Révolutionnaire, une voie qui ouvre la porte à la pire réaction ?
7 mai 2008
Je ne réplique JAMAIS sur ce site, bien qu'on m'y prenne parfois à partie, car j'estime qu'il nuit souvent à la cause de l'indépendance bien davantage qu'il n'y participe.
Je ferai une exception pour vous, M. Potvin, puisque votre réplique n'était pas sans saveur. En plus le nom de Potvin m'est sympathique puisque c'est le nom qui me rattache à ce coin de pays.
Donc, cher 'cousin',
Il est étonnant que vous ayez réussi, d'abord, à faire une synthèse aussi cohérente à partir de mes 'contresens'. Je relis votre premier paragraphe et le trouve excellent. Comme dirait Achille Talon à Lefuneste : c'est tout moi. C'est peut-être le fait que mes contresens font sens davantage que vous le pensez. Seulement, ce n'est pas votre intellect qui est heurté par cette froide logique, mais vos émotions. Ce ne serait donc pas des 'contresens' mais bien des blasphèmes. Le français au Québec, c'est un sujet qui a remplacé la religion : c'est tabou. J'ai beau relire, je ne vois pas où est la correction politique d'un texte plutôt 'hardcore', vous en conviendrez, pour être publié dans la presse à grand tirage.
Vous qui dénoncez le fait que les 'méchants de GESCA' ne publient jamais le mot 'indépendance', vous devriez pourtant être ravi… Car c'est un texte indépendantiste, à tous égards.
Mais quel est le vrai indépendantiste ? Celui qui préfère un Québec unilingue français fédéré (le but des radicaux de la loi 101), ou celui qui préfère un Québec indépendant bilingue ? Posez-vous la question, M. Potvin. Vous tous, qui lisez. Et répondez. Parce que c'est bien là l'alternative devant laquelle nous sommes.
Un Québec indépendant, avec son million d'anglos et consorts, serait pas mal plus comme la Belgique ou la Suisse que la France… Faut se faire à l'idée. Ça parlerait anglais à l'Assemblée nationale. Ces gens, ces citoyens, auront des droits. Pour l'instant ils se tiennent 'low profile' parce qu'ils c'est nous, Canadiens français, qui sommes la 'minorité' au sein du Canada. Mais après un OUI, les francophones seront une majorité dans leur propre pays, et devront se montrer à la hauteur. La 'minorité' anglaise réclamera beaucoup plus de place, et l'obtiendra. Aussi, un Québec indépendant sera tout aussi, sinon plus, 'anglais' que maintenant.
Et si le but c'est le Québec français, pas la peine de se séparer pour ça ! Il y a juste cent ans, ça parlait anglais en Estrie et à Québec… Le Québec est plus français qu'il l'a jamais été, et ce, en étant fédéré. Pour croire que le fédéral 'menace' le fait français, faut vraiment être carrément parano.
D'où la conclusion, impitoyable : la langue est une très mauvaise raison pour voter OUI.
Baser la lutte sur de l'identitaire ethno-linguistique Canadien français (oui, des 'patentes' de curé) était mal avisé au Québec, puisque 20 % des Québécois ne sont pas des Canadiens français. Ça part mal. Pas étonnant que ç'ait échoué deux fois. Et même si ç'avait réussi, c'est la partition garantie, puisque 99,8 % des 'autres' auront voté non, et que la ligne de faille est nette, nette, nette.
C'est une recette pour le désastre… Lâchez-moi la correction politique. Si vous lisez mes autres textes, vous verrez que je ne m'en embarrasse pas trop. Être fier d'être Québécois et tout ça, oui, certes, mais ça n'excuse un manque d'intelligence stratégique crasse. En 1995, nous n'avons pas frôlé le pays. Nous avons frôlé la catastrophe.
L'Alberta, un « sinistre mouvement partitionniste basé sur la richesse »… Et alors ? Qu'importe le moyen, si on arrive à notre fin ? Si on trouve du gaz naturel et du pétrole dans le fleuve (il y en a) et que le Québec PAYE de la péréquation dans dix ans au lieu d'en recevoir, vous pouvez être sûr que le OUI va passer haut la main. Les p'tits bourgeois de Québec auront plus peur que leurs maisons perdent de la valeur. D'ailleurs, la clef de l'indépendance est là : au fond du fleuve. Qu'on trouve du pétrole, est la cause est entendue. On mettra un 'tape' de Félix Leclerc pour satisfaire les nationaleux le Grand Soir, pendant que les pragmatiques penseront aux choses concrètes, nommément, comment s'enrichir dans ce nouvel eldorado que sera la République du Québec.
Je vous fais grâce d'une leçon sur les Patriotes du Haut-Canada. Renseignez-vous. Et évidemment qu'il y a de l'identitaire en Irlande et en Écosse. Mais avez-vous déjà réfléchi au fait que même si le Québec avait été assimilé linguistiquement au XIXe siècle, il serait encore tout à fait distinct du Canada anglais ? Qu'il chercherait peut-être même à se séparer (on peut penser à Terre-Neuve) ? Tout comme on a pas sorti l'Irlande de l'Irlandais, même en le faisant parler anglais…
Quant au paradoxe que vous voyez entre l'économie et le révolutionnaire, je ne vois pas. Le Boston Tea Party, ça vous dit qq chose ? Les 13 colonies étaient écoeurées de se faire taxer. La Révolution française a commencé à l'été 1789 quand le prix du pain a triplé, après presque cent ans de fixité. L'écroulement de l'Union soviétique est essentiellement dû à une crise économique, etc. etc. Y'a qu'une place où aller chercher un homo economicus : ses poches.