Depuis la publication des plus récentes données issues du recensement de 2006, on entend partout parler du «recul du français» au Québec. Après la très amplifiée crise des accommodements raisonnables, voilà que politiciens et médias nous mijotent une crise linguistique tout aussi factice.
Soyons clairs: les statistiques du recensement ne révèlent pas de «recul» du français dans la province. Au contraire, la langue majoritaire garde sa place dominante, malgré la faible natalité des francophones de souche et l'augmentation de l'immigration. Les nouvelles sont bonnes, pas mauvaises.
En ces matières, il faut étudier les tendances à long terme plutôt que les variations de cinq ans en cinq ans, qui sont tributaires de conjonctures particulières. Le graphique accompagnant ce texte, portant sur les 15 dernières années, permet de constater l'évidence au premier coup d'oeil: le français n'est aucunement menacé par l'anglais.
Vrai, la proportion de Québécois dont la langue maternelle est le français a glissé de 82% en 1991 à 79,6% en 2006. Ce glissement était prévisible et inévitable: les Québécois francophones font peu d'enfants et accueillent davantage d'immigrants. Aucune loi, charte ou Constitution n'y pourrait quoi que ce soit.
Cette situation serait préoccupante si les immigrants venaient gonfler les rangs de la communauté anglophone. Or, ce n'est pas le cas. De 1991 à aujourd'hui, la part des Québécois parlant anglais à la maison est passée de 11,2% à 10,6%. A-t-on vu un journal, une télé, un parti parler d'un «recul de l'anglais»?
Depuis 1991, le pourcentage de Québécois parlant français à la maison (que ce soit leur langue maternelle ou non) s'est maintenu (83% en 1991, 81,8% en 2006). Le nombre d'immigrants est pourtant passé de quelque 30 000 par an à plus de 40 000 par an. Que se passe-t-il?
Comme le souhaitaient les auteurs de la Charte de la langue française, ces immigrants adoptent de plus en plus le français comme langue d'usage. Des 34 000 nouveaux Québécois qui, arrivés depuis 2001, ont opté pour une autre langue que leur langue maternelle, 26 000 ont choisi le français. C'est 75%, contre 40% dans les années 60 et 70% dans les années 80. Là où ça compte, chez les immigrants, le français progresse.
Le recensement de 2006 montre donc qu'il n'y a ni recul ni menace, que les politiques en place fonctionnent. C'est dans la sérénité qu'on devrait envisager des mesures supplémentaires dans l'espoir de faire encore mieux.
Le Parti québécois voudrait obliger l'État à donner des cours de français à tous les immigrants qui en ont besoin, et inciter très fortement ces derniers à les suivre. Cette approche suppose qu'actuellement, les cours offerts par le gouvernement du Québec ne suffisent pas à la demande. Or, au ministère de l'Immigration, on assure que tous les immigrants qui le souhaitent peuvent suivre un cours de français. Le problème, c'est de rejoindre ceux qui n'en sentent pas le besoin. Il est loin d'être certain qu'une loi les convaincrait davantage que des mesures incitatives.
Dans son projet sur l'identité québécoise, Pauline Marois, suggère aussi d'imposer aux PME (plutôt qu'aux seules grandes entreprises) de mettre sur pied un comité de francisation et d'obtenir un certificat de francisation. À première vue, l'idée ne semble pas mauvaise, puisque beaucoup d'immigrants décrochent leur premier emploi dans des compagnies de petite taille.
Toutefois, il faudrait connaître l'envergure du problème avant de choisir l'outil. Combien de ces petites entreprises ne fonctionnent pas en français? La situation est-elle problématique au point de recourir à un resserrement de la loi et à la bureaucratie qui s'ensuivrait?
Ces avenues proposées par le PQ méritent d'être explorées. Les statistiques du recensement montrent toutefois qu'il n'y a pas péril en la demeure. Sans pour autant se croiser les bras, le gouvernement du Québec doit prendre le temps de s'assurer que les mesures choisies ne feront pas plus de mal que de bien.
- source
Le français progresse
Recensement 2006 - Langue française
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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