Ça suffit!
9 février 2008
Monsieur Picard,
Vous mentionnez un "détail" d'importance: la rhétorique du PI repose avant toute chose sur le "PQ bashing". Presque tous les textes de Richard Gervais et d'Éric Tremblay s'appuient sur ce socle. Certes, un nouveau parti indépendantiste n'aurait pas de raison d'exister si le PQ faisait l'affaire, mais, une fois posé ce diagnostic, la valeur d'un nouveau parti doit dépendre de lui-même, il doit se fonder sur ses propositions et non pas miser sur la seule faiblesse de son adversaire et la réputation qu'il contribue à lui faire. Or, pour le moment, le programme du PI table presque exclusivement sur la promesse d'une indépendance proclamée à la suite d'une élection remportée à la simple majorité des sièges et sur un radicalisme politiquement correct (aux yeux d'une frange de militants) à l'encontre de la minorité anglaise historique. Il s'agit là d'une bravade revancharde négative beaucoup plus que d'un programme articulé. Son cri du coeur se résume par la vieille expression "on va les avoir,les Anglais!". S'il faut "avoir" quelque chose, c'est la peau du régime fédéral, pas celle de compatriotes avec qui nous devrons vivre même et surtout après l'indépendance. On semble partager la même attitude — les articles de Tremblay en font foi — envers les Néo-Québécois, comme si le territoire ne devait devenir que celui des seuls descendants directs des Canadiens français du Québec. Le résultat, j'ai pu le constater chez des Québécois d'adoption qui avaient épousé notre cause depuis des années et se demandent maintenant s'ils ne se sont pas fait des illusions.