Les bien-pensants
2 juin 2008
Les intellectuels à la Bouchard font partie d’une catégorie qui, à toutes les époques, se complaît dans une doxa particulière à son temps. C’est leur manière de se sentir «modernes » et originaux alors qu’ils baignent dans le conformisme de leur petit milieu fermé, où la règle du jeu consiste à se montrer encore plus conforme que les autres, sous couvert d’un langage savant masquant la pauvreté et le manque de profondeur d’une pensée abstraite perdue dans les brumes de l’idéalisme. Parce qu’ils pensent le monde hors de toute référence à ses principes concrets — à ses intangibles —, ils croient en créer un nouveau passible de transcender la nature humaine, de la re-former, alors même qu’ils la perturbent et, dans les cas où ils arrivent à exercer un pouvoir véritable ou à l’influencer, contribuent à la déstructurer. Leur point de départ repose habituellement sur une naïveté confondue avec la révélation ou la découverte d’une vérité universelle. Ils sévissent dans tous les domaines des disciplines humaines et sociales, de la littérature — ainsi, les tenants des «sciences» littéraires — à la géopolitique, en passant par la philosophie l’histoire, l’économie, la politique, la psychologie. Sans, le plus souvent, jamais en prendre conscience, ils contribuent à l’édification des divers totalitarismes, lesquels servent des intérêts qui leur échappent.