Huit ans plus tard...

Une prévision de Claude Morin

L'idée fédérale

Dans un texte paru dans Le Devoir du 1er novembre 2001 et intitulé Le rétrécisseur, Claude Morin critiquait l’orientation constitutionnelle de programme du PLQ-Charest, son abandon total des revendications traditionnelles du Québec et sa volonté, comme on dirait aujourd’hui, de canadianiser le Québec. Rien de neuf sous le soleil, donc, mais il est intéressant d’en relire la seconde partie et particulièrement le dernier paragraphe, où Morin, en quelque sorte, nous annonçait ce que presque personne n’aurait sérieusement cru possible à l’époque et que nous avons commencé de vivre depuis 2008.
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Prépondérance d'Ottawa
Dans la nouvelle plate-forme constitutionnelle du PLQ, plus question en effet de présenter des réclamations un tant soit peu osées. On y parle à peine - et c'est pour dire qu'on s'en occupera (peut-être) plus tard - de la spécificité du Québec. En revanche, ce parti voit beaucoup de vertus au fédéralisme actuel, tellement d'ailleurs qu'il n'envisage pas de proposer de changements à la Constitution. Puisque les libéraux de Jean Charest n'éprouvent pas le besoin de la modifier - en tout cas pas tout de suite, ça ne presse pas pour eux -, il en découle forcément qu'ils consentent à la prépondérance générale d'Ottawa, permise par cette même Constitution, et qu'ils acceptent, telles quelles, les tendances du régime actuel à minoriser le Québec.
Craignant sans doute que ce soit déplacé et que cela n'entraîne des froncements fédéraux de sourcils, ils ne revendiquent donc plus. Ils formulent des voeux sinon pieux, du moins nullement contraignants pour le reste du Canada. Ils filent doux, se font petits et gentils, n'exigent aucun résultat, n'insistent pas et disent attendre compréhension et bienveillance de la part d'Ottawa et des autres provinces. Ils misent sur des alliances avec ces dernières dans l'espoir d'influencer leurs grands frères, les potentats fédéraux dans tel ou tel dossier sectoriel, alors que toute l'histoire du Québec-Canada démontre l'inanité quasi garantie de cette approche. Ils érigent en principe de gouvernement ce qu'ils appellent la cogestion, y compris dans les domaines qui appartiennent aux provinces. Traduction: le Québec doit accepter de voir son autonomie diminuée et, plus que jamais, de s'aligner sur les orientations et les priorités des autres gouvernements. Nouveauté: ils proposent un conseil de la fédération, organisme à palabres qui, se surajoutant aux structures déjà existantes, institutionnalisera le fait que le Québec est bel et bien une province comme les autres et, pourquoi pas, un simple territoire.
À qui le crime profite-t-il? Robert Bourassa m'a dit à quelques reprises que le danger permanent qui guettait le PLQ était de devenir «le parti des Anglais». Il veillait, lui, à ce que cela ne se produise pas. On ne peut pas en dire autant de son successeur. Car, si on y réfléchit un peu, et si on se libère un instant de la rectitude politique pour dire les choses comme elles sont, il faut bien constater que la nouvelle position du PLQ correspond exactement à celle que, dans leur majorité, ses militants anglophones ont toujours espéré voir leur parti prendre...
Où notre rétrécisseur s'arrêtera-t-il? Il a «réglé» le problème du Québec de la manière souhaitée par ces militants et leurs lobbys. Mais ceux-ci n'aiment pas beaucoup - n'ont jamais aimé - ces outils collectifs québécois que sont Hydro-Québec, la Société générale de financement, la Caisse de dépôt et placement, etc. Jean Charest nous annoncera-t-il un de ces quatre matins que le temps est venu de réduire la puissance de ces outils, de les scinder en petites unités inoffensives pour les establishments économiques et financiers, de les vendre à l'entreprise privée ou de les faire administrer par elle? Impensable? Peut-être pas de la part d'un personnage qui, à cause de sa vision des rapports Québec-Canada, vient précisément de commettre ce qui était jusqu'ici difficilement imaginable.


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2 commentaires

  • Jacques Dubreuil Répondre

    25 août 2009

    C'est tellement dommage, ce comportement de vendu qu'adopte Jean Charest... Et qu'ont adopté nos notables domestiqués depuis 1774. Je crois cependant que tant que nous ne serons pas libres, nos chefs devront être approuvés par les maîtres anglais/canadiens et devront se plier à ce jeu (si ce mot peut être employé ici) qui consiste à réduire le peuple du Québec, le chloroformer, le faire disparaître en douce. Fermer le Québec semble être le motto de Jean Charest.

  • Michel Guay Répondre

    24 août 2009

    Il ne faut pas laisser croire que le PLQ n'a pas toujours été le parti des anglais même sous le traitre Bourassa
    Et il ne faut pas laisser croire que Charest ne fait rien lorsqu'il fait tout pour discréditer et détruire toutes les institutions Québecoise ( Québec Inc, Hôpitaux, Caisse , Hydro etc..)
    Charest n'a jamais caché son jeu en violent la loi référendaire Québecoise et aussitôt élu pour la première fois il passa sa loi d'anglicisation systématique et de nombreuses autres lois défavorables à la nation
    Depuis il fait tout pour faire reculer la nation Québecoise dans son conseil bidon de un contre un à un contre 12 ou 13 ou 16 ( Qui sait ?), il faut savoir qu'en politique comme en économie et même en culture :
    Qui n'avance pas recule