Crise chez les souverainistes
1 février 2007
M. Potvin, de grâce, cessez de prendre les membres du Parti pour des moutons. Patrice Boileau et d'autres militant(e)s vigilant(e)s comme lui ne font que dire la VÉRITÉ. Vous auriez dû entendre François Legault et surtout Monique Richard à Joliette mardi soir. Je n'en croyais pas mes oreilles! Mes excuses si la comparaison est odieuse, mais, lorsqu'on a daigné enfin m'accorder la parole pour tenter de faire entendre raison à la direction du Parti Québécois, je me suis senti comme le maréchal Heinz Guderian qui avait "osé" dire la vérité à Hitler en mars 1945 sur la situation désespérée de Berlin face aux forces soviétiques qui s'apprêtaient à l'encercler. Le Führer avait répondu avec la même désinvolture que la présidente du PQ, pourtant proche des centrales syndicales qui étaient visées par les paroles méprisantes d'André Boisclair: "Ne vous laissez pas influencer par les André Pratte et autres propagandistes fédéralistes. C'est l'élection qui est importante. Si les membres s'unissent derrière le chef, nous allons remporter une grande victoire sur le pire gouvernement du Québec!"
François Legault a au moins eu la décence de reconnaître savoir que plusieurs militant(e)s de mon comté souhaitent faire la souveraineté en une seule étape au lieu de deux, mais a à nouveau signifié que la question avait été tranchée au Congrès de juin 2005 et a fait référence à la légitimité du leadership d'André Boisclair, avec sa victoire à 54% au premier tour de la course à la direction. Après le ridicule "pep talk de conviction des convaincu(e)s", tout ce qu'on m'a offert était de rapporter les critiques au chef.
Quand vous évoquez Gesca comme responsable des "turbulences" (c'est le mot que semblent avoir convenu les apparatchiks du Parti pour tenter d'étouffer la crise) affectant le leadership d'André Boisclair, vous semblez oublier que ce sont ces mêmes médias (Paul Desmarais avait même confié son appréciation du "jeune Boisclair") qui ont propulsé artificiellement votre protégé comme grand favori dès le début de la course à la direction en juin 2005. Lorsque je lui ai évoqué le doute sur la loyauté souverainiste suscité par les nombreuses et soudaines adhésions au Parti revendiquées par le clan Boisclair et l'exemple de Jean-René Dufort démontrant l'extrême candeur de notre processus d'admission des membres, Julien Beaudry, le conseiller en communications du chef et du parti depuis (coïncidence?) deux ans, m'a répondu avoir fait des vérifications aléatoires qui n'ont rien démontré d'anormal et qu'on ne pouvait aller plus loin si l'on voulait respecter la loi électorale. Ne trouvez-vous pas étrange que les médias nationaux n'ont commencé à s'intéresser à la grogne (qui couvait déjà depuis des mois - je l'ai senti dès le congrès régional de Lanaudière du 8 avril dernier) envers Boisclair que depuis l'épisode de "Broke Back Mountain", soit sensiblement dans la période où Jean Charest a commencé à donner des signes avant-coureurs du déclenchement d'une élection?
Qu'auriez-vous préféré? Que nous nous fermions la gueule, que nous obéissions docilement aux claquements des doigts de la "garde rapprochée de Boisclair" et tentions de "vendre" un chef et un parti qui, dès le 6 novembre dernier, laissait entendre qu'il n'était plus question de répondre aux interrogations légitimes de la population sur la volonté du PQ de respecter son engagement envers la souveraineté? Avez-vous déjà fait du porte-à-porte, de la sollicitation des membres ou du pointage pour nous accuser d'être d'aussi mauvaise foi? Ça fait depuis 1979 que je milite activement pour le PQ et je n'ai jamais vu pareil désenchantement depuis Pierre-Marc Johnson.
Je ne suis pas un spécialiste du marketing ou de la vente, mais je crois sincèrement que vous ne pouvez pas réussir si, à la base, votre "produit" n'est pas crédible. Soyez honnête: ça fait au moins trente ans qu'on tourne en rond avec l'idée de "séparer" l'indépendance (ouf, non, ça fait trop peur!) - ou la "souveraineté" - de la prise du pouvoir pour essayer de calmer les Québécois(e)s en montrant "qu'on est pas pires que les autres" pour gouverner.
Résultat: Nous avons effectivement pris le pouvoir deux fois (1976 et 1994) en promettant un référendum. Les fédéralistes ont, les DEUX fois (oui, oui, souvenez vous des panneaux de publicité subliminale "Non, ça se dit bien" partout sur les autoroutes, dans les journaux, à la radio et la télévision!), abusé de leur pouvoir pour contourner les lois démocratiques du Québec garantissant la parité des deux camps et fait dérailler notre projet de pays. Les DEUX fois, après avoir accompli un travail exemplaire dans le premier mandat, le PQ s'est fait réélire en se délestant de son option et a été contraint de poser des gestes d'austérité, forcés en grande partie par les politiques choisies expressément par Ottawa pour nous nuire, tout ça au détriment des intérêts de notre base militante (syndicats, fonctionnaires, professionnels de la santé, enseignants, assistés sociaux, chômeurs, etc.). Et encore les DEUX fois la population n'y a vu que du feu, nous a imputés le blâme et a reporté les Libéraux au pouvoir.
Aujourd'hui, avec le pire gouvernement de l'histoire du Québec, la connaissance des malversations du camp du NON, un gouvernement fédéral en porte-à-faux des valeurs québécoises et un appui ferme à la souveraineté de 45%, nous n'arrivons pas à susciter un engouement envers le seul parti capable de la faire, comment osez-vous nous blâmer de poser des questions?
En fait, René Lévesque, Pierre-Marc Johnson, Lucien Bouchard, Bernard Landry et d'autres ont si bien manoeuvré qu'ils ont tellement rassuré la population qu'ils l'ont anesthésiée face aux coups sournois et incohérences du système fédéral canadien.
Quand le chef n'écoute pas les membres, les député(e)s, renverse la décision d'un congrès, se cache pour ne pas prendre position ferme dans les débats qui secouent la société civile québécoise et lâche des remarques publiques irritantes pour les alliés naturels du Parti, il n'y a guère d'autre alternative que de rendre les choses publiques, les pressions populaires étant reconnues influencer les "bons" politiciens? Qu'en pensez-vous?