"2022 : le peuple contre Macron ?" : Patrick Buisson prépare sa propre convention de la droite

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Faut-il faire l'union des droites (Marion) ou l'union des populistes (Marine) pour défaire Macron ?

C’est en quelque sorte sa réponse à la « Convention de la droite » organisée en septembre par des proches de Marion Maréchal. Patrick Buisson prévoit d’organiser au printemps 2020 un « forum » rassemblant des personnalités pour disserter sur l’avenir de la droite... et au-delà. Pour l’instant, l’évènement est intitulé « 2022 : le peuple contre Macron ? Macron contre le peuple ? », et doit se tenir « fin mai ou début juin », annonce l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, tombé en disgrâce après la révélation d’enregistrements cachés en 2014.


« L’idée principale est d’étudier le nouveau clivage canonique entre progressisme et populisme, qui est aujourd’hui la clé de lecture du débat, explique Patrick Buisson à Marianne. Nous discuterons de la réalité historique et sociologique de ce nouveau clivage. Est-ce que le progressisme a toujours été le masque dont s’affublaient les classes dominantes pour imposer un mode d’exploitation, de production et de pensée qui leur était favorable ? Il peut y avoir une approche réactionnaire de cette question et une approche marxiste, comme l’a fait Jérôme Sainte-Marie dans son dernier livre. »


« Je compte sur la participation de nombreux universitaires », poursuit Patrick Buisson... sans donner de nom pour l’instant. Seule certitude : il invitera son incontournable ami Eric Zemmour, avec lequel il cogite toujours sur l’avenir de la droite et les possibilités d’une alternative à Emmanuel Macron.


Buisson s'apprêtre à lancer "un think tank qui regroupe tous ceux qui, à droite, veulent travailler et réfléchir"


Dans la même veine, comme l’a révélé L’Express en octobre, Patrick Buisson prépare la création d’un think tank baptisé « La Cause ». Ce nom reprend le titre de son livre La Cause du peuple, publié en 2016, dans lequel il réglait ses comptes avec Nicolas Sarkozy et appelait la droite à renouer avec les aspirations sociales et identitaires des classes moyennes et populaires. « C’est un think tank qui regroupe tous ceux qui, à droite, veulent travailler et réfléchir. Nous nous définissons comme une société d'études, d'influence et d'entraide », précise Patrick Buisson. Là aussi, difficile d’obtenir plus de détails... « Nous ne comptons pas publier la liste de nos membres actifs. La participation à nos débats ne vaut pas adhésion à notre association », insiste l’ancien patron de la chaîne Histoire. Le financement est un autre mystère. « La Cause sera une association loi 1901. Ses comptes seront publiés à la fin de chaque année », élude Buisson.


Bref, le nouveau think tank n’existe pour l’instant que dans la tête et les mots de son créateur. Dans l’esprit de Patrick Buisson, il s’agit bien sûr de labourer le terrain avant l’échéance présidentielle de 2022. Mais quel candidat « La Cause » pourrait-elle soutenir ? Certainement pas Marion Maréchal, avec laquelle Patrick Buisson est brouillé. Son projet d’évènement au printemps apparaît d’ailleurs comme une réponse à la « Convention de la droite » dont Marion Maréchal et Eric Zemmour s’étaient partagé la vedette. Invité, Buisson avait refusé de s’y rendre : selon lui, Marion Maréchal fait fausse route en appelant à une « alliance des droites ». Il a d’ailleurs fait part de son désaccord à l’ex-députée FN lors d’un dîner houleux en juin dernier. « L’union des droites est un schéma obsolète. Le vrai clivage est entre libéraux et anti-libéraux », répète désormais Buisson à ses interlocuteurs. Il prépare d’ailleurs un nouveau livre sur ce thème.


Un refrain doux aux oreilles de Marine Le Pen, qui n’a jamais cru à l’union des droites et rêve plutôt de rallier des électeurs de gauche, en misant sur le rejet de l’immigration assorti d’une ligne sociale. Mais Buisson estime que la patronne du RN n’est pas la meilleure candidate de la convergence qu’il théorise entre « les conservateurs et les populistes ». Il a eu l’occasion de le lui dire lors d’un déjeuner dans un restaurant parisien le 14 octobre dernier, déjà révélé par Le Point. « La bonne stratégie, c’est le RN derrière un candidat non issu du RN », a lancé Patrick Buisson à Marine Le Pen, dont le nom reste à ses yeux un véritable obstacle. En clair, l’ex-conseiller de Sarkozy cherche toujours un nouveau cheval.