Un cheval de Troie dans la forteresse de l’austérité

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Seule la démocratie peut venir à bout de la tyrannie

L’Odyssée raconte qu’il a fallu dix ans à Ulysse pour rentrer chez lui après la fin de la guerre de Troie. Ses descendants font aujourd’hui l’histoire dans le foyer d’origine de la démocratie. Et ils ne vont nulle part. Ils ont déjà placé leur cheval de Troie dans la forteresse de l’intolérance et de l’austérité. Il n’y a pas de retour en arrière après la restauration de la dignité. Et si les Muses s’en chargent, la drachme reviendra.
Les soi-disant « institutions » de l’UE – de concert avec les politiciens des pays riches de l’Union Européenne, d’une médiocrité cosmique – se sont comportées comme des barbares tout au long du voyage, ce qui montre à quel point l’ensemble du machin kafkaïen de l’UE a une haine viscérale pour la démocratie.
Bruxelles et Berlin ont prouvé qu’ils sont dans la continuité du business des changements de régime. Parodiant les exploits des exceptionnalistes en Irak en 2003, ils prônaient la destruction d’un gouvernement démocratiquement élu en Europe par un Shock and Awe [Choc et effroi, ou doctrine de « domination rapide », est une doctrine militaire basée sur l’écrasement de l’adversaire à travers l’emploi d’une très grande puissance de feu, NdE] économique. Ils salivaient à l’idée d’imposer une austérité renouvelée à un gouvernement technocratique intérimaire non élu.
La semaine dernière, une campagne impitoyable visant à semer la peur – déployée par Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, et le président de la Commission européenne et opportuniste certifié Jean-Claude Juncker – a affirmé que le vote non signifierait un Grexit [sortie de la Grèce de l’Europe, NdT]. Maintenant, la possibilité réelle d’un Grexit menace de détruire l’euro.
La plus grande peur de ces politiciens d’une médiocrité cosmique est que d’autres démocraties européennes – à commencer par l’Espagne à l’automne – emboîtent résolument le pas à la Grèce en disant non à l’obsession de l’austérité.
Le simple fait que cela se produise, déjà, est l’acte d’accusation ultime contre la troïka, dont les costards à taille unique enfilés aux économies des pays membres on toujours conduit à la récession, au chômage et à la pauvreté généralisée. Leur notion de l’Europe est morte et enterrée.
Tout est insoutenable
Maintenant, c’est vraiment l’heure des Thermopyles. Tue ou meurs. Il n’y a pas de feuille de route, encore, sur la façon dont la Grèce peut survivre dans la zone euro sans faire éclater sa société déjà meurtrie et malade. Cela impliquerait la fin des politiques profondément anti-européennes.
Le sommet de ce mardi de la chancelière Merkel avec le président français Hollande révèle le désespoir de dernière minute des politicards à la médiocrité cosmique. Merkel court maintenant un risque réel de passer à l’histoire comme celle qui a provoqué le Grexit. Et un Grexit – aussi douloureux que cela puisse être – reste une solution.
La dette de la Grèce est absolument insoutenable – comme on dit en novlangue. Une certaine forme de restructuration est inévitable. Cela signifie qu’un nouveau plan de sauvetage doit être élaboré par les ministres des Finances de la zone euro. Cela peut prendre des semaines pour concocter un nouveau deal. À court terme, la Banque centrale européenne (BCE) est sur une corde raide, ayant à décider quoi faire du système bancaire grec.
Le peuple grec a bénéficié de moins de 10% des 240 milliards d’euros des plans de sauvetage précédents. 90% de cet argent a servi essentiellement à renflouer les banques commerciales allemandes et françaises – la Grèce ayant dû souscrire des prêts d’urgence pour les payer. Et pour obtenir ces prêts, Athènes s’est vu imposer une austérité effroyable par un néolibéralisme déchaîné.
Tout porte à croire que la zone euro va continuer à employer les grands moyens. Même si le FMI lui-même admet qu’un certain allègement de la dette est inévitable, et même si Mme Merkel elle-même, avec un peu d’espionnage de la NSA publié par Wikileaks, a admis (en octobre 2011, déjà) que la dette de la Grèce était insoutenable.
La dette du gouvernement grec est encore un énorme montant de 320 milliards d’euros [dont 150 imposés pour acheter des armes aux USA, en France et en Allemagne, NdT], dont 78% sont détenus par la troïka. Et la troïka est tentée de serrer la vis encore plus – utilisant maintenant la tactique des distributeurs automatiques de billets vides pour provoquer un changement de régime. Pourtant, cela peut provoquer un retour de flamme et précipiter – quoi d’autre? – le Grexit.
Et le Grexit ne sera que le début d’une nouvelle tragédie inspirée par Sophocle. Dès lors qu’un pays rompt avec la monnaie unique, l’union monétaire elle-même est totalement exposée. Le Déesse (néolibérale) du Marché cherchera avidement sa prochaine victime – Espagne, Italie, Irlande.
Le cheval de Troie de la démocratie se trouve maintenant, silencieux, dans la forteresse de l’austérité. La bataille est sur le point de commencer.


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