L'héritage de René Lévesque et l'histoire d'un échec
1 novembre 2017
Combien de fois avons-nous dit et entendu que le PQ doit se remettre en question, tirer leçon de ses erreurs ? Votre texte est admirable, il permet concrètement de procéder à cette introspection.
J’apprécie beaucoup l’effort que vous mettez à nous montrer la trame des événements, à montrer d’où viennent nos prétentions à survivre et comment, aujourd’hui, nous sommes insignifiants politiquement. Lucide, vous restez optimiste, vous nous permettez d’espérer.
Il est utile et nécessaire de comprendre ce qui se passe, c’est incontournable si on veut sortir un jour de notre torpeur. Il est légitime d’en vouloir au PQ.
Il sera extrêmement difficile de convaincre les militants, les sympatisants et la population des torts de René Lévesque mais c’est pourtant nécessaire. Il faudrait pouvoir « démagnifier » René Lévesque et son époque, faire accepter le mal qu’il a fait au Québec dans sa collaboration avec Claude Morin et ses mauvaises décisions lors des événements cruciaux. Il faudrait, pour le mouvement et pour la population, tirer les leçons qui s’imposent. Il faudrait peut-être un documentaire choc comme L'erreur boréale.
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Nous sommes producteurs, consommateurs et bénéficiaires, nous n’avons pas de temps à perdre à jouer au citoyen de la Cité. Nous sommes comme les autres occidentaux, à la différence que notre peuple est en danger de mort. À cet égard, la santé et l’avenir de notre peuple, les Québécois restent volontairement dans le déni, comme un enfant-roi habitué à réclamer sans s’engager.
Je pense que les Québécois, en majorité ou pour une grande part, voudraient une réforme constitutionnelle plutôt qu’une séparation pure et simple du Canada, mais ils refusent en même temps ce que ça implique, soit qu’il faut d’abord se séparer quand même.
En 1995 la moitié des Québécois, 60 % des Canadiens-français ont dit non au Canada tel qu’il est et pourtant, rien n’a changé, le Canada continue son travail de sape et nous continuons à disparaître petit à petit. On aurait pu s’attendre, au contraire, à une certaine compréhension et à une évolution positive. Non, on nous ignore.
Il faut d’abord se séparer pour espérer ensuite être entendu, pour forcer le reste du Canada à écouter ce que nous avons à dire. Pour l’instant et depuis plusieurs années, nous ne comptons plus dans ce pays, tout se passe au-dessus de nos têtes.
La société québécoise est fortement conditionnée à rejeter ceux qui s’indignent et qui font des histoires, tout doit être simple. La chicane est formellement interdite et si, pour ça, il faut s’empêcher de débattre, eh bien on ne débattra pas. On est comme ça.
J’ai grandi avec cette façon bien à nous d’envisager les problèmes : on endure, ce n’est pas grave si on fait tout le boulot, si on paye tout, après ça ira mieux et il n’y aura plus de problème. C’est ça l’important. Ça ne dérange pas d’en faire plus que les autres pour le moment, après ça ira mieux et on n’en parlera plus.
C’est comme ça qu’on pense. On cherche à éliminer le problème rapidement peu importe comment, on cherche la paix inconditionnellement. On cherche la paix même si pour l’atteindre, comme peuple, on se meurt encore un peu plus.
Cette recherche impérative de paix et de tranquillité entraine une certaine insouciance au regard de l’avenir de la communauté, du peuple. À mes yeux c’est grave.
La majorité des Québécois ne comprennent pas ou refusent qu’il faut « faire la guerre », qu’il faut bousculer les choses pour changer ce qui ne va pas. Nous sommes les descendants des vaincus et encore aujourd’hui, puisque que le dominant continue à nous dominer, notre esprit demeure colonisé.
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Imaginons que le PQ met fin à l’ambiguïté et s’affiche ouvertement confédéraliste par exemple, et non plus indépendantiste ou souverainiste. S’il est sérieux et conséquent, s’il s’adresse principalement à nous (enfin) et cesse de favoriser notre lente mort dans le multiculturalisme canadien, et si ça permet de rassembler enfin tout le monde, allons-y, je voterai PQ.
Cessons de nous battre à côté du champ de bataille, cessons de laisser le champ libre à ceux qui refusent toute réforme constitutionnelle et refusent même d’en parler.
Nous n’avons pas signé cette Constitution, cela devrait se traduire par des actes concrets. Si nous devons absolument faire comme si nous avions signé, et c’est bien ce que nous avons toujours fait, à quoi sert donc cette signature ?
Que le mouvement national québécois se donne enfin un objectif clair et compris par tous, qui permet de rassembler le plus grand nombre, et qu’il affronte enfin le Canada. Pas le PLQ, la CAQ ou QS. Le Canada et ses institutions qui nous empêchent de vivre et d’évoluer normalement.
Que le PQ soit indépendantiste ou confédéraliste, ou qu’il meure et que d’autres partis surgissent, il faut être minimalement nationaliste, on n’en sort pas. Et il faut du courage. Vous avez raison de souligner que « le rapport de force, lorsqu'il se tend, devient vite une charge insoutenable. Or, qui ne s'accroche pas avec la dernière énergie à se défendre dans les moments difficiles, quand l'objectif devient plus palpable et concret, met à risque toutes ses ambitions. »
Je pense que les élus du PQ et les autorités du parti ont complètement intégré la culture du dominant, ils sont devenus multiculturalistes eux-aussi et ainsi, ils ont perdu de vue l’objectif, soit assurer notre pérennité, la pérennité du peuple Canadien-français. Ils en sont rendu à vouloir un État politique indépendant pour reproduire le Canada au Québec.