Crise des frontières : la France, pays le plus attractif pour les migrants extra-européens ?

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« Le choix de destination des migrants n’est pas le fruit du hasard. »

En cet automne 2019, la France est devenue le premier pays européen pour le nombre de demandes d’asile. Plus généralement, les arrivées de clandestins en Europe sont en forte hausse par rapport à l’année dernière. Plusieurs facteurs y contribuent, comme les départs facilités de migrants de Turquie et des départs plus nombreux de Libye.

Mais la cause première de ces flux migratoires est la politique laxiste des institutions européennes et de certains pays européens, qui entretiennent un appel d’air permanent à l’immigration clandestine. La France se singularise par une politique particulièrement permissive en la matière. En prétendant trouver des solutions, les institutions européennes et certains pays européens ne font qu’accroître une immigration dont ils font par ailleurs la promotion.




Le contexte


Peu après ladite « crise des migrants » qui a culminé en 2015, les médias et une grande partie de la classe politique nous ont répété en boucle : « La crise migratoire est derrière nous» (1). L’évolution récente du nombre d’arrivées de clandestins en Europe, en particulier en France, nous prouve le contraire.


La Grèce


Après avoir fortement baissé en 2017, les arrivées de clandestins venus de Turquie recommencent à augmenter depuis 2018. Fin novembre, les arrivées en Grèce depuis le début de l’année dépassaient les 65 000 alors qu’elles étaient de 50 000 pour la seule année 2018 (2). Le Président Erdogan met-il déjà sa menace à exécution d’inonder l’Europe de migrants s’il n’obtient pas de nouveaux fonds de l’Union européenne ? On ne peut que constater que les frontières turques sont « moins bien tenues ».Le potentiel de migration est énorme, la Turquie comptant près de 4 millions de réfugiés (3).



Les premières conséquences se font sentir : les tensions entre migrants et population ne font que croître dans les îles de la mer Egée (4). Face à cette situation, le nouveau gouvernement grec conservateur affiche une volonté de fermeté qui peine jusqu’à présent à se concrétiser dans les faits.Le manque de moyens pour tenir la frontière maritime et terrestre est chaque jour de plus en plus patent.


L’Italie


L’instabilité politique et les conflits claniques en Libye contribuent à une augmentation des départs de Libye (5).



Alors que l’ancien ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini opposait une fin de non-recevoir aux bateaux des O.N.G., ceux-ci sont désormais accueillis sans difficulté en Italie. Le nouveau gouvernement italien est d’ailleurs avec la France et l’Allemagne favorable à une répartition automatique des migrants, dont il prend sa part régulièrement. Un message que ne manquent pas d’entendre les 600 000 migrants présents en Libye, sans compter ceux qui attendent de prendre le chemin de la route migratoire (6).


La France en première ligne


Si la France semblait au plus fort de la crise migratoire en Europe (2015-2016) débordée par l’afflux de migrants, ce n’était pas,selon une grande partie des médias et de la classe politique,en raison de leur nombre, mais en raison de l’insuffisance… du dispositif d’accueil et d’hébergement. On a alors entendu parler d’une « crise de l’accueil des migrants » (7), dont le gouvernement Philippe a tiré les enseignements :



  • Le nombre de places d’hébergement pour les migrants a cru de façon très importante dans les dernières années : il est passé de 34 000 en 2009 à 98 400 en 2019 (8). La construction de 16 000 nouvelles places d’hébergement vient d’être annoncée par le ministre de l’intérieur (9).

    Pendant ce temps, le nombre de places dans les centres de rétention administrative – où sont placés les clandestins avant leur éloignement de France – reste à un niveau ridiculement bas et devrait atteindre prochainement… 1 549, ceci alors que l’immense majorité des demandeurs d’asile voit sa demande refusée et reste dans la nature (10).

  • Une répartition administrée des bénéficiaires de l’asile et des mineurs étrangers est organisée sur l’ensemble du territoire français (11). Il devient clair qu’il s’agit d’une politique de peuplement qui ne dit pas son nom.

