Un éléphant dans la pièce
8 mars 2017
M. Rioux,
J'aimerais comprendre un peu mieux votre manière de définir la laïcité (votre étymologie est fort intéressante, mais jusqu'à quel point cèle-t-elle vraiment la question?).
Mon texte visait justement à proposer des précisions qui auraient pour but de réduire ces ambiguïtés, que nous semblons tous deux considérer néfastes. Pourquoi faudrait-il s'en tenir à une définition qui facilite la contrebande que vous évoquiez?
Il n'est pas directement question de foi dans mon texte, ni de l'une ou l'autre religion. J'ai limité mon exposé à des implications rationnelles d'un monde avec ou sans Dieu, réduit ici à sa fonction de témoin et mémoire du monde. C'était pour offrir un contre-poids, en termes aussi neutres que possible, à cette méthode discursive bien répandue qui tente d'isoler la question de la croyance de ses racines rationnelles (en faisant fi de cette évidence que dès lors qu'on saurait, il n'y aurait plus lieu de croire).
On lit parfois que la neutralité laïque devrait se manifester comme une indifférence, mais ne s'agit-il pas d'une autre simplification malheureuse? S'il devait s'agir d'une indifférence, il faudrait encore que ce soit une indifférence bien spéciale (ni cosmétique, comme le serait l'indifférence aux pommes de terres, ni détachée de ses responsabilités, comme le serait l'indifférence au mensonge, au crime etc. - en somme, une indifférence qui aurait l'obligation d'être bien consciente et reconnaissante de la gravité du sujet face auquel elle tente de s'ériger).