Référendum initiateur

Ou référendum comme dernière étape?

Tribune libre

Je présente ici mon avis dans la suite du débat auquel participe le dernier texte de Pierre Schneider, Pas les moyens de perdre un référendum. Je pense comme lui, j’ai déjà fait des propositions pour une Constitution ici sur Vigile à l’époque des chroniques d’André Savard.

Quand on demande un engagement clair en « fixant la date » d’un référendum, on présume qu’une victoire à ce référendum sera l’événement déclencheur qui mènera à l’indépendance du Québec. On voit ça comme une prise de position forte du peuple du Québec, une position qu’aucun autre pays ne contestera, sauf quelques exceptions.

Ce que propose M. Schneider et plusieurs autres c’est de construire et de montrer aux gens ce dont on parle ; on fera un référendum pour valider quelque chose de concret qu’on aura préparé et mis en place, une Constitution provisoire par exemple, avec un régime républicain. Le référendum sera l’acte de conclusion venant confirmer l’indépendance du Québec.

Il peut y avoir d’autres choses à valider avant de déclarer l’indépendance mais le mérite de cette approche est de construire toujours, avancer, être occupé à l’échafaudage du pays et en conséquence, en parler tout le temps, prendre la place à la télé et amener le sujet de notre émancipation concrète dans le fil d’actualité des gens. C’est important si on veut changer la mentalité dominante construite patiemment par nos ennemis.

Pour moi et pour bien des gens je crois, la première option a ceci de repoussant : pourquoi les gens quitteraient leur confort actuel pour se risquer dans l’aventure de la révolution ? Car c’est une révolution que nous voulons faire, les gens le savent même si le PQ a toujours tout fait pour camoufler l’action qu’il prétend mener.

Pourquoi les gens, tout d’un coup, se risqueraient à chambouler leur vie confortable ? C’est un principe mécanique je dirais, on ne peut pas planifier quoi que ce soit en ignorant cela. Donc si on est sérieux il faut dire aux gens ce qu’on veut faire, dans quel but, pourquoi c’est urgent, etc. On n’a pas le choix, il faut renseigner les gens, nommer les ennemis, leur dire les vraies affaires (agression permanente, mort programmée, etc.) si on veut qu’ils disent oui un jour à la libération du peuple.

Toute la difficulté est là, la libération du peuple. Comment éveiller efficacement ce sentiment de collectivité en perdition ?

**********

On peut se demander laquelle des 2 manières de faire (référendum initiateur ou approbateur) a le potentiel le plus grand pour augmenter le pourcentage d’appui des québécois lors du vote.

Je pense qu’indépendamment de la stratégie privilégiée il y a des choses à faire, il est très important de s’activer dès maintenant, ne pas attendre 30 jours avant les prochaines élections.

Je comprends très bien la position de Pierre Cloutier, Jean-Jacques Nantel et plusieurs autres. Option Nationale demande un engagement clair du PQ pour montrer sa volonté de procéder. Dans les oreilles de ces indépendantistes et aussi de la plupart des péquistes, il semble que cela ne puisse se traduire autrement qu’en promettant un prochain référendum dans un premier ou un deuxième mandat, un référendum semblable aux deux précédents, un référendum initiateur. Pourtant on sait tous qu’appliquer la même recette ne peut qu’engendrer les mêmes résultats.

Remarquez, on est passé de 40 % en 1980 à 60% environ chez les francophones en 1995. Il y a peut-être une tendance lourde que les sondages nous cachent habilement.

MM Cloutier et Nantel ne demandent pas d’appliquer la même recette employée par le PQ depuis 20 ans, au contraire, ils demandent un discours authentique, ils demandent au PQ de cesser d’être une victime et de prendre la place avec une volonté et une détermination tangible.

Des fois on se complique les choses inutilement. Faire les choses simples, c’est s’adresser au peuple honnêtement, demandant à chaque élection le mandat de procéder à l’indépendance du Québec en s’appuyant principalement sur un référendum. Si on ne gagne pas, on recommence la prochaine fois.

