Sondage Léger Marketing-Le Devoir

Le PQ en terrain majoritaire

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Marco Bélair-Cirino - Alors que les appuis de la Coalition avenir Québec continuent de s'effriter, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, conforte son statut de favorite en vue de la prochaine campagne électorale. La «dame de béton» dirigerait un gouvernement majoritaire si les Québécois étaient allés aux urnes au cours de la dernière semaine, révèle un sondage Léger Marketing-Le Devoir.
Contemplant d'un oeil terrifié les sièges de la deuxième opposition à l'Assemblée nationale il y a à peine deux mois, le Parti québécois se hisse désormais à 33 % des intentions de vote, contre 28 % pour le Parti libéral du Québec et 24 % pour la Coalition avenir Québec après répartition des intentions de vote des indécis.
«Avec une avance de 14 points chez les francophones, c'est clair que le PQ remporterait la majorité des sièges [à l'Assemblée nationale]», souligne d'emblée le président de la firme de sondage Léger Marketing, Jean-Marc Léger. Les dés ne sont toutefois pas jetés, avertit-il. «Ça demeure une lutte à trois. Le PLQ et le PQ sont dans ce qu'on appelle la "zone payante": tu perds 1 %, tu perds énormément de députés; tu gagnes 1 %, tu gagnes des dizaines de députés.»
Québec solidaire et le Parti vert du Québec tirent de l'arrière avec respectivement 6 % et 4 % des intentions de vote. Option nationale, dont le congrès de fondation s'est tenu il y a deux semaines dans la circonscription de son chef Jean-Martin Aussant, Nicolet-Yamaska, ferme la marche avec 2 % des intentions de vote.
La formation politique d'Amir Khadir et de Françoise David, qui était créditée de deux fois plus d'intentions de vote en août dernier, encaisse ce mois-ci son pire score en deux ans.
Le PQ reprend du poil de la bête, opérant notamment une percée majeure dans la région de Québec où, bénéficiant de 33 % des intentions de vote, il coiffe à la fois le PLQ (27 %) et la CAQ (25 %). «Pour la première fois depuis très longtemps, le PQ est en avance dans la région de Québec. La Coalition est [maintenant] troisième à Québec alors que l'ADQ a trôné première pendant longtemps», rappelle M. Léger. Selon lui, la CAQ souffre d'être privée d'«enracinement régional», citant en exemple l'absence de porte-parole caquistes régionaux.
«Retour du balancier»
Le PQ affiche son meilleur score depuis l'élection fédérale du 2 mai 2011 — dont il a subi les contrecoups — et la descente aux enfers de Pauline Marois où la chef péquiste a notamment dû composer avec le départ de six membres de son caucus. «Le PQ était en avance jusqu'au moment de l'élection fédérale. À partir de ce moment, ç'a été la catastrophe», dit Jean-Marc Léger.
Pour sa part, la CAQ a subi une dégringolade de 13 points en trois mois, de décembre 2011 (37 %) à mars 2012 (24 %), tandis que le PQ a vu ses appuis augmenter de neuf points, et le PLQ de six points. Depuis la dernière livraison du sondage Léger Marketing, il y a près d'un mois, les intentions de vote de la CAQ se sont contractées à raison de quatre points.
«Si la CAQ regardait les résultats aujourd'hui sans tenir compte des résultats des derniers mois, à 24 %, elle serait amplement satisfaite. À 24 %, c'est quand même un joueur majeur.»
L'état-major de la CAQ peut néanmoins se consoler, car Jean-Marc Léger estime que «la Coalition n'est pas loin de son plancher» dans les intentions de vote.
L'analyste juge néanmoins fort improbable que la CAQ rafle des circonscriptions dans l'Ouest-de-l'Île si le PQ est susceptible de décrocher le pouvoir au terme de la prochaine lutte électorale. «La CAQ ne peut pas réussir dans l'ouest de Montréal tant que le PQ est perçu comme une alternative au Parti libéral, fait valoir M. Léger. C'est toujours pareil: entre les élections, les allophones sont un peu choqués, ils regardent les alternatives, mais quand arrive le moment de l'élection, l'appui au Parti libéral est élevé.»
Pauline Marois, meilleur premier ministre
Un Québécois sur quatre estime que Pauline Marois ferait aujourd'hui le meilleur premier ministre du Québec. Ils sont ainsi deux fois plus à partager cette opinion comparativement à décembre. La chef péquiste, en tête pour la première fois depuis janvier 2011 dans ce classement, est suivie de François Legault (21 %, -5 points depuis décembre), de Jean Charest (21 %, +6 points), ex aequo, puis d'Amir Khadir (6 %, -1 point).
D'ailleurs, si les répondants étaient 27 % à refuser de prendre position ou à se contenter de répondre «je ne sais pas» cette semaine à cette question, ils étaient 41 % à l'esquiver il y a trois mois.
Taux d'insatisfaction «historique»
Le gouvernement de Jean Charest pâtit d'un taux d'insatisfaction de 70 % (41 % des répondants se disant «pas du tout satisfaits» et 29 % «peu satisfaits»). En revanche, le taux de satisfaction à l'égard des libéraux a crû de trois points depuis la fin de janvier pour s'établir à 24 % (2 % «très satisfaits» et 22 % «assez satisfaits»). «C'est historique. Ça fait 25 ans que je fais des sondages, je n'ai jamais vu un taux d'insatisfaction aussi fort, aussi longtemps», souligne à grands traits Jean-Marc Léger.
Malgré des données statistiques à première vue décevantes, le chef du gouvernement a tout intérêt à réclamer plus tôt que tard la dissolution du Parlement au lieutenant-gouverneur. L'automne sera une période «plus dangereuse pour lui», en raison entre autres de la commission Charbonneau qui poursuivra ses travaux devant des dizaines de milliers de téléspectateurs, selon M. Léger. Dès que Jean Charest mettra la main sur «quelques points de plus chez les francophones [...], il devrait déclencher des élections», croit-il. Le PLQ bénéficie en ce moment de «trois conditions gagnantes»: la «dynamique» particulière créée par la présence de trois joueurs importants sur l'échiquier politique, une CAQ affaiblie par le troisième rang qu'elle occupe, ainsi que le Plan Nord «très apprécié des Québécois» qu'il pourra mettre de l'avant durant la prochaine campagne électorale. «C'est le PQ qui est l'adversaire. Et Jean Charest est habitué de se battre contre le Parti québécois», conclut-il.
Le sondage a été effectué du 5 au 7 mars auprès de 1003 personnes. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d'erreur de plus ou moins 3,1 % dans 19 cas sur 20.


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