Après l'utopie, l'épouvantail

La réalité ne serait peut-être pas aussi sombre que ce qu'entrevoit le ministre, John Baird. Mais on ne peut pas croire non plus l'utopie que véhiculent des écologistes (...)

De Kyoto à Bali

L'étude du ministère fédéral de l'Environnement prédisant que le respect intégral du protocole de Kyoto provoquerait une récession au Canada a été qualifiée d'«épouvantail».
La réalité ne serait peut-être pas aussi sombre que ce qu'entrevoit le ministre, John Baird. Mais on ne peut pas croire non plus l'utopie que véhiculent des écologistes selon laquelle une diminution rapide et radicale des émissions de gaz à effet de serre (GES) n'aurait aucun impact économique néfaste.
Quant le Canada a signé le Protocole, en 1997, la cible qu'il avait acceptée était déjà ambitieuse: réduire, d'ici 2008-2012, ses émissions de GES à 6% sous le niveau de 1990. Depuis, ces émissions, plutôt que diminuer, n'ont cessé de croître.
Aujourd'hui, la cible de Kyoto exigerait d'abaisser les émissions de GES du tiers. Or, le temps manque; 2008, c'est dans huit mois. On n'aura tout simplement pas le temps d'introduire de nouvelles technologies qui permettraient de rédiger la nouvelle réglementation, de produire du pétrole plus proprement, de mettre en place des systèmes de transports collectifs plus attrayants, de remplacer les vieilles centrales de production électrique... L'objectif de Kyoto est donc inatteignable à moins de diminuer brusquement notre consommation d'énergie, c'est-à-dire de freiner l'activité économique.
Les critiques de l'étude rendue publique jeudi accusent M. Baird de ne pas avoir tenu compte des mécanismes internationaux de souplesse prévus par le Protocole, notamment le financement de projets de diminution des GES dans les pays en voie de développement. En fait, le scénario retenu prévoit bel et bien le recours à ces mécanismes, mais estime que 75% de la cible devra être atteinte grâce à des mesures prises au Canada même. Tous ceux qui souhaitent que la lutte aux GES passe par des changements dans les façons de faire des Canadiens ne peuvent qu'approuver une telle approche.
Approuvé par des économistes de renom, et même s'il est sans doute trop pessimiste, le document fédéral nous permet de sortir du déni qu'entretiennent l'opposition et certains écologistes. Toutefois, il ne doit pas servir de prétexte à l'adoption de mesures timides. «Il est temps que le gouvernement du Canada passe à l'action», a déclaré M. Baird jeudi. Après plus d'un an de confusion, il urge en effet que le gouvernement Harper agisse dans ce dossier crucial.
Le plan de lutte aux émissions de GES que déposera prochainement le ministre doit viser à atteindre les cibles de Kyoto suivant un échéancier un peu moins contraignant - un peu! - que 2008-2012. Il s'agit de donner à l'économie canadienne le temps nécessaire pour s'adapter.
Cela dit, il faut que le plan de M. Baird comporte des objectifs chiffrés et précis à court, moyen et long terme. Les acteurs économiques et gouvernementaux doivent savoir précisément quelles seront les règles du jeu. Parmi les mesures prévues, certaines doivent pouvoir être mises en place immédiatement et porter fruit rapidement.
C'est à son caractère ambitieux et concret qu'on jugera l'action du gouvernement Harper. Si ce plan déçoit les Canadiens, il faudra conclure que le scénario économique publié la semaine dernière n'était pas seulement un épouvantail, mais un leurre.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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