Au point où nous en sommes, pourquoi pas ? Objectivement, procéder ainsi prendrait-il plus de temps pour réussir (plusieurs élections) que le second scénario, un référendum de validation finale ?

Je pense que l’honnêteté et un recentrage du parti sur l’urgence de procéder ne peut qu’apporter des résultats différents de ce qu’on connait depuis 20 ans. Je serais heureux d’appuyer une telle démarche si on s’y met sérieusement. Je le répète, si on est sérieux, on n’attendra pas 30 jours avant les prochaines élections avant de commencer quelque chose.

Si le PQ procède selon le premier scénario il devra faire au moins deux choses s’il veut réussir : d’ici 3 ans, dire et redire qu’il va tenir un référendum, et en parler en long et en large, accepter les interprétations différentes et parfois contradictoires des députés, expliquer aux journalistes que cela est normal. Il n’y a pas d’autres façons pour exorciser le peuple qui est terrifié par cette notion de référendum. Il faut cesser ce jeu d’enfant du référendum de Bonhomme setter qui fait trembler le PQ à chaque élection. C’est tellement pathétique d’avoir honte de la liberté de choisir.

Si le PQ procède avec le premier scénario, il devra aussi expliquer ce que sera le nouveau pays. Les gens le demandent, comment a-t-on pu penser depuis 20 ans que les gens nous diraient oui sans savoir dans quoi ils s’embarquaient ?

S’il s’engage dans cette voie le PQ devra expliquer aux gens en long en large ce que signifient concrètement les avantages d’un régime républicain par exemple. Il devra faire cela d’ici aux prochaines élections, pas 30 jours avant … vous avez compris. Il me semble que les agissements de Couillard et de Charest avant lui nous donnent amplement de matières comme contre-exemples à ce sujet, même chose au fédéral. Il me semble qu’on a de quoi raconter aux gens pour leur ouvrir les yeux.

Expliquer l’agression, dire que nous voulons cesser d’être empêchés à tout bout de champ, pour des considérations étrangères et hostiles, montrer aux gens le dessein de l’ennemi. Comment peut-on sérieusement faire la révolution tout en cachant au peuple l’ennemi qui l’opprime ? C’est ridicule. Ça fait 20 ans que nous sommes ridicules.

Au plan des actions concrètes à faire d’ici les prochaines élections, la différence entre la première option et la seconde, c’est que dans le premier cas il faut expliquer le pays pour avoir un minimum de chances de réussir. Dans le second cas, au lieu d’expliquer, il faut construire, procéder tout de suite au lieu d’attendre l’événement déclencheur.

Je pense que les gens des 2 camps indépendantistes devraient souspeser ce genre de considérations pour prendre position et amener le parti à ne plus être, en tout cas, comme il est depuis 20 ans.


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17 commentaires

  • Robert J. Lachance Répondre

    3 mars 2016

    À Jean Brilland,
    L’important en politique en 1917 c’était : les bonnes personnes, aux bons endroits, aux bons moments. En 1973, en hockey, c’était pareil.
    « Enfin une coupe pour Bowman et les Canadiens, lors de la saison 1972-73, qui récoltèrent 120 points, pour finir premiers au classement général de la ligue. Après une excellente saison, l'équipe pris la mesure des Sabres de Buffalo, 4 matchs à 1, puis des Flyers de Philadelphie, 4-1 encore, et des Black Hawks de Chicago en finale, 4 matchs à 2. Ce fut une finale où les gardiens de chaque clan ne brillèrent pas (score de 8-3, 4-1, 4-7, 4-0, 7-8 et 6-4). »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Scotty_Bowman
    À cette époque, la recherche, la famille, le hockey, le ski de fond, la cuisine, le vin maison et la chanson populaire faisait un fort pourcentage de ma joie de vivre.
    J’aime bien la dernière grille de Pierre. Faut que j’y mette du temps. Je me rallie à déclencheur.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2016

    Version francaise de cette victoire en 1973: https://www.youtube.com/watch?v=OJeGVTlcnyA
    "L'essentiel est dans la victoire et non dans les opérations prolongées.
    L'Art de la guerre"


    Sun Tzu

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2016

    @ Monsieur Lachance (et aux amateurs de hockey...et des belles victoires):
    10 mai 1973 - En 6, le Canadien gagne le match en troisième période après avoir été derrière Chicago pour une bonne partie du match: https://www.youtube.com/watch?v=dlgwaDWchEE . - Pas de version francophone disponible:(
    ____
    Merci pour ces grilles, elles sont très utiles.

