Nos constitutionnalistes font-ils partie du dispositif de domination colonial ?
2 juin 2019
Le combat constitutionnel constitue une dimension primordiale de la lutte d’émancipation nationale.
Gilles Verrier met en lumière les jalons condensés d’un plaidoyer constitutionnel fondé sur le droit naturel classique, qui nous sort de l’enclos mental et politique de l’oppresseur. Ce plaidoyer s’inspire de la démarche historique très précieuse de Me Néron. Stratégie globale qui me paraît hautement opératoire.
Il faudra aussi poursuivre le combat sur la scène internationale puisque la Cour suprême du Canada avait en quelques jours rejeté avec désinvolture les huit ans de travail que représente l’essai fouillé — et passionnant — de Frédéric Bastien sur ce que je persiste, pour ma part, à appeler « l’importation » de la Constitution canadienne.
Cependant, une mise en garde s’impose. Il ne suffit pas de recourir à l’argument de la nation ethnique « canadienne » originelle pour libérer le peuple français d’ici, que les aléas de l’histoire ont concentré sur le Québec, devenu notre territoire national naturel. C’est incontournable : notre reconnaissance statutaire tant ici qu’ailleurs dans le monde passe par le recours à l’instrument collectif qu’est l’État québécois. Autrement, c’est se livrer à une lutte abstraite stérile, qui ressemble à une discussion théologique sur le sexe des anges relégués dans les limbes de l’histoire sainte. L’État du Québec est notre acteur collectif. Sans lui, le concept de reprise du combat constitutionnel fondé sur le droit naturel classique ou le droit international coutumier est inopérant.