PROJETS DE PIPELINE

Des retombées « négligeables » pour le Québec

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Des «pinottes» pour le Québec

Les projets de transport de pétrole des sables bitumineux vers le Québec produiront des retombées économiques « négligeables » pour la province, conclut un nouveau rapport produit par un cabinet d’experts en énergie à la demande de groupes environnementaux.

Le rapport évalue que le secteur du pétrole brut contribue actuellement à 0,50 % de l’ensemble de l’économie du Québec et à 0,30 % de tous les emplois de la province. Et même avec l’inversion de la ligne 9B d’Enbridge, la réalisation du projet de cokéfaction de Suncor à Montréal et la construction de l’oléoduc Énergie Est de TransCanada, l’« apport économique relatif aux activités d’exploitation serait négligeable », fait valoir le document rendu public lundi. « En effet, l’ensemble du secteur du pétrole brut continuerait probablement de contribuer à environ 0,50 % de l’ensemble de l’économie et à 0,30 % de tous les emplois de cette province. »

Intitulé Transport et traitement du pétrole brut des sables bitumineux au Québec : enjeux économiques, le rapport reprend par exemple les prévisions publiées par TransCanada dans la présentation de son projet Énergie Est. Pour la phase de construction, on évalue que 7319 emplois seraient liés au projet. Cela comprend notamment les emplois directs (2764), les emplois indirects (2899) et ceux induits.

Au cours de la phase d’exploitation, 203 emplois directs seraient créés au Québec, selon la pétrolière albertaine. Quant à l’apport au PIB de la province, on l’estime à 6,4 milliards de dollars sur une période totale de 46 ans — 138 millions par année — comprenant la construction et l’exploitation du pipeline. Ce tuyau, d’un diamètre, parcourrait le Québec sur plusieurs centaines de kilomètres et transporterait 1,1 million de barils de brut chaque jour destinés à l’exportation.

Pétrole contre durabilité

Selon les auteurs du rapport produit par le Goodman Group Ltd., basé à Berkley, ces emplois liés aux énergies fossiles ne font pas le poids lorsqu’on les compare à ceux générés pour développer des technologies dites « vertes ». « Chaque million de dollars investi dans les projets de construction d’oléoducs et d’amélioration des raffineries se traduit par la création d’environ huit années-personnes de travail au Québec. À titre comparatif, pour le même montant investi dans la construction d’installations d’énergie verte, 15 emplois sont créés. »

Les chercheurs font en outre valoir que d’autres secteurs de l’économie jugés plus durables génèrent beaucoup d’emplois de retombées économiques au Québec. C’est le cas des technologies de l’information et des communications, qui comptent environ 175 000 emplois. Le secteur agroalimentaire apporte quant à lui plus de 20 milliards de dollars au PIB.

En ce qui a trait au tourisme, le secteur contribuerait pour près de huit milliards de dollars annuellement au PIB. Or, ce secteur pourrait se retrouver « à risque » en raison de la réalisation des projets de pipelines, selon le Goodman Group. Des élus de la Côte-Nord, du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie ont notamment dit craindre les impacts du port pétrolier que TransCanada veut implanter à Cacouna sur le tourisme. Cette industrie est vitale pour plusieurs régions de la province.

En plus des faibles retombées économiques, les groupes environnementaux qui ont présenté le rapport ont dit craindre de voir le Québec rater complètement ses cibles de réductions des gaz à effet de serre en devant un joueur-clé dans la commercialisation du pétrole albertain. « L’accroissement de la production des sables bitumineux liée au projet Énergie Est de TransCanada augmentera nos émissions de gaz à effet de serre de 32 millions de tonnes par année, soit l’équivalent de 7 millions de voitures par année », a soutenu Steven Guilbeault d’Équiterre.

L’impact à la hausse sur le dollar canadien de l’exploitation des sables bitumineux et des autres ressources naturelles a causé la perte de près de 32 000 emplois dans le secteur manufacturier québécois entre 2002 et 2008, conclut par ailleurs le professeur de science économique Serge Coulombe, dans un chapitre du cinquième volume de l’ouvrage Le Québec économique, dirigé par Luc Godbout et Marcelin Joanis.


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