De Kyoto à Bali

De Kyoto à Bali



Pendant la conférence internationale sur les changements climatiques, le Canada a été accusé de se coller à la position américaine et d’avoir mis à mal sa crédibilité en violant ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre.


La délégation américaine a été montrée du doigt en raison de son insistance pour que les pays en voie de développement soient tenus de diminuer leurs émissions.
Le ministre de l’Environnement du Québec s’est rendu sur place pour souligner à gros traits la timidité de la position canadienne.
La conférence est passée à un cheveu d’un échec retentissant, avant de se conclure in extremis par une entente. Entente toutefois dénoncée par les groupes écologistes, Greenpeace la qualifiant de « tragédie » et de « farce ».
Bali, décembre 2007 ? Non, Kyoto, décembre 1997 !
Quand on lit les coupures de presse sur la conférence de Kyoto, on est tout de suite frappé par les similarités entre les deux événements. De ces similarités, il serait utile de tirer quelques enseignements.
En premier lieu, il faut noter que peu importe le parti au pouvoir, les positions défendues par le gouvernement de chaque pays résultent moins d’idéologies que des particularités et des intérêts dudit pays. C’est ainsi que si Al Gore est aujourd’hui vu comme celui qui sauva la conférence de Kyoto, il faudrait se souvenir que le point de vue défendu à l’époque par l’administration Clinton était très semblable à celui mis de l’avant par la délégation américaine à Bali. « Nous devons obtenir que les pays en développement soient plus actifs parce que c’est un problème mondial, pas un problème américain ou un problème des pays riches », soutenait M. Clinton.
Au Canada, Stéphane Dion a beau dénoncer l’inaction du gouvernement Harper, il y a 10 ans, c’est le gouvernement libéral qu’on accusait précisément des mêmes maux.
Deuxième enseignement : il vaut mieux se fixer des objectifs réalistes, compte tenu des spécificités de l’économie nationale, plutôt que d’annoncer des cibles audacieuses... qu’on n’atteindra jamais. Le gouvernement du Canada a raté tous les objectifs qu’il s’est fixés depuis la conférence de Rio (1992). M. Harper se rendrait peut-être plus populaire en trompetant des cibles spectaculaires à court terme. Mais ces cibles ne pourraient pas être atteintes à moins de stopper la production de pétrole tiré des sables bitumineux. C’est une hypothèse que bien des Québécois jugent souhaitable. Ils font fi du fait qu’une bonne partie de la prospérité actuelle et à venir du Canada dépend de cette ressource. D’ici 2020, 80 % de la production pétrolière du Canada proviendra des sables bitumineux. C’est une source de richesse dont le pays ne peut tout simplement pas se passer, et en l’affirmant, M. Harper a tout à fait raison. On souhaiterait, toutefois, que son gouvernement poursuive avec plus de détermination l’objectif de rendre l’exploitation des sables bitumineux plus propre.
Dernier enseignement : si les écologistes jouent, dans ce dossier comme partout, le rôle essentiel d’éveilleurs de conscience, on ne peut pour autant les laisser seuls juges des politiques gouvernementales. Comme tout lobby, celui-ci n’a qu’une cause.
Si louables soient leurs objectifs, les défenseurs de l’environnement ne représentent qu’eux-mêmes. Les gouvernements, eux, représentent toute la population et doivent tenir compte d’une foule d’impératifs. Faire pression (comme écrire des éditoriaux), c’est facile. Décider pour le bien commun, c’est autre chose.
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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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