Jean Charest est assis sur un volcan
15 octobre 2011
Réponse @ Jean-Pierre Bélisle
En ce qui concerne votre premier point, aussi grave que soit la situation chez nous, je ne crois pas qu’elle ait atteint le stade de dégradation de celle du Brésil, pour prendre l’exemple que vous utilisez.
Cela dit, le Rapport Duchesneau n’a rien pour nous rassurer lorsqu’il évoque l’infiltration du crime organisé (lire la mafia) à plusieurs niveaux de l’État québécois, et il devient de plus en plus insupportable que ce soit le cas sans qu’on connaisse véritablement l’ampleur du phénomène, ce qu’une enquête publique serait justement en mesure de nous apprendre.
À partir du moment où l’on accepte les conclusions du Rapport Duchesneau, il n’y a plus moyen d’avoir confiance dans une enquête publique à la transparence totale. Rien ne nous dit que le crime organisé ne s’est pas infiltré jusque dans la magistrature. N’oublions pas qu’un juge (Robert Flahiff) a été condamné il n’y a pas encore si longtemps pour avoir blanchi des sommes d’argent avant sa nomination au banc pour le bénéfice de l’un de ses clients trafiquant de cocaïne qui était identifié au crime organisé http://www.radio-canada.ca/nouvelles/21/21543.htm . Les accusations avaient été réduites en échange de son plaidoyer de culpabilité à l’accusation de blanchiment.
En ce qui concerne votre second point, tout plan d’action passe d’abord par la tenue d’une commission d’enquête publique qui nous permettra de déterminer l’ampleur et la profondeur de l’infiltration du crime organisé dans les structures de l’État.
Il faudra ensuite procéder à un resserrement des contrôles existants et à la mise en place de nouveaux en fonction des problématiques qu’aura révélées la commission d’enquête.
Pour ce qui est de votre dernier point, vous vous souviendrez peut-être qu’un procureur de haut rang justement chargé des poursuites dans ce genre de cas avait révélé l’an dernier que les poursuites étaient souvent difficiles en raison de l’imprécision du code criminel. Or le pouvoir de légiférer en cette matière appartient au gouvernement fédéral en vertu de l’article 91 (27) de la Constitution canadienne de 1867, et le gouvernement fédéral n’a montré jusqu’ici aucun intérêt à apporter les modifications nécessaires. Il préfère se concentrer sur la criminalisation des jeunes délinquants.
Un Québec indépendant aurait le pouvoir d’adopter son propre code pénal et de le modifier à sa guise, selon ses besoins.
Richard Le Hir