Un stratège s’est levé : Gérald Larose
1 janvier 2008
À MM. Gendron et Pomerleau, deux remarques.
Il existe déjà un mouvement apparemment organisé appelant aux États généraux, soit l'UDIQ. Qu'en est-il de son orientation réelle et de l'accueil qu'il reçoit sur le terrain? Il me semble prématuré de créer une structure concurrente, meilleur moyen d'aggraver la cacophonie, à moins que l'UDIQ ne s'avère qu'un pétard mouillé, comme tant de mouvements et de chapelles; il sera alors temps de tenter autre chose. Viser à restructurer le paysage politique indépendantiste, voilà une tâche de moyen terme dont il faut éviter qu'elle ne serve qu'à durcir les positions des uns et des autres. Qu'on le veuille ou non, cela entraînera en "dommages collatéraux" une bataille d'egos, compliquée par la volonté arrêtée, chez quelques-uns, de détruire à tout prix le Parti québécois avant même de disposer d'un outil valable de substitution. Pour dire les choses franchement, ce sont peut-être les principaux obstacles à la réussite d'États généraux; les sentiments et les émotions pèsent souvent plus lourd que les idées dans toute entreprise humaine.
Populariser les bases de la géopolitique appliquée au contexte et à la situation du Québec, j'en suis, à la condition d'y aller prudemment. En dégager une stratégie d'État générale compréhensible par le plus de gens possible est une chose, mais vouloir proposer publiquement les tactiques à mettre en oeuvre revient à prêter flanc à l'ennemi. Quoi qu'en pensent depuis quarante ans la plupart des indépendantistes, accoucher d'un nouvel État souverain exige la création d'un rapport de forces qui ne repose pas exclusivement sur l'organisation politique, la propagande et la volonté populaire. Cela entraîne toujours, au minimum, une véritable guerre de l'ombre entre services de renseignement et d'action. Or autant le Parti québécois que le gouvernement du Québec n'ont jamais pris au sérieux la nécessité absolue de s'équiper convenablement sur ce plan, au point où ils ont saboté les efforts répétés de ceux qui faisaient la différence entre une troupe de scouts bien intentionnés et un État, notamment Jacques Parizeau, René-Marcel Sauvé et Pierre Cloutier. Il règne au Québec une naïveté politique et stratégique qui ne se dément pas malgré toutes les déconvenues. Tant qu'il en sera ainsi, toute entreprise en vue de l'indépendance risque de se solder par une opération réussie de déstabilisation ou, au minimum, par des "turbulences" plus sérieuses qu'on veut bien l'admettre malgré toutes les preuves du contraire depuis les années soixante-dix.