  • Pierre Bouchard Répondre

    2 mars 2016

    Bonjour M. Lachance,
    Vous ajoutez une perspective au débat sur le mode d’accession à l’indépendance du Québec. Permettez-moi de rester sur le plan des idées sans faire les spéculations que vous proposez, permettez-moi de conclure peut-être notre échange avec le tableau synthèse présenté à la fin de ce commentaire.
    Je rappelle que ceux qui demandent au PQ de ne pas promettre de référendum envisagent un processus où le référendum, ou l’élection référendaire, vient en fin de processus pour confirmer le travail accompli.
    J’exclue les militants qui seraient pour le statu quo au PQ, ceux qui ne veulent que l’élection du PQ sans mandat spécifique. Voici quelques descriptions utiles.
    Dans une élection mandatoire (A et B), le PQ demande le mandat de procéder et la démarche inclut la tenue d’un référendum, qui est de type initiateur ou approbateur (en fin de processus).
    A
    C’est la position traditionnelle du PQ (en excluant les tristes épisodes sans mandat), c’est la position de M. Cloutier et de M. Nantel, et c’est ce que veulent je crois une majorité des militants.
    B
    C’est la position des gens tenant le discours de M. Schneider, de Gilles Verrier, de Marcel Haché et de bien d’autres. Parmi les militants qui veulent un référendum enclencheur (A) il y en a beaucoup qui veulent en fait un engagement clair du PQ, c’est pourquoi il est possible de les rallier à cette démarche.
    Je crois qu’Option Nationale se rallierait au PQ si une démarche claire était présentée et était accompagnée d’actions tangibles d’ici aux prochaines élections (pas seulement des promesses à 30 jours du vote).
    C
    Au lieu de procéder par référendum, l’événement déclencheur est l’élection. Ce scénario serait probablement approuvé par la plupart des militants en A.
    D
    Dans une démarche où l’événement vient à la fin du processus, ce scénario propose une élection au lieu d’un référendum. On peut imaginer un tel scénario pour l’élection pour un second ou un troisième mandat seulement, pas pour 2018.
    E
    Une déclaration unilatérale d’indépendance est forcément un événement déclencheur, ce n’est pas suivi d’un référendum initiateur, ce ne peut qu’être suivi par un référendum entérineur.
    F
    Un référendum d’initiative populaire est toujours de type déclencheur. Au sens où je l’entends, un référendum entérineur ne peut qu’être l’initiative des promoteurs du projet. Et puis, le sujet d’un référendum d’initiative populaire peut être n’importe quoi.

  • Robert J. Lachance Répondre

    2 mars 2016

    Les catacombes sont des excavations souterraines utilisées depuis l'Antiquité et qui servent initialement de lieu de sépulture pour les corps non brûlés. [Wikipédia->https://fr.wikipedia.org/wiki/Catacombes]
    Ici chez Vigile, je veux dire où sont les titres quand ils ne sont plus dans la liste en page d’accueil sous Éditorial de Vigile, Chroniques de Vigile ou Tribune libre de Vigile.
    En premier, ils se retrouvent augmentés sur une colonne si l’on clique sur Articles suivants ou sur Éditorial plutôt que moins d’articles quand c’est offert. Chemin faisant, je suis remonté à un éditorial du 23 septembre 2014 sans problème, à une chronique du 5 février 2014 et à une tribune du 1 décembre 2015.
    Si vous cliquez sur Auteurs à l’accueil, vous pouvez reculer davantage dans le temps. Pour Pierre Cloutier dont je salue les 563 articles, j’ai remonté à 12 novembre 2006. Pour Pierre Bouchard, 53 articles, au 10 novembre 2006.
    Le tableau est sous votre commentaire.

