Canadien-Français, avant les années 60, ce n’était pas ethnique, c’était national
19 juin 2008
Monsieur Tremblay,
Comme cela, la plupart des pays occidentaux seraient revenus à la loi du sang (jus sanguinis) ? C’est la toute première nouvelle qu’on en a, me semble-t-il, l'Allemagne, le Japon et la Suisse n'étant pas des cas nouveaux. Feriez-vous par hasard allusion à ce qu’en Europe, on appelle le communautarisme ? J'ose croire que non. Car ça, le communautarisme, au cas où vous ne le sauriez pas, c’est l’autre nom du multiculturalisme. En vertu du communautarisme, les pays qui reçoivent des immigrés se croient obligés, du moins en principe, de considérer chaque groupe issu de l’immigration comme une communauté de droit dont il ne faut surtout pas, toujours en théorie, assimiler les membres. Un Péruvien arrive en France. Jusqu’à la trentième génération et plus, jusqu’à la fin des temps, quoi, ses descendants devraient être considérés comme des Péruviens et avoir des droits reconnus en tant que Péruviens d’origine. Ça, c’est la théorie même du multiculturalisme à la Trudeau, une théorie fumeuse qui favorise une balkanisation culturelle dont seul profite, ici, l’impérialisme culturel anglo-américain. Je regrette de le dire peut-être brutalement, mais, partout, les immigrés sont faits pour être assimilés au peuple qui les reçoit. Et cela peut parfaitement se faire dans le respect des libertés individuelles. Le problème, ce n’est pas du tout la loi du sol (jus soli), c’est la politique d’immigration (et aussi le système d’éducation). Accueillir des immigrants, c’est très bien. Mais toute nation a le droit de fixer un seuil relatif en-deçà duquel elle estime que l’immigration est parfaitement assimilable et au-delà duquel elle estime que son assimilation devient difficile, voire impossible.
Cela dit, je vous remercie beaucoup, M. Tremblay. Jusqu'à ce jour, quand on me critiquait, c’était toujours pour me reprocher d’être trop nationaliste et quasi xénophobe en raison de mon refus du multitransinterculturalisme auquel j’oppose ce que j’appelle mon uniculturalisme canadien-français. Me faire accuser exactement du contraire, pour la toute première fois de ma vie, je crois bien, eh ben, coudons, comme on dit, ça change le mal de place !
Vous savez, en 1999, Le Devoir a publié un de mes textes intitulé «Ni ethnique, ni civique, notre nationalisme est culturel». J’y disais en substance la même chose qu’aujourd’hui. Or, là, je vais pécher par immodestie. Pour ce texte, j’ai reçu, par téléphone, les félicitations chaleureuses de François-Albert Angers... Ah ! mais c’est vrai, j’oubliais : ce n’était pas un vrai nationaliste, ça, François-Albert Angers, il n’avait pas la mystique du sang…
Luc Potvin