Drummondville – Pauline Marois a lancé l’offensive souverainiste du Parti québécois au conseil national de Drummondville ce week-end, tentant de galvaniser ses troupes pour relancer « la liberté politique du Québec ». Mais la question des droits de scolarité, ramenée sur le tapis par l’aile jeunesse du parti, a obligé la première ministre et le ministre de l’Éducation, Pierre Duchesne, à faire des contorsions sémantiques pour éviter de créer une scission entre les différentes instances.
Le conseil national des jeunes a imposé ses priorités dès l’ouverture du conseil national vendredi soir, affirmant qu’il recommanderait, dans une proposition d’urgence, un appui au « gel complet » des droits de scolarité.
Cette position, à deux semaines du sommet sur l’éducation, était de nature à embarrasser le gouvernement péquiste qui s’était déjà positionné en faveur de l’indexation. Tentant d’éviter le pire, l’aile parlementaire a donc rencontré l’aile jeunesse, a confirmé Pauline Marois en point de presse dimanche. « J’ai tout simplement invité les jeunes à ce qu’on cherche ensemble des compromis. »
Et compromis il y a eu. Dans la dernière version de la proposition présentée dimanche matin, deux petites lettres donnaient au gouvernement une marge de manoeuvre suffisante pour jouer sur les mots et embrouiller les concepts. « Il est proposé que le Parti québécois défende le gel des droits de scolarité ou toute autre position permettant de diminuer l’endettement étudiant et de maintenir l’accessibilité aux études supérieures. » Après de longs débats, les délégués se sont prononcés. Même Pauline Marois a voté en faveur de cette proposition édulcorée.
Gel ou indexation ?
Pour Frédéric Saint-Jean, président du comité national des jeunes, il s’agit d’un « gain » qui « démontre la force » de l’aile jeunesse du parti. « Pour nous, le “ou” veut dire encore meilleur que le gel », a-t-il précisé en point de presse.
Refusant de commenter l’indexation, pour ne pas embarrasser davantage le gouvernement, Frédéric Saint-Jean a soutenu que c’était la « facture totale » des étudiants qui devait rester à coût nul, permettant ainsi une indexation qui serait accompagnée d’une bonification du régime des prêts et bourses ou d’une diminution des frais afférents.
Le ministre de l’Éducation, Pierre Duchesne, a entretenu le doute sur la signification de cette proposition, mais a ouvert la porte à « un ensemble de réformes » qui vont permettre d’atteindre « l’objectif qui est de ne pas endetter [davantage] les étudiants ».
Invitée à s’expliquer elle aussi sur la compatibilité entre l’indexation défendue par son gouvernement et le gel des droits de scolarité souhaité par le parti, Pauline Marois a réitéré que la position du gouvernement restait l’indexation, faisant du coup des raccourcis sémantiques.
« Imaginons qu’on agit de ce côté-là [les frais afférents], à ce moment-là, on peut voir l’indexation comme une forme de gel. » Elle nie que l’aile jeunesse du parti ait pu mettre son gouvernement dans l’embarras. « Au contraire », répond-elle en souriant.
Offensive souverainiste
Le conseil national a été l’occasion, pour le Parti québécois, de mettre le cap sur la souveraineté. « Nous avons parfois été mis sur la défensive depuis le référendum de 1995, a lancé la première ministre lors de son discours de clôture dimanche. Mais c’est fini, ce temps-là. À compter de maintenant, on passe à l’offensive. »
Mais au-delà des discours, le plan d’action sur la souveraineté proposé aux membres est plutôt mince, se limitant à produire de nouveaux argumentaires sur l’identité et la question économique pour donner des outils aux organisations sur le terrain qui les transmettront à leur tour à la base militante du parti. On invite les militants à « se retrousser les manches », à faire du porte-à-porte et des assemblées de cuisine pour convaincre les citoyens un par un. Les réseaux sociaux seront mis à contribution, et une campagne de publicité verra le jour en fin d’année.
« Si les gens s’attendaient à ce qu’on fasse une immense campagne de publicité, nous n’avons pas les moyens de faire ça », a expliqué Pauline Marois en point de presse.
Le ministre responsable de la gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier, devait procéder au dévoilement de sa stratégie parlementaire. La conférence a été annulée à la dernière minute samedi, mais la première ministre s’est faite rassurante, affirmant que son gouvernement déploiera « largement » la gouvernance souverainiste, et ce, dès les prochaines semaines. « Le Parti québécois a vraiment pris à bras-le-corps cette idée de faire la promotion de la souveraineté, partout, sur toutes les tribunes. Et c’est la première fois, je crois, qu’on est aussi clairs avec un programme aussi précis pour faire avancer la souveraineté. »
« Go West »
Dans son discours sur le financement des partis samedi, le ministre des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, y était allé de sa propre attaque du fédéral et de sa réforme de l’assurance-emploi. « Ottawa est en train de dire [aux gens des régions et aux travailleurs saisonniers] : si tu n’as pas d’emploi pendant la saison morte, déménage, mon bonhomme ! Go West, young man ! […] Ils n’ont pas de main-d’oeuvre là-bas, alors ils s’organisent pour en avoir. »
La ministre du Travail, Agnès Maltais, estime pour sa part que c’est « une idéologie et une incompréhension profonde du système du marché québécois », une critique qu’elle entend bien faire entendre à la ministre fédérale des Ressources humaines, Diane Finley, au cours d’une rencontre à Ottawa lundi matin. Et bien que, pour l’instant, la priorité soit la protection des travailleurs régionaux, elle précise avoir toujours dans sa « ligne de mire » le rapatriement des pouvoirs au fédéral sur l’assurance-emploi.
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