Of, course, in English, Mr Jury! Why should it be otherwise?

Est-il possible qu’un Québécois (dans les deux sens du mot) n’ait pas encore réalisé que le Canada ne pratiquera jamais le bilinguisme officiel d’une mare à l’autre?

Crise politique canadian

[Le 24 avril, Pierre Jury s’indignait que les jeux tenus en Colombie canadienne n’accordent pas sa juste place au français->19381], because la Loi sur les langues officielles au Canada. Est-il possible qu’un Québécois (dans les deux sens du mot) n’ait pas encore réalisé que le Canada ne pratiquera jamais le bilinguisme officiel d’une mare à l’autre?
Soyons franc, quitte à sembler brutal : si j’étais Canadian de C-B ou d’Ontario, par exemple, le bilinguisme, je me le mettrais où vous pensez. Pourquoi un État (oubliez le mot province) dont à peine 2% est de langue française se casserait-il le cul à pratiquer le bilinguisme alors que presque la moitié de ses ressortissants sont des immigrants d’Asie? Je sais : dans le cas de l’Ontario, il faut dire 4%. 4% dont la moitié déjeune en anglais, ce dont je ne les blâme pas : à terme, leur destin collectif est l’assimilation, et la plupart, bien qu’ils ne l’avouent pas, le savent, fût-ce inconsciemment : le Père Noël n’existe pas.
Se peut-il que des Québécois s’imaginent encore que la loi et les lubies de Pierre Elliott-Trudeau transforment la réalité démographique et géopolitique en Eden? Le français, dans le continent canadien, ne pourra perdurer, sur le long terme, qu’au Québec et en Acadie, si toutefois cette dernière finit par faire partie du Québec, ce qui n’est pas exclu, quoi qu’on en pense en général ou que les Acadiens en pensent en particulier.
Se peut-il qu’il existe encore des Québécois français s’imaginant qu’il existe au Canada un pacte entre deux nations? Que des citoyens non renseignés avalent encore cette fable, je peux le comprendre, mais qu’un éditorialiste, censé renseigné et cultivé (en tout cas, il faut l’espérer) réclame encore sa place au soleil dans un pays qui s’est construit sur les décombres du sien, c’est à pleurer de rire, comme disait en son temps et pour d’autres raisons, dans son langage, François Villon («Je ris en pleurs»).
Monsieur Jury n’a donc pas encore réalisé que le seul endroit où il puisse être chez lui, c’est au Québec? Et qu’il ne sera chez lui au Québec que si les Québécois se donnent la possibilité d’agir par eux-mêmes pour eux-mêmes? Pourquoi ce qui va de soi partout sur la planète doive-t-il chez nous paraître un rêve inatteignable ou même un sacrilège?
Non, je ne crois absolument pas que monsieur Jury soit un imbécile, encore moins un traître ou un vendu, pour reprendre les mots dont trop d’indépendantistes affublent les Québécois encore fédéralistes, même lorsqu’il s’agit des plumitifs de La Presse. Il s’agit le plus probablement d’esprits colonisés et annexés au cube, même dans les cas où cela les fait vivre. Difficile voire pénible et même souffrant à écrire, mais même André Pratte et Alain Dubuc sont Québécois, y compris lorsqu’ils s’efforcent de nous prouver le contraire à coups de sophismes.
Le drame du Québec n’origine pas d’abord des chantres fédéralistes québécois-français mais du traumatisme collectif de l’annexion qui pèse sur notre esprit depuis 250 ans. Il marque les meilleurs d’entre nous, qui souvent ne se résignent pas à penser la souveraineté sans association étroite, y compris politique, avec le Canada.
L’indépendance du Québec n’est pas d’abord un problème politique mais psychologique, ce dont Camille Laurin s’était déjà avisé voilà plus de cinquante ans. Je continue de croire qu’il avait raison.
J’en suis à penser qu’il nous faudra un démenti traumatisant pour nous en guérir. Comme l’affirme René-Marcel Sauvé, il faudra que le ciel nous tombe sur la tête pour prendre conscience que nous sommes étrangers à nous-mêmes, c’est-à-dire aliénés.


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2009

    You will all be swept aside one day after one million of you pass away, only to be replaced by more immigrants. Good riddance!

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    30 avril 2009

    Le «beau» Canada bilingue «from coast to coast» est une utopie, impraticable. PET voulait nous vendre cette idée, croyant nous faire croire que nous pourrions croître en trouvant notre place à l'intérieur du Canada et bla-bla-bla...
    Je crois qu'il n'y a plus que des tarés tels que Justin Trudeau pour y croire. La preuve? L'ancien chef du du très, très canadien PLC n'était-il pas Stéphane Dion, à savoir un gars de chez nous, mais qui baragouinait l'anglais sans avoir une véritable maîtrise de cette langue (contrairement à la plupart des souverainistes que je connais personnellement)?
    Non, le Rest of Canada, n'y a jamais vraiment cru, à cette utopie; ce ne fut jamais autre chose qu'une attrape-nigaud créée par PET-Trudeau, j'en ai bien peur.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 avril 2009

    Ce n'est pas la première fois que je l'observe, mais le ver du doute semble bien ancré dans l'esprit de notre compatriote monsieur Bousquet quand il écrit «Faudrait bien présenter aux Canadiens anglophones, l’importance culturelle de bien apprendre, en plus de la langue anglaise pour les affaires, la langue française, pour s’ouvrir au vaste monde francophone...»
    Ça me dérange toujours quand je lis des commentaires comme ça. Donc la langue des affaies c'et l'anglais. Il faudrait pour enrichir la pensée et mettre un peu de sable dans cette certitude que monsieur Bousquet lise l'excellent article de Xavier Durand dans l'action nationale qui dresse le parcours de cett idée convenue mais nettement exagérée.
    Dans son article l'auteur (Durand) s'emploie à déconstruire cette vérité en s'appuyant sur le monde de la recherche notamment. Mais aussi à la dimension politique.
    Dans la vie on peut voir les choses sous certains angles. Selon celui qu'on nous impose, ou celui quiest permis si on prend suffisamment de recul pour voir toute la forêt. Et c'est la condition première pour relativiser les idées convenues et prendre toute la mesure des mythes qu'on nous veut nous imposer.
    Un autre livre très éclairant sur le sujet qu'il vaut la peine de consulter c'est la grande aventure de la langue française de Julie Barlow et Jean-Benoît Nadeau. Dans cet ouvrage les auteurs s'emploient à décortiquer le mythe et déconstruire la croyance.
    L'usage de la langue ce n'est pas qu'une affaire d'affaires. C'est un choix éminemment politique. Et je ne crois pas une minute que les anglais du Canada vont se laisser séduire par la soi-disant ouverture au monde. Ils vont apprendre le français quand ce sera nécessaire de parler français point à la ligne.
    Et c'est uniquement quand nous leur dirons clairement et fermement que collectivement que c'est ce qu'on attend d'eux qu'ils consentiront à apprendre et à parler français. Pas au Canada, mais ici, s'ils veulent traiter avec nous.
    J'imagine que le temps montrera que si les mythes ont la vie dure, ils ne sont pas éternels.

  • Raymond Poulin Répondre

    25 avril 2009

    Monsieur Bousquet,
    D’abord, je n’ai rien contre le bilinguisme individuel, pour autant que les Québécois ne se sentent pas obligés de passer à l’anglais automatiquement lorsque, au Québec même, ils s’adressent à quelqu’un qui ne semble pas Québécois français : ce n’est pas une marque de politesse ni d’évolution mais la tournure d’un esprit colonisé. Au cas où vous l’ignoreriez, les Québécois français forment le peuple le plus bilingue d’Occident, et ce n’est ni par soif de culture ni par magnanimité. Il est, par ailleurs, carrément anormal qu’un peuple n’ait pas le réflexe collectif de vivre dans sa langue sur son territoire.
    Ensuite, je compatis à la situation des Canadiens français hors Québec. Il ne me viendrait jamais à l’esprit de minimiser le sérieux inconfort de leur position, que j’ai été en mesure de constater plus d’une fois. Leur résistance frise parfois l’héroïsme. Il n’en demeure pas moins qu’à terme, leur combat prendra fin faute de combattants, tout simplement parce qu’à chaque génération, cela devient de moins en moins tenable, par absence de masse critique dans un environnement donné. Consultez un peu les statistiques à propos de leur taux d’assimilation, variable selon l’endroit mais de plus en plus élevé avec le temps. Ce serait leur rendre un très mauvais service que de les encourager à se leurrer. Le fait qu’ils aient produit des écrivains de langue française (dont Gabrielle Roy, d’ailleurs au programme de mes cours de littérature) ne change rien à leur réalité.
    Quant à l’idée de convaincre les Canadiens en général d’apprendre le français pour des raisons culturelles, ça n’a rien à voir avec la nécessité vitale pour les Québécois de constituer un Etat indépendant. Croire possible qu’un jour tous les Canadiens pratiqueront le bilinguisme anglais-français par amour de la culture relève d’une utopie compensatoire à notre procrastination psychologique. Ce n’est pas en nous plongeant dans l’angélisme et la naïveté que nous réglerons notre problème, d’autant plus que la nécessité pour un peuple d’agir par lui-même pour lui-même ne se limite pas à la question de la langue.

  • Marcel Haché Répondre

    25 avril 2009

    Un de mes professeurs de sc-po. affirmait, à la fin des années soixante, que l’indépendance du Québec n’était pas un problème politique, mais le problème « psychologique » de tout un peuple.
    Je crois maintenant qu’il avait parfaitement raison.
    Cependant, le problème s’est complexifié depuis par la « multi-culturalisation » du Québec. En ce sens, le problème est devenu progressivement politique. Maintenant radicalement politique. La démonstration est facile à faire : pendant longtemps, ce sont les (faux) leaders fédéralistes qui pourfendaient les indépendantistes et les trairaient de romantiques. (Tous les Pratte, nombreux, de toutes les époques !) Maintenant, n’importe lequel bloggeur s’autorise facilement à traiter de haut les indépendantistes, ces empêcheurs… de tourner en rond, et de leur affubler le qualificatif de romantiques.
    L’anti-romantisme des fédéralistes, leur immense prétention au « réalisme », érigé en dictat- vertu, s’est faussement démocratisé. Et devant « les faits », beaucoup d’ « indépendantistes »s’inclinent, et sont devenus hésitants… quand ils ne se sentent pas trahis !
    La responsabilité du P.Q. est grande.
    C’est à ce parti majeur qu’incombe la responsabilité d’un redressement national, si bientôt il doit y en avoir un. Cela est possible. Difficile, mais possible. Baisser les bras n’est pas une option. Cela commence cependant par un redressement du P.Q. lui-même. Cela commence par son aile parlementaire, QUI N’EST PAS LE P.Q. Ce sont pourtant les parlementaires du P.Q., au premier chef, qui doivent assurer et assumer la drive. Et cela, BIEN AVANT la rédaction d’un programme.
    La responsabilité du P.Q., c’est la responsabilité des hommes et des femmes du parti, celle des parlementaires, hommes et femmes. La responsabilité du P.Q. est grande. Elle est d’autant plus difficile, aussi, que l’électorat est devenu cynique. Et le cynisme est l’antichambre du désespoir. C’est pourtant l’espoir, et non le désespoir, non plus que le supposé « réalisme », démissionnaire, à la manière des libéraux et de tous les Pratte, qui a toujours porté le P.Q.
    Que les parlementaires---des hommes et des femmes, têtes et cœurs --- l’assument ! Le ras-le-bol actuel peut déboucher dangereusement tout autant sur la démission que sur le redressement.
    Wake up P.Q.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 avril 2009

    Le Manitoba, franchement anglophone, qui avait interdit l'enseignement en français dans ses écoles, a quand même produit, dans une grande mer anglophone, notre plus grande romancière francophone qui y est née, Mme Gabrielle Roy.
    Mme Roy était aussi à l’aise en anglais qu’en français et elle a même hésité entre faire une carrière d’écrivaine dans une de ces 2 langues.
    Fait que, les Québécois peuvent être bilingues sans trop de peur de perte de leur culture ou de la langue française.
    Faudrait bien présenter aux Canadiens anglophones, l'importance culturelle de bien apprendre, en plus de la langue anglaise pour les affaires, la langue française, pour s'ouvrir au vaste monde francophone et, en plus, comme à la cour du Tsar russe où on parlait français pour s'élever l'âme un peu.
    La résistance peut produire de bons fruits comme on le voit ici.