La présente lettre est pour vous faire part de notre profond désaccord avec les propos que vous avez tenus dans les débats entourant la lecture du Manifeste du Front de libération du Québec dans le cadre de l'événement le Moulin à paroles, commémorant le 250e anniversaire de la bataille des plaines d'Abraham.
Il est déplorable de voir un représentant du peuple se comporter de la sorte et faire l'apologie de l'ignorance et de l'obscurantisme intellectuels. Il est fort incommodant pour tous les citoyens du Québec d'assister au triste spectacle de votre parti, qui laisse voir son manque flagrant de respect pour la transmission de la mémoire.
Associer la lecture d'un manifeste, qui est, qu'on le veuille ou non, partie intégrante de l'histoire d'un pays, à la volonté de valoriser le terrorisme témoigne non seulement d'un manque de jugement hautement condamnable, mais aussi et surtout d'une mauvaise foi qui laisse pantois.
Du frère Marie Victorin à Gabrielle Roy, en passant par Mordechaï Richler (certainement pas célèbre pour ses accointances avec le FLQ) et Marguerite Bourgeoys -- pour ne nommer que ceux-là, le Moulin à paroles proposera un corpus de textes cueilli à même l'ensemble des documents littéraires fondateurs de l'identité québécoise. Réduire un événement de cette envergure à un cautionnement de l'action terroriste relève de la plus inconséquente prise de position de la part d'un membre de la classe politique.
À ce chapitre, la critique visant la lecture du Manifeste apparaît tel un odieux prétexte laissant sous-entendre l'inévitable filiation entre l'opinion souverainiste et le geste terroriste. S'agirait-il d'une velléité de censure comme à l'époque du chef Maurice Duplessis ou s'agit-il seulement de la sournoise stratégie d'une idéologie politique mise en oeuvre afin de discréditer dans l'opinion publique la conviction indépendantiste?
Votre position est d'autant plus incongrue et non pertinente qu'il est possible de visionner en intégralité sur le site Internet de la Société Radio-Canada la lecture dudit Manifeste. Et il serait pour le moins étonnant de suspecter cette institution fédérale d'encourager une recrudescence du terrorisme politique.
Il est à se demander à quelle source votre parti puise son arrogance, parti qui, faut-il le rappeler, a été élu aux dernières élections avec une bien faible majorité des gens inscrits sur la liste électorale. Si l'on tient compte du nombre invraisemblable d'abstentions (2 448 612), seulement 23 % des votants québécois ont appuyé, en décembre 2008, vos positions.
Il est plutôt téméraire dans une telle conjoncture, où la légitimité de votre gouvernance n'est pas aussi solide qu'on pourrait le croire, d'afficher un tel mépris pour l'intelligence des Québécoises et des Québécois et clouer au pilori une organisation soucieuse de souligner un événement majeur dans l'histoire d'une collectivité. Raconter l'Histoire serait-il devenu un geste politique?
Auriez-vous du mal à digérer que parmi les organisateurs du Moulin à paroles se trouvent des membres du groupe Loco Locass, lequel groupe a obtenu, il y a quelques années, un immense succès populaire avec la chanson Libérez-nous des libéraux, qui posait un regard critique sur l'idéologie de votre parti?
Un représentant du peuple élu par les voies de la démocratie a le devoir de servir à bien et de représenter la collectivité québécoise, et non pas ceux et celles qui ont voté pour son parti. Vous avez manqué une belle occasion de vous positionner en tant que ministre de l'État du Québec. Vous avez préféré la position de ministre du Parti libéral. Cela n'est pas digne de l'ensemble des Québécoises et des Québécois.
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Marc André Faucher, Montréal

Benjamin Hogue,

Simon Beaulieu,

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