La Crimée est comparée à un porte-avions pour une raison – ceux qui contrôlent la péninsule peuvent contrôler le territoire de tous les pays du bassin de la Mer Noire, c’est à dire La Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Géorgie, l’Ukraine et la Russie. Cela veut dire que, maintenant, la Russie contrôle tout cet espace. Cependant, si, il y a deux ans, grâce à un référendum populaire, la Crimée n’était pas retournée dans le giron de la Russie, ce serait la bannière étoilée qui y flotterait aujourd’hui.
Tout le financement de Maïdan en Ukraine a été effectué pour un but particulier, pour lequel le Département d’Etat américain n’a épargné ni valises bourrées de dollars, ni cookies distribués par Mme Nuland, et ce but c’était la Crimée. Le système de défense anti-missile américain en Crimée fermerait l’ensemble du Sud et du Sud-Ouest de la Russie à la possibilité d’utiliser des missiles balistiques qui ont un rôle dissuasif sur ce qu’on appelle frappe nucléaire préventive américaine. Ce n’est pas un hasard si le projet tant vanté de la défense antimissile européenne, qui rendait si nerveux nos politiciens et militaires, a fait flop après la restauration du statu quo de la Crimée.
Les Américains convoitaient la Crimée, peut-être pas comme 53ème état des Etats-Unis, mais certainement comme base militaire avec des capacités immenses. Et, pendant les cent prochaines années, ils auraient payé Kiev qui s’appauvrissait à vue d’œil, assez pour faire taire le gouvernement et le Majlis tatar de Crimée, et pour limiter les appétits de la Turquie pour la péninsule.
Le 13 Février 2014, lorsque les pneus et les troupes de Berkut brûlaient à Maidan, une escadre de la marine américaine conduit par le porte-avions « George Bush », transportant 90 avions et hélicoptères à bord, escorté par 16 navires de guerre et trois sous-marins nucléaires a quitté Norfolk pour la mer Egée. Dix jours plus tard, lorsque le président Ianoukovitch a été renversé du pouvoir à Kiev, l’escadron a traversé le Bosphore et est entré dans la mer Noire.
Sa destination finale était les côtes de Crimée, où les marins américains espéraient voir le long des murs entourant la base navale russe de la flotte de la Mer Noire des bannières étoilées et de jeunes filles de Crimée portant des vyshivanki (habits traditionnels : NDT) et des jupes courtes pour les accueillir avec le pain et le sel. Mais les Américains n’ont jamais vu les côtes de Crimée et ils n’étaient pas les bienvenus. Les « gens polis » étaient déjà apparus en Crimée, et la marine russe menait des exercices à proximité.
L’escadre américaine fit demi-tour pour s’amarrer au large de la côte de la Turquie par précaution. Le destroyer « Donald Cook » fut envoyé en reconnaissance, qui, dans un premier temps, prit joyeusement la direction de la Crimée. C’est alors qu’eut lieu l’incident déjà largement connu avec le bombardier Su-24 russe qui simula, plus de dix fois, une attaque contre le navire américain qui n’a jamais pu le détecter avec son radar.
L’avion a été observé visuellement, mais il était invisible aux radars, y compris les lanceurs de missiles. Le système antiradar « Khibiny » le rendait invisible. Le destroyer fit retraite vers un port roumain, et très vite, toute l’escadre américaine rentra chez elle. L’entrée victorieuse dans Sébastopol fut annulée.
« Les Américains s’étaient préparés très sérieusement et à fond pour leur entrée en Crimée, – a déclaré un membre du Comité du Conseil de la Fédération pour la défense et la sécurité, Dmitry Sabline. Un an avant les événements de Maïdan à Kiev, ils ont fait des estimations des réparations pour un certain nombre de bâtiments à Sébastopol et à Simferopol, où ils avaient prévu de loger les quartiers généraux et les unités de renseignement. Des aérodromes militaires et des garnisons, qui appartenait alors à l’Ukraine, furent considérés comme leurs propres installations militaires et ils envoyèrent même des instructions pour leur conversion aux normes de l’OTAN. Dans les plans de l’armée américaine, la mise à niveau en Crimée devait débuter en Avril 2014. Il leur semblait que la question avait été réglée. Mais le référendum avait fait tomber leurs plans par terre, et le 18 Mars, la Crimée est redevenue une terre russe où des invités d’outre-mer n’étaient plus les bienvenus. Les Américains eux-mêmes ont reconnu plus tard que les Russes les ont dominés sur tous les plans. Et alors, d’impuissance, ils imposèrent des sanctions, en guise de revanche pour la Crimée ».
Même les experts occidentaux, qui ne peuvent pas être accusés de complaisance vis-à-vis de la Russie, disent que les Américains avaient prévu de créer une base militaire puissante en Crimée Et si l’on considère le fait que 2017 était la date limite pour l’accord avec l’Ukraine sur le bail de la flotte russe de Sébastopol comme base navale, les États-Unis aurait obtenu la domination complète dans la Mer Noire. A partir du territoire de la Crimée Voronezh et Moscou peuvent être facilement ciblés, et, si besoin, même … la Turquie.
« Après l’effondrement de l’Union Soviétique la Turquie avait, une fois de plus, commencé à considérer la Crimée comme faisant partie du monde turc. Aujourd’hui, Ankara soutient ouvertement le parti du Mejlis tatar de Crimée, qui organise des événements pour le blocus de la Crimée, finançant des formations armées sur le territoire de la région de Kherson qui organisent des provocations à la frontière russo-ukrainienne, dit le chef du centre de recherche de Crimée de l’Institut des études orientales de l’Académie des sciences de Russie, Alexander Vasiliev. Mais ici , la Turquie, en tant que pays de l’OTAN, a un conflit d’intérêts avec le « grand frère », les Etats – Unis. Les Américains préfèrent agir de façon indépendante dans la mer Noire et il serait peu probable qu’ils laissent la Turquie aller en Crimée, excepté dans des conditions de confrontation avec la partie russe de la population de la péninsule. Il est possible que Ankara puisse même rompre les relations avec Washington, car elle revendique la Crimée pour elle seule ».
La Russie est désormais en train d’équiper activement la Crimée, et pas seulement comme une zone de villégiature. La flotte de la mer Noire a été renforcée par vingt navires modernes, dont six sous-marins, une frégate (d’autres viendront plus tard), un croiseur lance-missile, des petits navires lance-roquettes. Un groupe important de forces de réaction rapide composées de parachutistes et de marines est basée sur la péninsule.
Ils sont soutenus par une division d’avions de chasse et des forces de défense aérienne, constituée des nouveaux systèmes de défense anti-aérienne S-400. Bientôt arriveront des missiles balistiques « Topol-M » et « YARS », qui au mieux peuvent être suivis par les Américains, mais non détruits. Les complexes de missiles « Iskander-M » et « Bastion » ne permettent tout simplement pas à l’ennemi potentiel de se rapprocher du territoire de la Crimée à une distance de 500 à 2000 kilomètres.
« Naturellement, nous ne renoncerons jamais à la Crimée, en dépit de toutes les menaces et sanctions des États-Unis, a déclaré Dmitry Sabline. En plus de la rhétorique patriotique, qui, bien sûr, n’est pas à la dernière place, et vous ne pouvez pas rejeter les paroles de la chanson à propos de Sébastopol, qui est considérée comme la ville de la gloire des marins russes, la Crimée est un emplacement stratégique en termes militaires. Si vous prenez une analogie historique, c’est comme Stalingrad en 1942 – si les troupes soviétiques n’avaient pas pu tenir sur la Volga, alors les Allemands se seraient engouffrés vers Bakou, l’Oural, l’Inde. Et les sanctions … Les mouches sont ennuyeuses pour un ours, mais il se contente de les chasser d’un haussement d’épaules ».
Auteur: Viktor Sokirko
Traduction Avic – Réseau International
Source : http://www.fort-russ.com/2016/03/how-russia-ruined-american-plans-in.html
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé