Transat, l’erreur de Legault

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Vente d'Air Transat : il y a loin de la coupe aux lèvres



Jean-Claude Scraire, ancien président-directeur général de la Caisse de dépôt et placement du Québec de 1995 à 2002, varlope royalement François Legault en l’accusant d’avoir commis une erreur lorsqu’il a affirmé que l’offre d’acquisition de Transat par Air Canada était une « bonne nouvelle » pour le Québec.




« François Legault aurait dû avoir de la réserve quant à l’offre d’Air Canada sur Air Transat, dit-il. Son commentaire positif dès l’annonce de l’offre avait l’air de sceller la transaction comme si elle était inévitable. C’est une erreur importante. »




Et M. Scraire de rajouter : « Alors le premier ministre Legault aurait intérêt à s’assurer qu’il représente prioritairement les intérêts des Québécois et non ceux d’amis et anciens partenaires d’affaires », faisant ainsi référence au fait que M. Legault faisait partie des fondateurs de Transat.




C’est le 16 mai dernier que la direction d’Air Canada a annoncé avoir conclu une « entente exclusive » en vue d’acquérir la totalité des actions en circulation de Transat A.T. au prix de 13 $ l’action.




Le transporteur québécois passerait ainsi dans le giron d’Air Canada pour la somme d’environ 520 millions $. Ce qui représente une aubaine, à comparer aux 5 milliards $ que la société Onex Corporation (de Toronto) débourse pour l’acquisition du transporteur WestJet, de Calgary.




Fervent défenseur du Québec inc., Jean-Claude Scraire croit qu’il est plutôt dans l’intérêt du Québec de ne pas céder Transat à Air Canada ou à un autre acquéreur potentiel.




« En effet, rien ne dit qu’il faille absolument qu’Air Transat soit vendue. Air Transat peut poursuivre seule son futur. C’est ce qui est dans l’intérêt des Québécois, de l’économie québécoise et des voyageurs qui achètent des billets », affirme-t-il.




Pour lui, c’est là la meilleure façon de maintenir vraiment un siège social au Québec. « Et cela peut se faire avec une gestion dynamique, comme le souligne la firme Letko Brosseau. »




Opposition de Letko Brosseau




Précisons ici que la firme Letko Brosseau est à la fois le principal actionnaire de Transat avec 19,3 % des actions du transporteur québécois, et également d’Air Canada, avec 10,3 % des actions en circulation du transporteur canadien.




Et au grand étonnement du merveilleux monde des affaires, les deux dirigeants clés de Letko Brosseau s’opposent farouchement à l’offre d’Air Canada.




Peter Letko et son partenaire Daniel Brosseau trouvent que l’offre d’Air Canada n’est pas assez élevée. À leur avis, Transat vaut beaucoup plus que les 13 $ offerts par action.




Ils osent croire que les deux autres gros actionnaires actuels de Transat, soit le Fonds de solidarité FTQ avec ses 12 % d’actions, et la Caisse avec sa participation de 6 %, trouvent eux aussi que l’offre d’Air Canada est inintéressante.




MAIS...




Que les trois gros actionnaires (Letko Brosseau, la Caisse, le Fonds FTQ) trouvent le prix offert trop bas, cela ne protège pas pour autant Transat contre la mainmise d’Air Canada.




Non seulement l’offre actuelle d’Air Canada a-t-elle reçu le feu vert de la haute direction et du C.A. de Transat, mais en plus tout ce beau monde a financièrement intérêt à mousser l’offre d’Air Canada. Ils vont se partager quelque 54 M$.




Cela dit, Air Canada a depuis hier un compétiteur. Il s’agit de Groupe Mach, un important développeur et propriétaire immobilier au Québec. Il offre aux actionnaires de Transat 14 $ l’action, comparativement aux 13 $ d’Air Canada, soit un petit supplément de 7,7 %.




Et Mach compte sur une aide financière de 120 M$ du gouvernement Legault pour mettre la main sur Transat. À suivre...