Penchons-nous un instant sur ces anciennes robes noires ou grises
10 décembre 2010
Dès que l'on mentionne le nom de l'Église (et ses institutions) dans notre histoire, surgit une multitude de commentaires prévisibles, qui démontrent que l'on confond toujours, l'accessoire de l'essentiel: L'Église fut une institution politique cardinal dans notre histoire. Je reprend ici quelques notes d'une lecture géopolitique 101, de ce rôle, en posant une question qui frappe un peu l'imaginaire:
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L’Église nous a-t-elle trahis ou sauvés ?
Pour répondre à cette question allons à l’essentiel : Qu’est-ce qui fut NÉCESSAIRE pour que ce peuple français en Amérique survive au vent contraire de l’Histoire : Un État pour conserver sa cohésion nationale.
Géopolitique 101 : L’État et la cohésion nationale.
De 1608 à 1759 l’État est en croissance organique. Grâce au rôle d’appoint de l’Église, il atteint une masse critique qui lui a permit de ne pas être anéanti par la victoire britannique. Cette contribution fut donc essentielle.
Durant les 150 premières années, la cohésion nationale de ce peuple français qui reposait sur les assises de son État avec lequel elle était en adéquation n’était pas remise en question, sauf de l’extérieur.
La victoire britannique viendra tout changer.
La première conséquence est celle de voir les institutions politiques et l’appareil d’État (Nouvelle France) démantelés. Et le lien avec la France rompu. (Ce que consacre le Traité de Paris, 1763). Que reste-t-il comme assise alors pour conserver notre cohésion nationale (peuple français) face à un Empire qui veut nous assimiler : L’Église.
Elle fut la contrepartie de la couronne britannique dans l’Acte de Québec de 1774 (consentie parce que les anglais n’étaient pas dans un rapport de force si favorable face à un peuple qui avait atteint une masse critique et qui pouvait se joindre à la révolution qui menaçait au Sud).
C’est cette institution millénaire dans ses capacités de structurer les sociétés, laquelle avait joué un rôle d’appoint nécessaire dans les premiers élans de notre État, qui va venir jouer un rôle "cardinal" pour la suite de l’histoire. L’Église va se substituer à notre État démantelé pour en assumer elle-même les fonctions essentielles : Peupler et mettre en valeur le territoire !
C’est sur les assises de cette institution que vont reposer nos espoirs réels (géopolitique) de conserver notre cohésion nationale. Elle s’est si bien acquitté de sa mission historique que, suite à 200 ans de gain de potentialité, ce peuple va passer de la puissance à l’acte en 1960 pour se doter d’un État moderne pour assurer sa cohésion nationale. Un saut périlleux pour les "canayens".
Ce sera la Révolution tranquille : Maitre chez nous.
Mais pas tout à fait. Très vite les acteurs politiques vont faire le constat que ce demi-État annexé et réduit dans ses capacités d’agir n’offre pas toutes les garanties pour assurer la pérennité de la cohésion nationale. La quête de l’État souverain commence. Son élan sera brisé en 1995 ; depuis nous sommes dans le reflux de l’histoire. Le contrôle de notre demi-État nous échappe complètement, conséquence du fait de la perte de notre cohésion nationale.
Alors même que les élites politiques semblent ignorer l’urgence de la situation. Pour une première fois depuis 1759, nous sommes en danger réel de perdre notre cohésion nationale (Demography is destiny).
Ce qu’il faut constater c’est que notre demi-État semble sur le point de faillir là où l’Église avait réussi, c’est-à-dire sur l’ESSENTIEL : Conserver notre cohésion nationale
Mis à part les anecdotes et les faux choix (les deux tentations républicaines: Révolution américaine;et, celle des Patriotes), l’Église a joué un rôle cruciale dans notre existence de peuple, au prix d'une discipline "d'enfer" sans doute mais combien nécessaire à la cohésion nationale.
Simple constat géopolitique 101 : Non l’Église ne nous a pas trahis, au contraire elle nous a sauvés !
JCPomerleau