«L'horrible multiculturalisme canadien a tout contaminé» (Marcel Haché)
5 août 2015
Comment vous répondre, Bruno Deshaies, vous qui croyez beaucoup à la promotion de l’Indépendance, qui croyez peut-être que si l’Indépendance du Québec n’est pas encore advenue, c’est simplement que sa promotion n’en a pas été faite adéquatement ni justement ?
Comment vous répondre, en effet, si l’implacable « fédéralisme » à la canadienne paraît pouvoir sortir de son chapeau mille procédés pour que Nous Nous tenions tranquilles, et toujours-toujours de plus en plus tranquilles par ailleurs, comment vous répondre si, à la fin, c’est la mozaique et l’aventure canadienne qui triomphent encore et toujours ?
Nous existons bel et bien. L’ « aventure canadienne » nous nie depuis bien avant la Confédération. Le danger vient de ce que nous pourrions Nous renier nous-mêmes éventuellement. Mais, si Nous sommes niés et si en plus Nous Nous renions, c’est la mozaique toute canadian qui Nous noie à la fin comme au quotidien.
Vous posez exactement la grande question qu’il faudrait se poser plus souvent : « comment » la faire, cette satanée Indépendance, plutôt que « pourquoi » la faire ?
Si, pour toutes sortes de raisons, l’électorat québécois s’intéresse peu au « pourquoi » de l’Indépendance, cela ne signifie pas que les indépendantistes devraient renoncer et brûler leur drapeau, bien évidemment, cela signifie seulement qu’ils devraient pouvoir s’entendre entre eux sur le « comment ». De ce point de vue, il y aurait comme urgence…
Il y eut de nombreuses générations de patriotes avant les indépendantistes. Ils ne se sont pas dit très-très souvent, tous ces patriotes, combattons et mettons fin au fédéralisme canadien. Ils l’ont néanmoins combattu, le fédéralisme-contre-Nous ! Ils l’ont combattu de l’intérieur. L’ont combattu à l’intérieur des institutions politiques qui étaient les leurs, gardant leurs chances aux prochaines générations, leur remettant la possibilité et le devoir d’apporter chacune, elles aussi, leur pierre à l’édification de la Maison de la Nation.
Par exemple, la Révolution Tranquille, tardive dans notre Histoire, mais remarquablement unique au Canada, cette révolution sociale, les patriotes en étaient partie prenante. À ses débuts, tous les partis politiques québécois qui comptaient vraiment étaient des partis patriotes. Mais un seul parti a cessé de l’être depuis…depuis 1982…avec les dangers qui s’ensuivent depuis qu’il forme notre gouvernement. Dangers permanents de saccager les acquis précieux de la Révolution Tranquille, bien sûr, sous le fallacieux prétexte de la rigueur budgétaire, alors qu’en réalité ce gouvernement veut en découdre avec les consensus mêmes qui ont constitué de la Révolution Tranquille.
Cette supposée rigueur des rouges n’est d’ailleurs rien de plus qu’un enfumage : sous ses apparences de remise en question des acquis de la Révolution Tranquille, ce gouvernement, issu d’un parti devenu antipatriote, cette « rigueur budgétaire » lui sert de masque pour le fait qu’il porte en lui le reniement même de ce que Nous avons toujours été.
Que faire d’autre alors que de lui ravir le Pouvoir ? Et, pour lui ravir le Pouvoir, est-ce que la « promotion » de l’Indépendance par un parti indépendantiste n’est pas précisément le meilleur moyen qui fasse dans la terne réalité qui est la nôtre, que les rouges le gardent ce maudit pouvoir qu’ils ont maintenant sur la Nation ? C’est, en tous les cas, ce que tendent à montrer les malheureuses expériences électorales du P.I. et d’O.N. C’est sans compter la « vague orange », qui pourrait nous engloutir encore.
La question est lancinante : « comment » la faire, l’Indépendance, si son « pourquoi » n’a jamais réussi à donner le coup d’envoi électoral suffisant ?
Le « coup d’envoi » électoral ne peut provenir que de Nous, et de Nous d’abord.
Mais un coup d’envoi électoral pour faire encore un autre de ces maudits référendums de losers ? Oh que non ! Cette avenue, malgré des débuts en apparence prometteurs, est devenue un véritable cul-de-sac, dans lequel s’enferment encore ici et là quelques indépendantistes, alors manifestement (voir tous les sondages) que tout l’Électorat s’est échappé de ce qui est devenu un véritable piège.
Vivement un coup d’envoi simplement électoral, pour faire ce qu’il y a à faire, oui, oui, « à faire » : un redressement de notre situation nationale, un redressement national. Plutôt, donc, qu’une constituante, qui fasse la promotion de quoi que ce soit, y compris en particulier d’un autre référendum, (qui le déstabiliserait à coup sûr), vivement un gouvernement qui fasse de la politique, de la Politique très dure, mais flexible, mais surtout très dure, c’est-à-dire un gouvernement qui gouverne durement par lois et règlements son plan de redressement.
Un redressement national, CELA SE FAIT. Nul besoin de l’annoncer à tout vent, comme le référendum… Cela « se fait » d’ailleurs comme l’indépendance elle-même pourrait se faire. Un tel gouvernement décidé, mais décidé… se mettrait donc à façonner l’opinion, plutôt qu’il ne la convierait… Il ferait l’Indépendance plutôt qu’il ne l’appellerait. Ce serait un gouvernement sorti pour de bon de l’incantation. Un Redressement, cela se fait par des politiques gouvernementales, des lois et règlements suffisamment dures, capables d’orienter les volontés (et les mauvaises volontés, comme la loi 101 à ses débuts…) Dans ces conditions, le « mystère Québec » ne subsisterait pas deux mois… Cela vaudrait bien mieux que le meilleur des slogans et tout l’arsenal des trucs de magie. Car l’Indépendance ne relève pas de la pensée magique, elle relève de l’Espoir, qui a plutôt à voir avec la réalité la plus terne qui Nous est faite. On jase.
Salutations