  • Pierre Bouchard Répondre

    2 mars 2016

    M. Lachance, je ne sais pas ou se trouvent les catacombes de Vigile. Vous avez un tableau à me présenter ? Pouvez-vous m'envoyer le lien svp ?

  • Robert J. Lachance Répondre

    2 mars 2016

    C'est tu bête, j'ai négligé de joindre le tableau !
    Consolation, il apparaîtra avant les explications.

  • Robert J. Lachance Répondre

    2 mars 2016

    Je nous retrouve en rappel en page d’accueil. Merci Vigile.
    À mon dernier commentaire ici, je vous avais donné rendez-vous dans les catacombes pour un tableau renouvelé. Il s’agit d’un tableau spéculatif du genre à suivre, avec plus de questions que de réponses. Il offre une représentation étendue et synthèse de la situation du politique et de la politique au Québec en matière d'interdépendance.
    En tête de colonne, il contient deux possibilités de référendum, une élection référendaire de type catalane et un référendum d’initiative populaire. Le tableau se limite à 2018. Pour faire surprenant et complet, même le PLQ et la CAQ s’y retrouve. Pour faire exploratoire, j’ai ajouté des agents qui pourraient sautés des estrades à la glace.
    J’ai placé en tête des agents Guy Bertrand pour son projet Liberté-Nation de République fédérale du Québec. Il y voit comme parti le plus en mesure de réaliser l’indépendance politique du Québec le PLQ ou un nouveau parti créé pour la circonstance qui réclamerait des électeurs un mandat l’autorisant et lui commandant d’initier une démarche de graduation du Québec de province à pays. C’est ce qui explique mon X à la croisée de Guy Bertrand et de la colonne élection mandatoire. Une élection mandataire aurait pour simple fin la désignation d’une équipe maître d’oeuvre. Si j’ai tout compris, bien entendu.
    En second vient Option nationale pout l’adoption d’un article à ses Statuts fin janvier 2016 et le communiqué suivant : « Ainsi, un gouvernement d’Option nationale adoptera une loi fondamentale qui succédera à la constitution canadienne en territoire québécois et servira de cadre légal d’un Québec en voie d’obtenir sa pleine indépendance. Option nationale adopte actuellement la stratégie catalane. Qui croit qu’ON pourrait prendre le pouvoir seul en 2018. Qui ? Qu’il s’explique.
    Au deux lignes suivantes surprend la présence de deux partis ouvertement fédéralistes, l’un moins que l’autre. Beaucoup moins ? Avez-vous sourcillez en lisant au titre méthodes d’accès ou non à l’indépendance ? Avez-vous lu ce titre ? On peut tu prendre la volonté de Philippe Couillard Premier ministre depuis 2014 de signer la Constitution de 1982 pour une déclaration unilatérale de dépendance, de non à l’indépendance ? Est-ce que la CAQ s’y associerait ou s’en dissocierait ? Elle n’a pas appuyé le premier ministre dans sa demande à Harper à ma connaissance, évidemment limitée.
    Le Conseil national du Parti Québécois s’est donné un mystérieux plan de travail pour trois ans cette fin de semaine à Trois-Rivières. Élection mandatoire, élection référendaire avec ON et QS, déclaration unilatérale si élu majoritaire seul, attente ou support à une pétition pour un référendum d’initiative populaire ? Alexandre Cloutier ? Comme Céline sur un autre sujet,[ je sais pas->https://www.youtube.com/watch?v=zCsuKp9ewLY].
    [Parole et auteurs si désirées->https://www.celinedion.com/fr/track/je-sais-pas-13/] (Elle nous vente), à date !
    Québec solidaire sera-t-il du projet d’ON d’élection référendaire ou d’une peu probable déclaration unilatérale de dépendance avec le PLQ ? Ça aussi, je ne sais pas. je pense que dans la deuxième possibilité, de ses éléments, communiste ou pas, n’en seraient pas. Guy Roy Yves Chartrand ?
    Pour terminer le tableau, je n’ai pas écrit compléter, j’ai retenu les agents Parti sans parti, PSP, et l’Assemblée constituante citoyenne du Québec, ACCQ.
    Sur ce, vous disposez de trois jours pour que je refasse ce tableau pour mercredi prochain, à la lumière de vos commentaires. Le commencement d’une troisième partie à un début. C’est pas Yogi Berra qui va me contredire là-dessus, pas vrai Yogi ? Le fun avec un référendum dirait Ron, qui d'autres Fournier, c’est que vous pouvez perdre les deux premières et gagner la coupe à la troisième. Du déjà vu Paul Houde ?

