Hydro-Québec vient de réviser à la baisse, pour les dix prochaines années, ses prévisions de croissance de la demande d’électricité pour la grande industrie, ce qui laisse croire que le secteur industriel de l’économie du Québec s'affaiblit.
Selon les documents qui viennent d’être déposés à la Régie de l’énergie par Hydro-Québec, dont notre Bureau d’enquête a pris connaissance, la demande industrielle est révisée à la baisse de 5,5 TWh (térawattheure ou cinq milliards de kilowatts-heures) en 2023 par rapport aux prévisions de 2014 pour la même année. Ceci malgré les Plans Nord et les contrats spéciaux et les rabais de 20 % consentis aux tarifs d’électricité de la grande industrie.
Par rapport aux prévisions de croissance de 2007 sur 10 ans, la chute de la demande industrielle pour les dix prochaines années à compter de 2015 représente l’équivalent de la consommation électrique de deux alumineries.
«La délocalisation et les fermetures dans la grande industrie vont continuer de se matérialiser de façon significative pour la période qui se termine en 2023», déclare Luc Boulanger, directeur exécutif de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité.
En dépit du Plan Nord
«Même avec la révision à la baisse, ça m’apparaît encore surestimé pour le secteur industriel», soutient de son côté l’analyste en énergie Jean-François Blain. Il ajoute: «la situation s’aggrave du fait qu’il n’y a plus de croissance comme celle qu’on a connue au cours des décennies précédentes».
Cette chute annuelle de la demande industrielle anticipée sur le marché québécois est équivalente à 70 % de la production prévue de 8 TWh des quatre centrales hydro-électriques actuellement en construction à La Romaine sur la Côte-Nord. En 2023, Hydro-Québec n’aura besoin que de 55,9 TWh pour répondre à la demande de la grande industrie par rapport à la consommation actuelle de 55,5 TWh et aux 61,4 TWh sur lesquels on comptait encore l’an dernier.
Report des investissements
Malgré des tarifs les plus bas en Amérique du Nord (selon l’Edison Electric Institute), Hydro-Québec est confrontée à des alumineries qui reportent leurs investissements et des usines de pâtes et papier qui ferment.
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