Hommage à la vieillesse

C’est en vieillissant qu’on apprend à vieillir

Vieillir

Tribune libre

Vieillir, un mot qui fait peur, un mot qui résonne comme le prélude à la mort. Notre corps subit petit à petit les flétrissures. Notre esprit perd peu à peu de son agilité. Nos souvenirs s’effacent lentement de notre mémoire. L’avenir s’estompe devant l’ampleur du passé. Vieillir, une triste réalité à laquelle personne n’échappe.

Et pourtant, nous sommes-nous déjà arrêtés sur le privilège que la vie nous accorde de traverser le temps contre vents et marées et de pouvoir assister ainsi au spectacle grandiose que notre âge avancé nous réserve? Nous sommes-nous déjà arrêtés sur le chant mélodieux des oiseaux au lever du jour, l’éclatement des premiers bourgeons printaniers, le sourire éclatant d’un enfant qui amorce avec confiance ses premiers pas?

Avec la vieillesse renaît de notre passé ce don de s’émerveiller devant les petites choses de la vie à la manière de l’enfant devant le miracle de l’avion qui survole le ciel. Avec la vieillesse réapparaît cette belle naïveté essentielle aux méfaits pernicieux des préjugés. Avec la vieillesse, se referme tout doucement le cycle de la vie sur sur l’expérience bénéfique des ans.

Aujourd’hui, à 78 ans, je me suis réconcilié avec la vieillesse. En vieillissant, j’ai appris à vieillir, à être à l’écoute de mon corps et des merveilles de la nature qui m’entourent. J’ai redécouvert toute la plénitude du moment présent. Merci à la vie qui m’a conduit tout doucement jusqu’à la vieillesse, un privilège incommensurable pour lequel je lui suis extrêmement reconnaissant.

Vieillir

Vieillir, c’est mordre dans la vie

C’est oublier tous les regrets

Vieillir, c’est bâtir un palais

Pour enfermer nos souvenirs


Vieillir, c’est vivre le présent

C’est se réjouir d’un sourire

Vieillir, c’est pleurer en chantant

Au bras d’une femme à chérir


Vieillir, c’est se prendre la main

En guise de quelques mots d’amour

Vieillir, c’est ignorer demain

Et vivre en se faisant la cour


Vieillir, c’est s’asseoir sur un banc

Ta tête penchée sur mon épaule

Vieillir, c’est rire tout en pleurant

Ta joue et la mienne qui se frôlent


Vieillir, c’est croire en l’éternel

Tels deux vieux fous épris de vie

Vieillir, c’est couvrir de son aile

Le coeur de la belle endormie


Henri Marieau, Québec



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3 commentaires

  • Henri Marineau Répondre

    15 juin 2025

    La vieillesse est un passage obligé, M. Champoux, que vous le vouliez ou non...À quoi se mettre la tête dans le sable?...


    Correction: À quoi sert de se mettre la tête dans le sable?


    • François Champoux Répondre

      26 juin 2025

      26 juin 2025
      Réplique de M. Marineau : La vieillesse est un passage obligé, M. Champoux, que vous le vouliez ou non...À quoi se mettre la tête dans le sable?...
      Correction : À quoi sert de se mettre la tête dans le sable?
      Merci M. Marineau de votre commentaire au mien.
      Je pense que certains n’ont pas la chance de vivre ce que vous appelez un passage obligé : la conscientisation du temps qui passe vient très vite lors des premières années de notre vie adulte. Ce qui nous fait dire que nous sommes vieux, même à 30 ans comme je l’ai faussement pensé lorsque j’ai lu ceci vers cet âge de 30 ans : «Ne regrettez pas de vieillir; c’est un privilège refusé à plusieurs.»
      Non, je ne suis pas «vieux», et c’est ce que je m’efforce de penser maintenant, de tout mon esprit, de toute ma spiritualité : je refuse cette étiquette des apparences qui cataloguent les personnes justement selon ce qu’il nous est permis de visualiser.
      En fait nous sommes toutes et tous des personnes âgées… : ni vieilles, ni jeunes : âgées!
      Qu’est-ce que 100 ans vis-à-vis de l’éternité du temps, vis-à-vis de l’âge de ce mystérieux cosmos? Je sais que je suis et que je dois être maintenant : ni jeune, ni vieux, mais être, toujours être jusqu’à ma permanente transformation pour l’éternité. C’est là la réalité de tout, que ce soit dans l’infiniment petit, ou dans l’infiniment grand.
      Oui, je suis un matérialiste dans la définition philosophique du terme : «l’esprit vient de la matière.» C’est ma croyance, ma foi à ce mystère de la vie et de la mort. C’est pour cela que je pense que ce passage du temps de vie n’a pas d’âge en termes de «vieux» ou «jeune» : j’ai connu des «jeunes» qui avaient une spiritualité très évoluée vis-à-vis du mystère de la vie et de la mort, et des «vieux» dont l’évolution demandait davantage de perspective…
      Nous devons garder notre souplesse d’esprit, cet esprit qui vient de la matière, cette matière qui nous fait spirituels jusqu’à notre disparition (transformation), et ce, peu importe notre nombre de rotations de la planète, autour de l’astre du jour.
      Évidemment, vous avez raison de dire que le passage obligé du temps "est", mais il n’est pas vieillir. Il est transformation de la matière : perpétuellement, continuellement, consciemment, de plus en plus consciemment, jusqu'à la transformation de la spiritualité, de la matière. Le tout demeure mystère.
      Merci de votre réplique.
      François Champoux, Trois-Rivières

  • François Champoux Répondre

    13 juin 2025

    13 juin 2025

    “C’est en vieillissant qu’on apprend à vieillir.”


    Voilà bien une lapalissade digne de celle qui nous enseigne que “c’est en forgeant que l’on devient forgeron.” 


    Mais je doute que ce soit toujours en vieillissant que l’on apprenne à vieillir; il y a des gens âgés de plusieurs années qui n’ont jamais appris les leçons de la vie : ils ont connu un blocage qui les a laissés à une fixation, à des certitudes sans jamais les remettre sérieusement en question. Et le tout n’a rien à voir avec le niveau du quotient intellectuel.


    Dernièrement, nous avons fait un café-philo sur les affres et les dangers de la vieillesse, et la question nous venait du plus jeune de nos participants (à peine 26 ans). J’ai d’emblée commencé mon argumentation par souligner qu’il y avait bien des mots qui ne devaient plus être dits, en référence au mot en “N” (Nègre) qui ne devait plus être utilisé. J’y ajoutais ironiquement ce mot en “V” (pour Vieux) que tout un chacun devait éviter d’utiliser pour se qualifier en parlant de sa propre personne.


    Je soulignais qu’il y avait de jeunes personnes qui par leur intransigeance devaient être qualifiées de “vieux” tellement il répondait à la définition sarcastique et ironique de “vieux” du Père Gédéon Plouffe : “Les raideurs changent de place en vieillissant.” 


    L’art de bien vieillir demande justement de garder cette souplesse d’esprit pour toujours remettre en question des certitudes qu’on croit absolues. Je me souviens de m’être considéré “maintenant vieux” : je venais d’avoir 30 ans! Quelle erreur! Par chance, avec le temps j’ai réalisé ma méprise : on est “vieux” parce qu’on décide que nous le sommes! Une erreur à chasser de notre esprit. 


    C’est encore celle que nous rappelait Jean Gabin dans son monologue chanté “Maintenant je sais” : il concluait sa chanson par cette loi socratique qu’“on ne sait jamais”. Il croyait savoir parce que maintenant, il avait 60 ans!


     Je pense de plus en plus que pour se garder jeune, il faut dire NON à la vieillesse; un NON qui refuse justement l’excuse de la vieillesse pour arrêter de se garder jeune, en forme. Comment? Par une juste modération sans s’interdire les joies que notre jeunesse nous a apprises, il n’y a pas si longtemps. Et rien n’empêchera notre disparition à jamais. Mais nous aurons su être vifs par cette capacité à dire NON à une fatalité qui nous vient trop souvent des autres.


    C’est le philosophe Alain, qui nous y a conscientisés par cette courte maxime : “Penser, c’est dire NON.” 


    Je pense qu’il faut refuser de juger sur les apparences, car celles-ci sont souvent trompeuses.


    François Champoux, Trois-Rivières