  • Robert J. Lachance Répondre

    28 février 2016

    À mon âge, il me reste le jeu et la maison plutôt que le travail comme occupation principale. La et le politique sur Internet me divertissent et me gardent en forme plutôt que le logiciel NeuroActive ou la Technique Nadeau. Si en plus ça peut être patriotique, tant mieux.
    J’ai constaté comme vous que dans ce tableau, je suis plus optimiste que j’aurais dit. Mon tableau n’est pas aussi réfléchi que nécessaire. De plus, je n’en ai pas parlé à ma comptable et il a été élaboré avant le Conseil national du PQ à Trois-Rivières aujourd’hui et hier.
    Le titre que fait ici aujourd’hui Henri Marineau de cet événement : « L’indépendance si nécessaire, mais pas nécessairement l’indépendance » m’évoque Angela Merkel ou Joseph Facal. [Wikipédia->https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_la_conscription_(1944)] consulté, je constate que l’expression remonte au moins à Mackenzie King, 1942.
    En réponse à OBJECTIF
    Pour enclencher les événement menant à notre indépendance, Guy Bertrand mise sur une élection mandatoire, ON sur une élection référendaire coalisée comme en Catalogne (fin janvier 2016) et le PQ sur une élection majoritaire et peut-être suivie de la négociation d’une entente Ottawa-Québec préalable, comme en Écosse (Lisée 2014). J’ai ébauché un nouveau tableau sur ce.
    Je mise sur l’évolution du concept de graduation de province à pays dont le premier terme était séparatisme (1980), le second souveraineté (1995) et le troisième indépendance politique que je daterais de la fondation d’Option nationale, octobre 2011.
    Plurinational. Le Québec est un territoire reconnu avant d’être le rêve compréhensible d’une élite québécoise d’une Amérique du Nord française en compétition à celui d’un projet d’Amérique du Nord britannique, plutôt que complètement américaine, qui a pris de l’aplomb à l’ouest de Montréal depuis 1812.
    Ce territoire est habité par la descendance de trois peuples fondateurs : les Premières-Nations, la Deuxième et la Troisième et par des gens qui ont demandé et obtenu de venir s’y ajouter. Le peuple québécois est ainsi à mon sens multinational ou plurinational plutôt que multiculturel.
    Le Canada sans le Québec, CSQ, et non pas le reste du Canada selon la formule consacré ROC se veut multiculturel. Ça lui appartient, à chacun son histoire. Le Québec est majoritairement francophone, et tient à le demeurer, mais plurinational plutôt que multiculturel. L’affirmer, c’est poser la question.
    Rendez-vous dans les catacombes de Vigile pour la suite.

