Pour tenter de comprendre ce qui se passe au Liban, il faut parfois traduire en langage clair celui, assez abscons de la diplomatie martiale.
Partons de quelques constats
1- Israël n'a plus que quelques jours. Même Condy Rice l'a rappelé à Ehud Olmert.
2- Les Libanais sont très loin d'une guerre civile. En tout cas, Hezbollah est encore à l'aise au Liban. Parfois critiqué, oui. Renié, jamais.
3- Le potentiel militaire du Hezbollah ne semble pas avoir été entamé sérieusement. À preuve, ni la Syrie n'a éprouvé le besoin de créer une diversion, ni l'Iran de faire un «move» quelconque en vue de le soulager.
4- Chacun des deux protagonistes - Olmert et Nasrallah- sait désormais que l'autre ne bluffe pas, du moins il faut l'espérer. Car si Olmert n'a pas encore compris la différence de nature entre Nasrallah et Arafat ou même Nasser, il n'est pas digne de diriger la république d'Andorre

Ceci dit, une rumeur répandue au Liban, laisse entendre qu'Olmert va attaquer les quartiers chrétiens de Beyrouth. Objectif : terroriser les Chrétiens et les amener à virer capot.
1- Nasrallah déclare aussitôt que si on touche au cœur de Beyrouth, il bombarde Tel Aviv.
2- Olmert, sachant que Nasrallah en a les moyens, réplique à son tour : si tu touches à Tel Aviv, je détruis les infrastructures. En même temps, il s'en prend à des ponts et des routes, mais aussi à des ouvriers syriens dans le Nord. J'y reviendrai.

Traduction du langage martial en langue ordinaire : je t'offre un marché : j'ai bombardé quelques ponts pour ne pas perdre la face. Mais je ne toucherai pas à Beyrouth si tu ne touches pas à Tel Aviv.
Marché conclu probablement. Et jusqu'à nouvel ordre.

Concernant les ouvriers syriens.
Condy Rice a été claire. Les Israéliens ne disposent plus que de quelques jours. Mais Olmert en veut bien plus. Il est enlisé. Alors, rien de mieux qu'une petite provocation des Syriens. Impulsifs comme sont supposés l'être les Arabes, ils vont réagir violemment. Et un feu nouveau sera mis aux poudres. À situation nouvelle, position nouvelle. Les USA seront forcés de donner un nouveau délai. On appelle cela une fuite en avant. Parions que les Syriens vont encaisser sans broncher.
Plus tôt Israël comprendra que Hassan Nasrallah n'appartient pas à l'univers d'Arafat, et encore moins à celui de Nasser, et plus vite finira cette guerre insensée. Il ne parle pas leur langage. Eux faisaient de la rhétorique. Nasrallah est un stratège et, qui plus est, annonce à l'avance ce qu'il va faire. Et fait régulièrement ce qu'il a dit. Il ne bluffe jamais. Un petit détail en passant. Il paraît que de nombreux officiers de Tsahal s'adonnent à l'archéologie. Si quelques uns faisaient un peu d'Histoire ou de Sociologie, ils découvriraient que les Chiites, qui en connaissent un bon bout sur la persécution (celle qui leur est infligée), pratiquent la Résistance armée ou pacifique suivant les époques et les lieux, depuis plus de quatorze siècles.
Olmert aurait peut-être mieux fait de méditer cela, avant de jeter son peuple dans l'aventure.