Le sapin des Fêtes redevient sapin de Noël, sur ordre du premier ministre

Hier, son entourage politique avait rebaptisé le conifère illuminé, au risque de créer une nouvelle polémique identitaire

Noël et Jour de l'An - 2010- 2011

Québec -- Après avoir été rebaptisé «grand sapin des Fêtes» par le bureau du premier ministre, le conifère illuminé devant l'Assemblée nationale à Québec est redevenu, sur ordre de Jean Charest, un sapin de Noël.
Deux jours après le scrutin général, le gouvernement libéral s'est retrouvé plongé dans une controverse identitaire à propos du grand sapin érigé devant le parlement à l'occasion des Fêtes.
Dans un avis de convocation diffusé à 16h20 mardi, le bureau du premier ministre indiquait que M. Charest participerait, place de l'Assemblée nationale mercredi, à «la mise en lumière du sapin de Noël».
Une quinzaine de minutes plus tard, le cabinet transmettait en catastrophe un nouvel avis comportant «une légère modification» au «libellé» de l'événement. On y soulignait que le premier ministre viendrait plutôt voir s'illuminer le «grand sapin des Fêtes». Exit le mot «Noël».
À l'occasion de la cérémonie, hier soir, aux côtés du maire Régis Labeaume, le premier ministre s'est empressé de corriger le tir.
«Nous sommes devant ce qu'on appelle un sapin de Noël. C'est très clair dans mon esprit et ç'a toujours été très clair», a dit M. Charest, désireux de ne pas soulever un autre débat sur les accommodements raisonnables.
Un employé du cabinet «qui voulait bien faire» avait cru bon de changer l'appellation de l'arbre «pour harmoniser les mots», a expliqué le premier ministre.
Plus tôt dans la journée, les députés libéraux rencontrés ont exprimé des avis partagés sur l'appellation que devrait prendre le résineux enguirlandé en cette ère de diversité.
«Il faut respecter la culture, il faut respecter l'ouverture de tout le monde, a commenté le ministre des Ressources naturelles et député de Kamouraska-Témiscouata, Claude Béchard. Au Québec, nous sommes une société inclusive. Pour ma part, c'est un sapin de Noël alors que pour d'autres cela peut être un sapin des Fêtes. Le but du gouvernement, c'est de rassembler le plus de gens possible.»
M. Béchard ne se formalise pas de la disparition du mot «Noël» au profit d'autres appellations. Au contraire, il y voit l'une des plus belles expressions du multiculturalisme. «C'est ça, le Québec, c'est l'ouverture et le respect de chacune des traditions», a-t-il dit.
Pour autant que les Québécois continuent d'acheter des sapins en masse chaque hiver, le nom que l'on donne à l'arbre n'a aucune importance, a estimé de son côté le ministre de l'Agriculture, Laurent Lessard.
«On en vend, nous autres, des sapins de Noël. Dans notre région, nous sommes de grands producteurs. [...] Est-ce que ça reste un sapin? Ça s'appelle-tu encore un sapin? Nous, on produit des sapins», a souligné le député de Frontenac, peu sensible aux questions identitaires.
Mais pour son collègue des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, l'arbre de Noël a ses racines dans la culture québécoise et ne doit surtout pas s'effacer de l'espace public.
«Je ne connais pas le fondement de la décision, mais à mon avis, on peut parler de Noël sans inquiétude au Québec. Moi, c'est mon cas, le sapin qu'il y a chez moi, c'est un sapin de Noël. [...] Et quand je vois des sapins décorés, j'estime qu'il s'agit de sapins de Noël», a dit le ministre.
M. Pelletier peut se permettre de parler librement. Il assistait à son tout dernier conseil des ministres hier, n'ayant pas sollicité un nouveau mandat aux dernières élections.


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