  • Pierre Bouchard Répondre

    26 février 2016

    Bonjour M. Lachance,
    merci de vous prêter au jeu. De prime abord, au vu des éléments dans nos 2 grilles, je crois que vous êtes plus optimiste que moi mais c’est peut-être moi qui suis trop fataliste. Permettez-moi de commenter les résultats. C’est sans prétention évidemment, tous les lecteurs peuvent se faire leur propre grille d’analyse ou procéder autrement. Chacun voit les choses à sa façon.
    OBJECTIF
    Pour moi, dans le premier scénario, l’objectif est de gagner un référendum pour enclencher les événements menant à notre indépendance. Pour plusieurs je crois, c’est peut-être même instantané.
    Vous dites que l’objectif du scénario 1 est de servir un peuple plurinational. Vous pourriez m’éclairer un peu là-dessus.
    Dans le second scénario un référendum n’est pas l’objectif et nous partageons cela.
    CARACTERISTIQUE
    Vous dites : « scénario 1 : blitz de partis » probablement en complément de ce que j’en dis : « blitz de persuasion jusqu'au référendum ». En ce qui concerne le scénario 2 nous voyons la même chose.
    Je mets aussi l’accent sur l’ambiance qui entourera les travaux menant à l’indépendance : dans le premier cas, une fois le référendum gagné, les travaux devraient se faire rondement sans crainte particulière. Dans le second cas cependant, comme il n’y aura pas de vote populaire majoritaire avant la fin, il sera peut-être plus difficile de justifier nos actions, de montrer aux gens, malgré les médias hostiles, que nous sommes légitimes.
    DURÉE DU PROCESSUS
    Nous semblons partager les mêmes échéances.
    ACCEPTATION D’UN RÉFÉRENDUM
    Pour le scénario 1 je dis qu’il y a un gros travail à faire et vous dites qu’il est en cours. Personnellement je ne vois pas ça. Le PQ n’a pas changé d’un iota à ce sujet, il ne se prononce pas, on verra ça en 2018. Optimisme vs fatalisme.
    Pour le second scénario il me semble qu’après des années de travaux en chantier en permanence dans l’actualité, les gens n’auront plus peur du référendum, ils voudront se prononcer. Mais vous avez peut-être raison en disant qu’il y aura du travail à faire.
    DIFFICULTÉ DU PARCOURS
    Personnellement je crois que le scénario 1 est moins difficile à accomplir parce qu’on mise tout sur un instant fort. Vous dites que serait un exercice stimulant et vous soulignez que le second scénario serait enrichissant. Vous voyez le bon côté des choses !
    POTENTIEL DE VOTES POSITIFS
    J’ose prédire tout bonnement que le premier scénario a moins de chances que le second d’obtenir un fort pourcentage de votes positifs. Encore une fois il me semble que vous êtes très optimiste en qualifiant le premier cas de prometteur et le second en disant que c’est dans la poche.
    AUTHENTICITÉ DE LA DÉMARCHE
    Pour moi le premier scénario est le plus simple mais en même temps le plus incertain. Il a le grand mérite d’être clairement authentique, plus de maudites cachettes, plus de honte. Le second scénario verra régulièrement l’ennemi remettre nos actes en question et mettre des batons dans les roues à toutes les occasions.
    De votre côté vous qualifiez le premier processus de « régénérationel » et le second de « plurinational ». J’aurai besoin d’explications.
    RECONNAISSANCE INTERNATIONALE
    Nous voyons les choses de la même façon.
    RISQUE
    Je dis que le scénario 1 est plus risqué que le deuxième mais vous dites plutôt que le risque est faible, et inexistant pour le second scénario.
    Encore une fois votre optimiste détonne. Peut-être qu’il faut s’entendre sur ce qu’on entend par les risques qu’on prend en adoptant l’une ou l’autre des démarches d’accession à l’indépendance. Parle-t-on des risques d’échouer ou des risques quant à l’avenir de notre peuple ?
    Vous ne m’avez pas dit lequel des scénarios vous privilégiez. Etes-vous un peu comme moi, privilégiant une des 2 approches mais acceptant l’autre si elle est menée sérieusement ?

  • Richard Gauthier Répondre

    26 février 2016

    Depuis des lustres maintenant, un parti politique soutient cette thèse - un référendum est la suite d’une proposition contenue dans une Constitution et non l’inverse. C’est comme élémentaire!
    Pour qu’une Constitution puisse aller chercher le plus grand nombre d’adhérents chez les péquistes et fédéralistes, il ne faut surtout pas qu’elle soit l’œuvre d’un parti politique «comme les autres», personne ne serait dupe. On ne confie pas la gestion d’un tel processus à un parti politique qui n’existe que pour se faire réélire.
    Il n’existe qu’un seul moyen d’atteindre cette neutralité nécessaire pour faire adhérer, sans partisanerie, tous les citoyens. Il faut que l’Assemblée constituante soit tirée au sort. Et il ne faut pas que l’Assemblée constituante soit associée à un parti politique «conventionnel».
    Un seul parti politique se qualifie pour piloter un tel processus et en assurer l’impartialité: le parti Sans parti – Citoyens constituants.
    Le parti Sans parti n’existe que pour cela, ensuite, il se dissout.

  • Robert J. Lachance Répondre

    26 février 2016

    J’aime bien votre initiative d’une grille pour exposer nos opinions particulières en regard de points de comparaison communs sur deux façons de procéder pour que le Québec en arrive à l’indépendance politique.
    Quand vous nous invitez à faire notre propre grille, j’imagine que nous devons garder vos entêtes de rangées et de colonnes. Ça me convient.
    Je prends pour acquis qu’élection référendaire au sens d’Option nationale et qu’élection mandatoire au sens de Me Guy Bertrand est synonyme de référendum déclencheur.
    J’aurais mis processus au lieu de référendum, enclenchement plutôt que déclencheur et entérinement au lieu d’entérineur, pour la rime, la symétrie.
    Sur ce, voici ma grille.

  • Pierre Bouchard Répondre

    25 février 2016

    M. Ricard,
    Vous avez raison, les gens veulent que cesse la corruption et ils soupçonnent tous les politiciens. Pourtant tous ne sont pas également coupables ; il faut dire et dénoncer chaque jour les pouvoirs exagérés du premier ministre.
    Au lieu de « patcher » les vieilles institutions parlementaires, expliquer que changer le régime, c’est la meilleure façon de le repenser et de le retricoter en se préoccupant de la corruption.
    M. Cloutier,
    La démarche que vous proposez fait partie des explications que le PQ doit faire d’ici les 3 prochaines années, nous disons la même chose. Cependant il faut être proactif là où sont les gens, comme le dit M. Nantel. La militance intensive et les convergences de sympatisants politisés ne suffiront pas.
    Quand vous dites « Dans la seconde option, on attend de prendre le pouvoir pour agir, c’est-à-dire on attend 3 ans pour rien puisque dans l’Opposition on ne peut pas faire adopter de projet de constitution fusse-t-il temporaire », vous n’êtes pas loin de la mauvaise foi, sans vouloir vous offenser. D’ici 3 ans le PQ devrait élaborer une première version du régime républicain, une première version de la Constitution et se présenter aux élections avec ça en mains, avec des propositions concrètes.
    Elu avec un tel mandat, il met tout de suite en place le régime républicain en adoptant la Constitution provisoire proposée. Vous connaissez la suite.
    Attendre de prendre le pouvoir pour commencer ce chantier, c’est rire du monde.
    M. Haché,
    Vous le savez, prendre le pouvoir sans avoir de mandat spécifique, c’est se lier les mains et le PQ, comme gouvernement, ne peut rien faire. Pauline Marois n’a pas duré 2 ans.
    Quand vous dites que la première des priorités c’est de prendre le pouvoir, je comprends que vous dites que c’est avec les leviers de l’État que nous pouvons agir. Mais l’absence de mandat empêche tout, alors la priorité des priorités, ce n’est pas de prendre le pouvoir, c’est de le prendre avec un mandat concret.
    En terminant j’ai pensé que la grille suivante pourrait aider à montrer mon évaluation de la situation à propos des 2 manières de procéder. Faites votre propre grille et donnez-moi votre opinion.

  • François Ricard Répondre

    25 février 2016

    Je crois que les Québécois francophones, avant de décider de se donner un pays, ont besoin d'avoir une ébauche de ce que sera ce pays. C'est une question qui revient constamment lorsque nous faisons du porte à porte:"il aura l'air de quoi, ce pays que vous proposez?"
    Il semble bien que la majorité des indépendantistes croit que le Québec indépendant doit être une république démocratique qui fait une nette distinction entre les trois pouvoirs: le législatif, l'exécutif et le judiciaire. En prenant le pouvoir, le mouvement indépendantiste, tout en gérant les intérêts de la province, avec l'apport dynamique de la population, définira ce nouveau système en tous ses aspects. À la fin de l'exercice nous aurons une constitution que nous pourrons soumettre à la population pour son approbation par un référendum.
    Ainsi le mouvement indépendantiste, lors de la prochaine élection, offre trois choses:
    ---une gestion provinciale
    ---l'élaboration d'une constitution pour un Québec indépendant
    ---un référendum pour l'acceptation de cette constitution.