  • Des moyens accrus sont donnés chaque année aux services qui instruisent les demandes d’asile (12).


Ces mesures n’ont pas réussi à freiner les demandes d’asile. Bien au contraire, l’asile et l’aide sociale à l’enfance sont désormais de nouvelles filières d’immigration en pleine expansion.



Alors que le nombre de demandes d’asile baisse dans tous les pays européens sauf en Espagne et en France, notre pays est devenu en octobre le premier pays européen pour les demandes d’asile, qui s’élèvent cette année à fin octobre à 120 000 (13). Des demandes qui devraient atteindre 140 000 à la fin de l’année, un chiffre inégalé.


Le ministre de l’intérieur a récemment qualifié le fait que la France ait le plus de demandes d’asile en Europe d’ « anomalie » (14). Ces propos relèvent soit de l’incompétence, soit du manque de volonté politique, soit de l’ignorance sur ce qui se passe actuellement, ce qui est tout aussi grave quand on exerce ces responsabilités.


La migration : un choix rationnel


Le choix de destination des migrants n’est pas le fruit du hasard. Des études ont mis en avant le fait que les migrants, qui ont traversé de nombreux pays – où ils auraient tout aussi bien pu s’établir – avant d’arriver en France, sont hyper connectés et s’échangent des informations, quand ils ne sont tout simplement pas informés par des sites d’information financés par l’argent public (15). Ils font un « benchmarking », une comparaison entre pays et leur choix de destination est rationnel (16). La présence d’une importante diaspora africaine en France peut également expliquer l’attraction de notre pays.


Il est maintenant de notoriété publique que la France a une politique laxiste en matière migratoire. Ce laxisme se traduit notamment par l’élargissement des critères d’asile et de protection, le faible nombre d’expulsions des déboutés et des clandestins, les incessantes mises à l’abri et des prestations sociales plus élevées en France qu’ailleurs pour les demandeurs d’asile.


L’élargissement des critères d’asile


Peut-être afin de compenser des mesures soit disant restrictives, la Loi Asile et immigration adoptée en 2018 a étendu les critères d’octroi de l’asile et de la protection subsidiaire, notamment au titre de l’orientation sexuelle et des risques de mutilations sexuelles (17). Ce sont de nouveaux motifs qui peuvent désormais être invoqués par des ressortissants de pays classés comme « sûrs » par l’OFPRA et dont la demande doit impérativement être étudiée (18).


Des éloignements peu nombreux en France


Alors que certains pays comme la Suisse ont un taux relativement élevé de réalisation des expulsions des déboutés du droit d’asile (56 %), seules 12 % des expulsions prononcées en France sont réalisées, la moyenne étant de 36 % en Europe (19).


D’incessantes mises à l’abri


Quand les campements de migrants deviennent trop visibles, des « mises à l’abri » sont organisées par des services de l’Etat. L’effet de nombre et la visibilité sont d’ailleurs parfois recherchés par les clandestins afin d’en bénéficier (20). Si le fait d’héberger temporairement des gens à la rue est louable, on ne peut que constater que le pendant qui consiste à faire respecter les règles de régularité du séjour n’est quasiment pas respecté.


Des prestations plus élevées pour les demandeurs d’asile


La France fait partie des pays offrant les allocations les plus élevées d’Europe aux demandeurs d’asile (21). Les 152 000 demandeurs d’asile dont la demande est en cours d’instruction peuvent bénéficier d’une allocation pendant la procédure administrative, une instruction qui peut être longue compte tenu des arrivées croissantes et en dépit de l’augmentation constante des moyens donnés aux services instructeurs (22).


La France en première ligne pour l’accueil des migrants


Non seulement la France est devenue le premier pays de la « seconde demande d’asile » en Europe (23), mais également le gouvernement français prend plus que sa part dans la répartition des clandestins arrivés sur les côtes européennes par les bateaux des O.N.G. Il organise par ailleurs l’accueil de réfugiés orientés par le Haut-Commissariat aux Réfugiés (10 000 en 2020 et 2021) (24).


On ne peut que constater le fossé entre cette sollicitude internationale, sans doute inspirée par l’idéologie du « care », qui privilégie le soin et la bienveillance, et le chômage de masse, la pauvreté grandissante et la désespérance de certaines franges de la population française, qui se traduit notamment par de très nombreux suicides dans certaines professions (agriculteurs, policiers, etc.).


D’autres pays européens montrent leur détermination à juguler l’immigration


Le tour d’Europe du grand remplacement réalisé par Polémia a montré que la France était désormais isolée en raison de sa politique migratoire particulièrement laxiste (25). Parmi les mesures annoncées et/ou appliquées de restriction de l’immigration prises par d’autres pays européens, on peut citer :


En Suède, le refus d’entrée dans le territoire aux individus non munis de titres d’identité, la limitation de la durée des titres de séjour, la limitation du regroupement familial, le renvoi de mineurs n’étant pas reconnus réfugiés politiques.



En Belgique, une campagne médiatique visant à dissuader les aspirants migrants à émigrer, des mesures visant à éviter que la demande d’asile soit effectuée afin de s’installer illégalement dans le pays.



Au Danemark, la possibilité de confiscation d’une partie des biens des demandeurs d’asile afin de couvrir les frais administratifs liés à leurs démarches, l’interdiction du regroupement familial avant 3 ans de résidence dans le pays, le raccourcissement de la durée des titres de séjour.



En Allemagne, le refoulement des demandeurs d’asile déjà enregistrés dans un autre pays européen, l’élargissement de la liste des pays dits « sûrs » (Maghreb, etc.), mesure qui permet de refuser spontanément les demandes d’asile des ressortissants de ces pays et d’accélérer les éloignements. La facilitation des expulsions, l’établissement de quotas pour le regroupement familial.



En Autriche, le refoulement à la frontière des migrants ayant menti sur leur nationalité, la possibilité de confiscation des biens des demandeurs d’asile jusqu’à 840 euros pour couvrir les frais de procédure, l’expulsion des migrants, y compris les mineurs, ayant commis un délit, le refus systématique des demandes d’asile des migrants arrivant en Europe avec l’aide de passeurs, la création de centres d’attente pour demandeurs d’asile.



En Espagne, des délais de traitement des demandes d’asile qui sont longs, des crédits insuffisants et de nombreux obstacles à l’accès à l’asile, selon la Commission espagnole d’aide aux réfugiés.



En Suisse, le renvoi des criminels étrangers, la priorité d’emploi aux nationaux par rapport aux extra européens, les voyages à l’étranger des réfugiés non autorisés, des autorisations de travail aux déboutés du droit d’asile moins fréquentes.



En comparaison, la position en pointe de la France dans le nombre de demandes d’asile n’est donc pas le fruit du hasard.


La réponse européenne : la fuite en avant


La nouvelle Présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé son intention de lancer en 2020 un nouveau « pacte pour l’immigration et l’asile ». L’un des objectifs prioritaires est – encore et toujours – de « soulager » les pays de premier accueil des clandestins (Grèce, Italie, Espagne) au travers d’un mécanisme de répartition automatique et de relocalisation (26). Cette mesure est déjà appliquée par un faible nombre de pays européens, la France comptant parmi les meilleurs élèves. Le gouvernement français est également en pointe pour réclamer des sanctions aux pays qui refuseraient ces dispositifs.


Cet objectif tend à considérer les arrivées incessantes de clandestins comme une fatalité et illustre l’absence de volonté de défense de l’identité européenne. Une capitulation à l’image du nouvel intitulé du poste de la commissaire européenne en charge des migrations, qui mentionnait initialement la « protection du mode de vie européen», et qui sous la pression de la gauche a été modifié en « promotion du mode de vie européen» (27). Comme au Club méditerranée, tout est proposé, rien n’est imposé…


En France, le compte à rebours est lancé


Le Premier ministre a annoncé début novembre « 20 décisions » en matière d’immigration et d’asile (28). Outre le fait que plusieurs d’entre elles dépendent de négociations européennes dont l’issue est incertaine, ces décisions sont totalement insuffisantes et ne réduiront pas les flux migratoires délirants que nous connaissons actuellement. Aucune des mesures réellement restrictives adoptées par nos voisins européens n’a en effet été adoptée.


Le Président du cercle Audace a parlé lors du dernier forum de Polémia d’un véritable compte à rebours auquel la France fait face. Il n’est effectivement plus temps de chicaner mais de travailler dès maintenant à la construction d’une alternative politique crédible qui pourra nous détourner du mur vers lequel nous allons à grande vitesse.


Paul Tormenen

09/12/2019


(1) « Pour les médias de grand chemin, la crise migratoire est derrière nous ». OJIM. 5 avril 2019.


(2) « Refugees situation, Greece ». UNHCR. Novembre 2019.


(3) « Erdogan reprend son chantage envers l’Europe ». Le Figaro. 26 novembre 2019.


(4) « Migrants : la Grèce met en cause le manque de solidarité des 27 ». Le Figaro. 26 novembre 2019.


(5) « Selon les Nations unies, les départs de migrants depuis la Libye sont en hausse ». El Watan. 23 novembre 2019.


(6)« Les migrants bloqués en Libye ont le choix entre errer en méditerranée ou mourir sous les bombes ». Le Monde. 4 juillet 2019.


(7) « La crise migratoire devient la crise de l’accueil des migrants ». OJIM. 3 mai 2018.


(8) « En 2020, aucune création de places pour les demandeurs d’asile et les réfugiés ». Forum réfugiés. 9 octobre 2019.


(9) « A Paris, importante évacuation de campements de migrants ». ASH. 8 novembre 2019.


(10) « Rapport 2018 sur les centres et locaux de rétention administrative ». Cimade. 4 juin 2019.


(11)« La France subit-elle une immigration de peuplement ?». P. Tormenen. Polémia. 5 janvier 2019.


(12) « Projet de loi de finances 2020 ». Avis de F.N. Buffet. Sénat.


(13) « Nombre de demandeurs d’asile ». Octobre 2019. OFII.


(14) « La France devient le premier pays d’Europe pour les demandes d’asile ». Le Point. 22 novembre 2019.


(15) « Des migrants hyper connectés ». Sciences humaines. Mars 2017.


(16) « Oui, les migrants font du benchmarking ». Institut Thomas More. 23 juin 2018.


(17) « France : loi asile et immigration, qu’est ce qui va changer ? ». Info migrants. 3 août 2019.


(18) « Pourquoi doit-on étudier les demandes d’asile des personnes venant des pays sûrs ? ». Libération. 8 octobre 2019.


(19)« Projet de loi de finances ». Sénat français. « La Suisse renvoie à nouveau des réfugiés vers des zones de guerre ». RTS. 21 avril 2019.


(20) « Crise migratoire durant l’automne 2017 : encore plus ! ». OJIM. 17 janvier 2018.


(21) « Allocations pour les demandeurs d’asile dans l’UE : comparaison entre les états membres ». Info migrants. 27 juin 2018.


(22) « Indicateurs mensuels octobre 2019 ». OFII. Octobre 2019.


(23)Ibid. (14).


(24) « Nouvelle organisation de l’accueil des réfugiés réinstallésà partir de l’année 2020 ». Circulaire du ministère de l’intérieur. 12 novembre 2019.


(25)« Grand remplacement en Europe, la France en voie de submersion ». Polémia. 28 octobre 2019.


(26) « Nouvelle commission européenne, un projet en zone de turbulences ». La Croix. 27 novembre 2019.


(27) « A Bruxelles, la commission Von der Leyen, symbole d’une Europe qui a abandonné les peuples ». Valeurs actuelles. 27 novembre 2019.


(28) « 20 décisions pour améliorer notre politique d’immigration, d’asile et d’intégration ». Comité interministériel sur l’immigration et l’intégration. 6 novembre 2019.