Le mythe du Québécois riche
12 janvier 2011
M. le Vieux Sage,
Je ne sais pas où vous avez pris vos chiffres, mais ils ne sont pas exacts.
Tout d'abord, vous fixez le niveau de notre endettement collectif à 160 % sans préciser à quoi réfère ce chiffre.
Normalement, l'endettement se mesure en pourcentage du PIB. Dans ce cas, le chiffre exact est celui qui se trouve dans l'étude effectuée par le Ministère des Finances l'hiver dernier, et il s'établit à 94 % EN TENANT COMPTE DE NOTRE POURCENTAGE DE LA DETTE FÉDÉRALE.
Pour vous permettre de comparer, la dette du gouvernement fédéral américain s'établit présentement à 98,5 % de son PIB, SANS COMPTER LA DETTE DES ÉTATS INDIVIDUELS.
Notre situation est donc infiniment meilleure que celle des États-Unis.
Par ailleurs, le niveau annuel des déficits constitue également une indication du degré de richesse (ou de pauvreté) des pays. Ainsi, en Europe, le Traité de Maastricht fixe à 3 % du PIB le plafond autorisé des déficits annuels. Or tous les pays européens ont défoncé ce plafond au cours des deux dernières années, certains allant même jusqu'à afficher des déficits de 13 %. Même la si riche Allemagne y est allée d'un déficit de 4,5 %.
Or au Québec, cette année, le déficit révisé s'établit à 3,1 milliards, soit à peu près 1 % de notre PIB. Comme je l'ai déjà écrit, notre situation, si elle était connue, ferait l'envie du monde entier.
Alors oui, nous sommes endettés. Mais beaucoup moins que tout le monde. Si nous ne sommes pas plus riches que tous les autres (et personne n'est plus riche de nos jours), nous sommes beaucoup moins pauvres que les autres.
Ne jamais perdre de vue que la richesse et la pauvreté sont des notions relatives qui ne prennent leur sens que dans des comparaisons.
Richard Le Hir