  • Marcel Haché Répondre

    25 février 2016

    M. Bouchard.
    Lorsqu’on creuse à fond, mais à fond… qu’on creuse toutes les solutions et toutes alternatives, il n’en reste plus qu’une seule valable à la fin.
    Quant à moi, la question n’est pas « quand » gagner un référendum, mais plutôt « comment » gagner les élections… Dès lors désormais qu’on priorise le « quand », on piège le « comment ». C’est dans ce piège que nous sommes pris, comme avec le « champ de ruines » déploré par Jacques Parizeau.

  • Pierre Cloutier Répondre

    25 février 2016

    Vous dites : "Au plan des actions concrètes à faire d’ici les prochaines élections, la différence entre la première option et la seconde, c’est que dans le premier cas il faut expliquer le pays pour avoir un minimum de chances de réussir. Dans le second cas, au lieu d’expliquer, il faut construire, procéder tout de suite au lieu d’attendre l’événement déclencheur".
    Dans la première option que je privilégie, on commence tout de suite, ici et maintenant, à faire la défense et l'illustration du pays. J'ai bien dit : défense et ILLUSTRATION du pays. J'ai expliqué aussi comment le faire - 1 - Institut de recherche sur l'indépendance - 2 - Union des forces souverainistes et indépendantistes 3 - Comités du OUi dans chaque comté et 4 - Grande Tournée du Oui dans la région de Montréal cette année (2016), dans la région de Québec (2017) et dans les autres régions (2018).
    Dans la seconde option, on attend de prendre le pouvoir pour agir, c'est-à-dire on attend 3 ans pour rien puisque dans l'Opposition on ne peut pas faire adopter de projet de constitution fusse-t-il temporaire.
    Qu'est-ce qu'on choisit : d'agir ici et maintenant en faisant la défense et l'illustration du pays ou attendre 3 ans, après une mythique victoire aux élections et avec quel thème? : réaliser l'indépendance ou promettre une deuxième révolution tranquille dans le cadre du fédéralisme canadien? Poser la question, c'est y répondre.
    L'erreur de Pierre Schneider - que je respecte et apprécie beaucoup soit dit en passant comme indépendantiste et patriote - est d'exporter ici au Québec ce qui se passe en Catalogne alors que le contexte n'est pas du tout le même, car, il faut encore le souligner, les indépendantistes catalans ne peuvent pas faire un référendum sur l'indépendance, à cause de la constitution espagnole. Sinon, ils auraient fait depuis longtemps.

  • François Ricard Répondre

    25 février 2016

    En proposant un modèle républicain, nous pourrons dénoncer en long et en large le parlementarisme qui nous régit qui est, en fait, hautement antidémocratique.
    Nous avons un système de gouvernement qui se prête admirablement à la corruption. Et personne ne le voit. Alors personne ne le dénonce.
    Dans un système démocratique, il est impératif qu'il y ait une nette séparation des pouvoirs: le judiciaire, le législatif et l'exécutif.
    Chez nous, les trois pouvoirs sont entre les mains d'une seule personne: le premier ministre. Il contrôle de façon absolue les députés (le législatif); il nomme et dégomme les ministres(l'exécutif); il nomme les juges (le judiciaire). De plus, il nomme tous les hauts fonctionnaires et institue les commissions (enquête, administration, finance).
    Pendant tout son mandat il fait absolument tout ce qu'il veut, de la façon qu'il le veut. Un véritable dictateur. Il pourrait décider de jouer tout l'argent de la Caisse au casino et personne ne serait en mesure de l'arrêter. Et, à la fin de son mandat, il n'est imputable de rien.
    Même le président des USA a moins de pouvoir que notre premier ministre.
    Une régime républicain permettra au peuple d'être véritablement souverain. Un gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple.