Conférence de Nairobi - Le Canada parlera d'une seule voix

Kyoto


La ministre fédérale de l'Environnement, Rona Ambrose, a tranché: le Québec ne pourra pas faire entendre sa propre voix à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Nairobi, au Kenya.
« Nous nous sommes entendus pour que le Canada parle d'une seule voix », a déclaré la ministre, jeudi. Elle rejette ainsi les demandes de son homologue québécois, Claude Béchard, qui souhaitait que l'attachement de la province au protocole de Kyoto soit souligné devant la communauté internationale. Québec voulait disposer d'une portion des trois minutes accordés au Canada pour exprimer ses vues à la Conférence.


« Ce n'est pas vrai que le Canada va parler d'une seule voix si cette voix ne représente pas le Québec, il va falloir qu'ils comprennent cela », a lancé M. Béchard en réponse au choix de Mme Ambrose. « La voix du Québec se fera entendre, je profiterai de toutes les tribunes. »
Mais le ministre Béchard, qui se rend à Nairobi à l'invitation d'Ottawa, devra vraisemblablement se contenter de parler dans les corridors ou à l'occasion d'activités parallèles à la Conférence.
Québec n'aura pas droit à une tribune officielle, à Nairobi

Cette activité en coulisses aura tout de même un effet, estime M. Béchard qui fait une mise en garde : « La prochaine fois, le gouvernement [fédéral] va préférer nous ouvrir la porte tout de suite plutôt que de nous entendre dans les corridors pendant cinq jours. »
Il ne jette toutefois pas l'éponge, estimant qu'il est toujours possible que le Canada fasse « une place au Québec dans ses propos ». « Moi, je ne lâche pas le morceau tant qu'on ne sera pas rendus là-bas », a-t-il conclu.
Au sortir d'une réunion avec son homologue fédérale, mardi, M. Béchard avait estimé qu'elle était ouverte à l'idée de laisser le Québec parler de sa propre voix en certaines occasions.
Le choix de la transparence

« Le protocole de Kyoto c'est très important pour notre gouvernement », a déclaré la ministre dans une entrevue accordée à Radio-Canada. Elle estime que son projet de loi sur la qualité de l'air, présenté dernièrement, en est la preuve.
Les choix du gouvernement conservateur en matière d'environnement sont toutefois durement critiqués en raison, surtout, de l'abandon des objectifs du protocole de Kyoto alors que s'ouvre le sommet des Nations unies sur les suites à y donner.
« Nous adhérons au protocole de Kyoto, mais nous ne pouvons pas atteindre ses objectifs », a fait laissé tomber la ministre. Devant ce constat, selon elle, une attitude responsable consiste à revoir ces objectifs. « Nous avons décidé d'être honnêtes et transparents envers la communauté internationale », a-t-elle affirmé.
L'ampleur des réductions d'émissions de gaz à effet de serre imposé par Ottawa aux industries canadiennes ne sera pas connue avant janvier.
« Un embarras pour le Canada »
Pendant ce temps, à Ottawa, le Parti libéral et le Bloc québécois ont demandé au gouvernement Harper de revoir sa position au sujet du protocole de Kyoto.


« C'est un embarras pour le pays d'envoyer Mme Ambrose à Nairobi », a mentionné Bill Graham, chef libéral par intérim, soulignant que la ministre de l'Environnement refuse toujours de s'attaquer au problème des émissions de gaz à effets de serre.
« Les conservateurs n'ont aucunement l'intention d'appuyer Kyoto », a déclaré M. Graham, mordant. « Ils sont idéologiquement opposés à protéger l'environnement des changements climatiques », a-t-il lancé, ajoutant qu'ils étaient un danger pour l'avenir de la planète.
Le leader libéral a lancé un message à la ministre. « La ministre Ambrose doit en faire beaucoup plus. Nous devons adopter des mesures claires et contraignantes. Le Canada doit s'engager à atteindre des cibles plus ambitieuses », a-t-il dit.


Ces propos ont trouvé un écho chez le chef du Bloc québécois. « Nous voulons que ce gouvernement respecte les engagements que les Canadiens ont pris alors que l'ancien gouvernement libéral était au pouvoir. Des engagements que les Québécois soutiennent fermement », a souligné M. Duceppe.
Il souhaite que le gouvernement prône la limitation à un an de la période d'analyse du protocole. « Parce qu'il y a urgence. Parce qu'il y aura des conséquences environnementales et économiques si on ne bouge pas », a-t-il dit.
Le chef du NPD, Jack Layton, était absent de ce point de presse. « Je ne comprends pas, a dit M. Duceppe. Il a été invité et, d'habitude, on fait front commun sur ces questions-là. » « Nous étions pourtant d'accord que de réunir les trois partis d'opposition renforcerait notre position, a ajouté M. Graham. C'est regrettable. Il faudra leur demander pourquoi ils ne sont pas venus. »
Le député néo-démocrate Nathan Cullen a tout de même rejoint MM. Graham et Duceppe à la tribune pour répondre aux questions des journalistes.


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