Born on the First of July

... et nous revoilà en 1970 !

G-8, G-20 - juin 2010 - manifestations et dérives policières



Au lendemain de ce 1er juillet, je ressens le besoin d'écrire à «l'autre solitude» d'abord parce que je suis né un premier juillet, mais surtout parce que le G20 tenu récemment à Toronto - auquel j'ai participé - m'a donné matière à réflexion sur l'histoire de la démocratie canadienne.
Je suis donc né un premier juillet, dans la très belle ville de Québec. À l'âge de trois ans, nous avons emménagé dans Lanaudière, sûrement la région la plus «bleue» du Québec (...) C'est également la mère patrie d'un grand Patriote: Chevalier de Lorimier, pendu haut et court pour sa participation à la révolte des patriotes de 1837-1839.
Je suis donc un peu de tout ça. Je tiens accrochée sur le mur de mon bureau une photo de mon grand-père militant aux côtés de René Lévesque à la fin des années 1970. En quelque sorte, je continue la lutte à mon tour. Mais au fait, quelle lutte? Les patriotes, comme peu de Canadiens le savent, formaient aussi un parti politique avant de prendre fourches et fusils pour battre la campagne en quête d'un appui populaire. Ils n'ont pris les armes qu'après un refus clair et net de leurs 92 résolutions, qui visaient toutes à doter le Canada d'une plus grande démocratie. La réponse de ce dernier fut claire: pendaison et emprisonnement des récalcitrants, et déclaration de l'Acte d'Union qui enfonçait un clou de plus de ce grand cercueil qu'était devenu la Vallée du Saint-Laurent.
Maintenant, quand je vois des amis, des journalistes et des étudiants pacifiques se faire battre par la police pour avoir commis le seul crime de s'être rassemblés pour protester lors du G20, je ne peux m'empêcher de voir ces mêmes failles qui, jadis, ont permis au Canada de se comporter en État totalitaire. Comme il l'a fait avec les autochtones, les Métis, et les Québécois. (...)
Le Québec a goûté la médecine canadienne lors de la crise d'octobre 1970. (...) Voyons plutôt ce qui est arrivé après. Pierre Elliot Trudeau a déclaré la Loi des mesures de guerre, qui permettait la détention préventive, les perquisitions de toutes sortes, les châtiments physiques et autres ignominies. Ceci n'est pas sans rappeler ce qui est arrivé à Toronto cette semaine.
C'est-à-dire que les agissements de quelques-uns (ici le Black Bloc) ont servi de prétexte à l'arrestation de tout un mouvement (altermondialiste). Ces deux dernières parenthèses peuvent être remplacées par «Front de Libération du Québec» et «indépendantiste», et nous revoilà en 1970!
Les dégâts furent grands au Québec (...) Était-ce là le fait d'un pays démocratique? Sûrement pas, mais comme il s'agissait des dangereux indépendantistes, les Canadiens ont accepté avec entrain. Quand on apprend que des manifestants pacifistes se font réveiller au petit matin, chez eux ou à leur hôtel, par des policiers violents qui ont tous les pouvoirs en vertu d'une loi votée à la va-vite, on est en droit de se questionner sur la démocratie canadienne... Non, ce ne sont pas là les agissements d'une démocratie, mais bien ceux d'un État qui n'a pas évolué depuis le 19e siècle et qui se comporte comme une dictature quand bon lui semble. Bienvenue au Canada. (...)
Alexis D. Beaudet
Étudiant à la maîtrise en Histoire
Université de Sherbrooke

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