Le gouvernement suspend la privatisation d'Aéroports de Paris

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Un recul de la Macronie


Cela ne sera pas pour tout de suite. La crise du coronavirus et l’effondrement de la Bourse ont eu raison du projet de privatisation des ADP, la société qui gère notamment les aéroports de Roissy et d’Orly. Les conditions actuelles de marché ne sont «pas du tout favorables» à une telle opération a reconnu Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, à l’issue du conseil des ministres, mercredi 11 mars.



Le processus de privatisation – qui consiste à céder les 50,6% du capital que l'État détient encore, puisque la société est déjà cotée en Bourse – aurait pu reprendre dès le vendredi 13 mars. Les opposants au projet voulaient lancer un référendum d’initiative partagée (RIP) sur le sujet. Pour ce faire, il leur fallait recueillir 4,7 millions de signatures allant dans ce sens. L’échéance était fixée au jeudi 12 mars à minuit. Le quota ne sera pas atteint, et de loin, puisqu’au dernier comptage, le 4 mars, seules 1,2 million de signatures avaient été recueillies.


Cependant, lors d'une conférence de presse en avril dernier, Emmanuel Macron avait déclaré qu'il souhaitait abaisser ce seuil de signatures à un million. En cette forme, la pétition aurait donc recueilli suffisamment de signatures, ce que ne manquent pas de rappeler les opposants à la privatisation.


Cet échec, malgré tout, au niveau de l'obtention des signatures va tout de même se transformer en succès. Au moins à court terme. Car le gouvernement ne va pas relancer le processus de privatisation. «L’instabilité actuelle des marchés (financiers) montre que les conditions de marché ne sont pas du tout favorables à une quelconque opération de privatisation et en particulier en ce qui concerne ADP», a admis la porte-parole du gouvernement. La crise liée au coronavirus a en effet provoqué un effondrement des Bourses mondiales ces derniers jours.


Face aux difficultés du secteur aérien liées au coronavirus, l'action d'ADP a en effet perdu près de 30% en Bourse depuis le 21 février. À 17h30, ce mercredi, elle perdait plus de 5,5% sur la journée.


Et tous les efforts du gouvernement se concentrent d’ailleurs sur la gestion de cette crise. Le gouvernement met également en avant l’aspect purement financier pour justifier le report. «Nous serions un très mauvais gestionnaire si nous faisions le choix immédiat de céder des actifs et notre participation dans ADP» à des niveaux de cours si faible, a poursuivi Sibeth Ndiaye. Ce qui signifie bien que le principe même de l’opération n’est pas remis en cause…