Véronique Laflamme - Organisatrice au Front populaire en réaménagement urbain et l’une des porte-parole de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics
***
Vendredi dernier, à Québec, plus d’une centaine de personnes surtout issues de la région de Québec, majoritairement des femmes, ont pacifiquement pris la rue pour protester, comme des centaines de milliers de personnes le font depuis douze semaines, contre l’augmentation des droits de scolarité imposée par le gouvernement Charest.
Répondant à l’appel de la CLASSE, ces étudiantes, citoyennes, mères, travailleuses souhaitaient mettre en lumière les impacts de la hausse des droits sur les femmes, un enjeu malheureusement peu discuté jusqu’ici. Elles voulaient souligner la remise en cause du droit à l’éducation que cette hausse représente, notamment pour les femmes.
Elles n’ont pas pu le faire.
Quinze minutes à peine après le début de la manifestation, alors que plusieurs étaient d’ailleurs sur le trottoir, elles ont été interceptées par les policiers de la Ville de Québec. Motif : l’article 500.1 du Code de la sécurité routière interdit « d’occuper la chaussée, l’accotement, une autre partie de l’emprise ou les abords d’un chemin public […] de manière à entraver la circulation des véhicules routiers » si l’on n’y est pas autorisé légalement.
Résultat : environ 80 personnes, dont la signataire de cette lettre qui avait été invitée à prendre la parole au nom d’une coalition de 140 groupes sociaux au départ de la manifestation, ont été détenues pendant trois heures aux fins d’identification. Lors-qu’elles ont enfin pu quitter le poste de police, elles avaient toutes un constat d’infraction dans leur poche, certaines de 444 $, d’autres de 484 $.
Qu’en est-il alors du droit de manifester garanti par l’article 3 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec et par l’article 2b) de la Charte canadienne des droits et libertés ?
Le statut constitutionnel et quasi constitutionnel de ces Chartes fait pourtant en sorte qu’elles priment le Code de la Sécurité routière. Il n’y a aucune ambiguïté à ce sujet. Le droit de s’associer avec d’autres personnes afin d’exprimer publiquement notre opinion est l’un des fondements de toute société démocratique. Une manifestation ne peut être déclarée illégale que si elle se traduit par de la violence ou des actes de destruction. C’est la Cour suprême du Canada qui l’a dit. Les tribunaux ont également confirmé que la rue était un endroit approprié pour manifester. Vendredi, à Québec, comme à de très nombreuses reprises au cours des douze dernières semaines, il n’y avait aucune raison de limiter la liberté d’expression et le droit de manifester.
Pourquoi alors cette interpellation de masse ? Sinon que parce que les policiers de la Ville de Québec abusent de leur pouvoir dans le but d’intimider et de faire taire les manifestants et manifestantes.
Le droit de manifester est un droit acquis grâce à d’importantes luttes populaires. Un droit qu’il faut préserver. Quels intérêts la police de Québec sert-elle en remettant tout cela en question à coup d’abus de pouvoir ? Toute réponse ne serait qu’hypothèse. Mais dans tous les cas, c’est inacceptable !
***
Véronique Laflamme - Organisatrice au Front populaire en réaménagement urbain et l’une des porte-parole de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics
Pour le respect du droit de manifester
Le droit de manifester est un droit acquis grâce à d’importantes luttes populaires. Un droit qu’il faut préserver.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé