Le président français Emmanuel Macron a lancé mardi la délicate réforme du code du Travail, son premier grand chantier, en rencontrant syndicats et patronat, auxquels il a donné des précisions de calendrier, sans rien dévoiler sur le fond.
Le chef de l’État veut assouplir rapidement le droit du travail en utilisant la procédure accélérée des ordonnances qui permettent de se dispenser de longs débats parlementaires. Selon la CPME, représentant les petites et moyennes entreprises, M. Macron a annoncé une grande concertation jusqu’à mi-juin. La loi ratifiant les ordonnances interviendrait en septembre.
Ce calendrier resserré est de nature à satisfaire les responsables patronaux qui demandent des réformes rapides. « La réforme du marché du travail doit aller vite, c’est essentiel pour la confiance de déverrouiller le marché du travail », ce qui permettrait d’améliorer les chiffres du chômage, a martelé Pierre Gattaz, le responsable de la principale organisation patronale, le Medef. Le chômage est endémique en France depuis de nombreuses années et, bien qu’en voie d’amélioration, atteint toujours 9,6 % de la population active.
Inquiétudes des syndicats
À l’inverse, les projets du chef de l’État inquiètent les syndicats de salariés qui s’étaient massivement mobilisés l’année dernière contre la loi assouplissant déjà la réglementation française du travail, sous la présidence du socialiste François Hollande.
Reçus tour à tour par le président, les leaders des syndicats de salariés ont mis en garde contre une réforme menée au pas de charge. Pas question pour eux que le dialogue social passe à la trappe pour réformer le code du travail, moins d’un an après une réforme dite « El Khomri », du nom de la ministre du Travail d’alors, qui avait donné lieu à six mois de contestation ponctuée de 13 journées de grèves et manifestations, souvent émaillées de violences. Pour éviter un nouveau conflit, Laurent Berger, à la tête du syndicat réformiste CFDT, a redemandé au président « que la méthode ne soit pas à la hussarde » et laisse « le temps suffisant à la nécessaire concertation ».
« J’ai demandé de ne pas sortir d’ordonnances pendant le mois d’août, d’attendre septembre que les gens soient rentrés de vacances », a aussi dit le président de la CFTC, Philippe Louis. Les organisations de salariés s’inquiètent de nouveaux reculs des droits, même si le contenu des réformes n’a pas été précisé.
«Libérer l'activité des entreprises»
Les propositions devraient reprendre les promesses du candidat Macron avec pour objectif essentiel, libérer l’activité des entreprises. Il s’agit ainsi de privilégier le niveau de l’entreprise, et non plus celui plus contraignant des branches d’activité, pour décider de la plupart des règles de droit du travail, une philosophie qui renforcerait, selon ses détracteurs, le « dumping social » entre entreprises.
L’intention est aussi de plafonner les indemnités touchées par les salariés dans certains cas de licenciement abusif, une mesure ardemment souhaitée par le patronat mais un casus belli pour les syndicats. Le chef de l’État veut en outre réformer la représentation du personnel dans l’entreprise.
Le calendrier des réformes et la méthode des discussions seront discutés avec le premier ministre Édouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud, qui rencontreront les partenaires sociaux mercredi et lundi.
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