidaire est présentement le seul parti à favoriser une décentralisation responsable des pouvoirs vers les régions. Ça c’est clairement la solution la plus cohérente pour aider ces milieux en difficulté, en leur donnant les ressources nécessaires pour leurs nouvelles compétences. Présentement, il y a un phénomène de décentralisation, mais des pouvoirs seulement : les régions se retrouvent sans ressources pour y répondre… QS est le seul parti à s’intéresser à ce problème bien concret.

Conclusion : sans vouloir juger les intentions de l'auteur, il me semble évident que la position de Québec solidaire y est très mal analysée. Il faudrait relire les discours des porte-parole, étudier les propositions dans la plate-forme électorale, prendre en compte les décisions qui ont été prises lors du congrès d'orientation, s’intéresser aux documents d’analyse disponibles sur le site du DGEQ, vérifier les résultats de la dernière commission parlementaire sur la réforme du mode de scrutin, s’intéresser à ce que défend le MDN depuis plusieurs années, etc.

Si une telle analyse était faite, il apparaîtrait : 1) que Québec solidaire propose un mode de scrutin mixte compensatoire, 2) que ce mode de scrutin est suggéré par le DGEQ, 3) que le Mouvement pour une démocratie nouvelle (MDN) soutient depuis très longtemps ce mode de scrutin, 4) que lors de la commission parlementaire sur la réforme du mode de scrutin la très grande majorité des participants ont supporté ce mode de scrutin, 5) qu'il assurait une place un peu plus importante aux régions, 6) qu'il serait bien plus favorable à une démocratie participative et citoyenne, puis 7) qu'il aiderait à réduire efficacement le cynisme politique au Québec, en faisant disparaître cet affreux discours sur le vote stratégique.

En plus, il ne faut pas oublier qu'au départ le Parti québécois favorisait lui aussi l'introduction d'éléments de proportionnelle dans notre mode de scrutin. Cette réforme pro-démocratie a été plus ou moins abandonnée lorsque les dirigeants du PQ se sont rendus compte qu'ils pouvaient profiter du mode de scrutin actuel... L'Action démocratique du Québec (ADQ) a aussi supporté une telle réforme en faveur de la proportionnelle. Néanmoins, ironiquement, eux aussi, se rendant compte que le statu quo pouvait les avantager, ont finalement renoncé à cette réforme. Et de son côté, le PLQ a aussi envisagé cette réforme il y a quelques années (Benoît Pelletier en était responsable). Néanmoins, l'idée fut encore une fois oubliée sur une tablette... C'est dire à quel point ces partis veulent mettre fin au cynisme, favoriser la participation des citoyens à la prise des décisions, viser une décentralisation responsable des compétences et des ressources, bref favoriser la démocratie dans notre belle société.

Merci.

Jean-Nicolas Denis