Les grands Québécois méritent leur monument de leur vivant
16 octobre 2024
Bonjour M. Labrie,
Je me suis souvent demandé ce qui faisait la différence entre une «grande» personne et, disons, une moins grande : pourquoi érigions-nous des monuments ou donnions-nous des médailles à certaines gens et rien, absolument rien à ces autres qui n’avaient fait que leur possible, leur devoir quotidien, honnêtement leur possible, rien que leur possible. J’ai aussi souvent constaté que des personnes que l’on avait considérées comme des piliers de leur communauté avaient aussi été de très mauvaises personnes dans le privé, dans l’exercice de leur pouvoir sur les autres, des abuseurs des moins nantis ou d’innocentes personnes. Qui donc mérite plus de monuments de leur vivant que quiconque a fait ce qu’il fallait qu’il fasse simplement, chaque jour de sa vie, sans attendre une récompense ostentatoire?
La manière de déterminer si une personne est «grande» ou «petite», c’est de constater son travail, son action, son courage d’être, celui de vaincre ses peurs, le tout, en toute humilité et sans condescendance. Si une personne ne peut apprécier elle-même ce qu’elle fait et qu’elle attend les monuments pour savoir qu’on apprécie ce qu’elle a fait et ce qu’elle fait, voilà pourquoi les gens font souvent des bêtises ou des insignifiances, espérant qu’on reconnaisse celles-ci comme de grandes œuvres. Et trop souvent, c’est le financier qui se pare de gloire et de reconnaissances.
Il y a tellement de grandes personnes qu’on ne peut leur ériger à chacune un monument; seuls les cimetières exposent des épitaphes et c’est suffisant. L’orgueil est un très mauvais maître. Les monuments sont souvent l’expression des faibles.
Oublions la «grandeur» et faisons ce que nous devons faire : «Nous ne sommes pas ici-bas pour faire de grandes choses, mais pour faire grandement les petites choses de la vie.» J’ai entendu cette célèbre remarque d’une femme anonyme invitée à l’émission de Janette Bertrand et sa servante Diane Jules, laquelle osait s’immiscer adéquatement dans les conversations de l’animatrice et ses invités.
Laissons les monuments dans les montagnes de granit.
François Champoux, Trois-Rivières