L'écologiste Ugo Lapointe juge «abusive» la poursuite intentée contre lui-même et Le Soleil

Commentaire - Yves Claudé "Une forme légale de terrorisme judiciaire et politique"

Vigile

Louis-Gilles Francoeur - «Le combat d'Ugo Lapointe est notre combat à tous», ont déclaré conjointement hier à Montréal plusieurs des leaders écologistes du Québec.
Ugo Lapointe, cofondateur et porte-parole de la coalition Meilleure Mine, se retrouvera demain devant la Cour supérieure de Québec pour lui demander de mettre fin à la poursuite, qu'il juge «abusive», intentée contre lui-même et le quotidien Le Soleil au début de janvier.
L'écologiste, défendu gratuitement par le président de Nature-Québec, Me Michel Bélanger, fera valoir que la loi 9, sanctionnée en juin 2009, s'applique à ce dossier.
Ugo Lapointe a répété qu'il n'avait jamais accusé la société Pétrolia d'avoir volé des richesses naturelles, une accusation qu'il a faite en guise de métaphore en qualifiant de vol de ressources non renouvelables et collectives le fait qu'il est permis au Québec d'extraire et de vendre du pétrole et du gaz au stade de l'exploration sans payer de redevances.
Meilleure Mine a été fondée pour critiquer et faire évoluer les politiques publiques dans le secteur minier, un secteur balisé par une loi jugée désuète et abusive en raison des privilèges qu'elle accorde à cette industrie.
Le poète-chansonnier Richard Desjardins, qui prépare un film-choc sur l'industrie minière, a expliqué qu'il ne craignait pas ce genre de poursuite même si, dit-il, son film pourrait frapper davantage.
En tant que cofondateur de l'Action boréale Abitibi-Témiscamingue (LABAT), il tenait à manifester sa solidarité avec Ugo Lapointe. Richard Desjardins ne participait toutefois pas à cette conférence de presse, mais il y assistait dans la salle avec des représentants de plusieurs autres groupes écologistes. Les responsables de cette conférence de presse étaient l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Nature Québec, la Ligue des droits et libertés et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).
La ligue a d'ailleurs fait savoir hier qu'elle amorçait une tournée provinciale pour offrir une formation sur les poursuites-bâillons et le potentiel que représente cette loi. Mais cette dernière demeure malheureusement muette sur les mises en demeure qui découragent bien des citoyens d'exercer leur droit de parole publique, même si elles débouchent rarement sur une véritable poursuite.
D'autres requêtes en cours
Présentement, plusieurs requêtes sont en cours contre des poursuites-bâillons, dont celles des citoyens de Cantley qui ont obtenu gain de cause mais sont enlisés dans la réclamation de dommages-intérêts. L'importante poursuite contre l'éditeur Écosociété demeure toujours pendante. Enfin, tout récemment, dans le recours collectif intenté contre SNC-Lavalin par les citoyens de Shannon, la firme d'avocats Lavery tente d'utiliser la loi antibâillon pour ce qu'elle qualifie d'abus de procédures.
Cette loi a été adoptée pour «pour prévenir l'utilisation abusive des tribunaux et favoriser le respect de la liberté d'expression et la participation des citoyens aux débats publics», comme l'indique son nom.


Commentaires

Yves Claudé

jeudi 28 avril 2011 05h15
Une forme légale de terrorisme judiciaire et politique
Dans un contexte socioéconomique qui est caractérisé par une concentration de plus en plus marquée de la richesse et du pouvoir, les poursuites-bâillons devraient être soumises à une répression légale beaucoup plus énergique, et les citoyens victimes cette forme de terrorisme judiciaire et politique devraient bénéficier d’un support juridique actif de l’État, dès que les premières procédures sont entreprises à leur endroit.
En effet, l’attaque contre la liberté d’expression des citoyens commence dès la réception d’une mise en demeure, et à moins d’être admissible à l’aide juridique, cette liberté deviendra des plus relative si elle implique une catastrophe financière pour la personne victime d’une poursuite-bâillon.
Les pratiques actuelles des puissances financières visent d’ailleurs habilement à contourner la loi qui a pourtant pour objectif d’empêcher des poursuites abusives. On attaque d’abord le citoyen ou le regroupement de citoyens en exigeant une somme gigantesque avec un recours originant d’un puissant cabinet d’avocats. On propose ensuite une entente hors cours qui va non seulement prendre la forme d’un racket financier, mais aussi d’une opération de censure radicale, puisqu’elle impose à l’autre partie de s’auto-censurer sur des questions d’intérêt public, avec l’obligation supplémentaire de tenir secrète cette entente.
Nous nous trouvons donc, dans le cas des poursuites-bâillons, dans une situation de quasi dictature politique, puisque le citoyen n’est plus en mesure de nommer publiquement ce qui devrait faire l’objet de débats. Ce désordre causé par les riches et les puissants est potentiellement générateur de violence: les législateurs et acteurs du système judiciaire devraient prendre leurs responsabilités à cet égard.
Yves Claudé - sociologue
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P. Boutet

jeudi 28 avril 2011 10h00
@ Yves Claudé
La violence fait partie des objectifs du système actuel. Si les gens embarquent dans la violence, les gouvernements deviennent alors justifiées d'utiliser la répression. voilà pourquoi je me plais à qualifier le nouvel ordre mondial de désordre planifié. Les riches ne désirent rien d'autre que voir les populations utiliser la violence afin de pouvoir user de leur puissance militaire. Ça fait partie de la logique tordue des puissants de ce monde.
Dans le cas de Ugo Lapointe, on constate bien l'importance de sous peser les mots qu'on utilise. Les citoyens on affaire à des géants juridiques qui ne cherchent que la phrase dépassant le juridiquement correct. La métaphore demeure tout de même une bonne défense.
Tout réside dans deux stratégies:
1. Bien faire comprendre aux citoyens qu'ils n'ont plus le contrôle de leur destinée.
2. Tout faire pour que les citoyens passent à la violence.
Il faut donc jouer sur une corde sensible des entreprises qui est la réputation. Mais il faut le faire avec l'argumentaire et non de manière à porter flanc aux poursuites. Une des techniques consiste à argumenter avec l'entreprise en copie conforme ouverte avec des média. Les média, lorsqu'ils sont de bons reporter, mettent sur la place publique ce dont ils ont été mis au courrant et peuvent utiliser l'argumentaire des citoyens pour mettre en boîte l'entreprise.
De cette façon l'entreprise ne peut poursuivre les citoyens parce que ce ne sont pas ces derniers qui ont amené l'affaire sur la place publique mais les média qui auront fondé leur reportage sur un argumentaire qui se tient. Ainsi l'objectif de l'atteinte à la réputation est réussi et tout le monde est protégé.
Par contre l'argumentaire doit être béton et l'aide de bons avocats peut être nécessaire. Ici on utilise donc les avocats de manière préventive et non de manière curative... si on peut s'exprimer ainsi.
D'où l'importance, pour l'entreprise privée et certains gouvernements


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