La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a raison d'avoir les universités à l'oeil. Dépendantes des deniers publics pour leur financement, celles-ci ne peuvent se contenter d'envoyer la facture au gouvernement, et à l'ensemble des contribuables, lorsque certaines de leurs décisions tournent au fiasco. Il serait toutefois illusoire de croire que la présence accrue de membres externes aux conseils d'administration des établissements éliminera toutes formes de dérapage.
Après l'aventure immobilière coûteuse de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), la ministre n'a pas le choix d'examiner et de revoir les règles de gouvernance. Une confiance doit être rétablie, d'autant plus que la ministre s'inquiète de la situation et des façons de faire d'autres universités, notamment l'Université Laval.
Certes, des universités fortes et bien financées sont essentielles au développement économique et social du Québec. Mais, comme l'enseignement supérieur n'est pas l'unique mission de l'État, le gouvernement doit s'assurer que les fonds publics qu'il y consent servent à l'enseignement et à la recherche et non à corriger les égarements, les mauvais calculs ou le laxisme des dirigeants universitaires.
Le rapport du vérificateur général sur l'UQAM a montré des lacunes à la direction, au conseil d'administration de l'UQAM, à l'Assemblée des gouverneurs et au ministère de l'Éducation, alors dirigé par Jean-Marc Fournier. Pour y remédier, la ministre Courchesne entend soumettre cet automne un projet de loi sur la gouvernance des universités. Elle compte exiger que le conseil d'administration soit composé aux deux tiers de membres indépendants.
Il ne faut pas voir dans cette exigence une garantie à toute épreuve. Le conseil d'administration de l'UQAM n'était pas uniquement constitué de dirigeants, de professeurs, d'étudiants ou d'employés de l'établissement. Des personnes provenant de l'extérieur s'y trouvaient également et cela n'a pas évité le cafouillage financier.
Ce n'est pas parce qu'une personne est indépendante de l'université qu'elle est nécessairement plus vigilante et plus responsable dans l'administration de celle-ci. Par ailleurs, il est faux de prétendre que les membres externes mettront en péril la mission d'enseignement et de recherche des universités, pour ne défendre que des intérêts marchands.
La compétence, la rigueur, le souci d'offrir un enseignement de qualité et de promouvoir la recherche au Québec se trouvent à l'intérieur et à l'extérieur des campus. C'est davantage une question d'individu que de provenance.
Dépendantes des fonds publics, les universités doivent rendre des comptes.
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